36 | Le chat et la souris

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RAVEN

La journée qui a suivi, mon cœur n'a pas cessé de battre douloureusement. Quand mes paupières se sont ouvertes le matin, tous les souvenirs que je voulais oublier sont revenus en pleine face. Son visage, ses yeux émeraudes, son sourire affreusement réconfortant... Et ses fossettes qui attisent la jalousie de bon nombre de personnes.

Mais je n'oublierai jamais la sensation que mon corps a ressenti face à sa trahison. C'était la seule personne en qui j'avais réellement confiance et il a chassé cette confiance d'un revers de main comme une vulgaire amas de poussière.

Je me suis levé, j'ai forcé mon corps à agir comme si ça ne m'affectais pas, comme si je n'avais rien ressenti pour cet homme durant toutes ces années.

Et je me suis changé, j'ai pris une douche, je me suis maquillé et coiffé, avant de rejoindre Vassili pour entamer la journée.

J'étais là, comme la plus grosse des hypocrite, à manger à la même table que mon ennemie.

Je ne comptais pas m'allier à Vassili, jamais. Mais j'avais besoin de l'utiliser pour avoir ce que moi je désirais réellement. Une vengeance. Une vengeance si brûlante que même les ailes d'un ange venu des cieux ne le verrait pas venir.

- Alors comment s'est passé ta nuit ?

- Horrible.

Ma réponse sèche l'abstient d'essayer de poursuivre la discussion alors que j'avale une culière du léger repas préparé. Je n'ai jamais eu l'occasion de manger des plats italiens et honnêtement, j'en avais rien à foutre.

Ces mêmes noms trottent constamment dans ma tête pour que j'ai le plaisir d'admirer la beauté de ce pays.

- Je pars dès ce soir, l'avertis-je.

- Bien... Par où comptes-tu commencer ?

Il me regarde avec ses yeux globuleux que j'ai juste envie de crever à l'aide de ma fourchette. Ses yeux étaient d'un même vert que les siens. À la différence, lui n'avait rien d'humain.

- Cristian Bellucci, soixante cinq ans, marié avec deux jumeaux âgés de vingt trois ans, habite en Italie plus précisément à Venise et ce gros porc est chef d'entreprise.

Je ne me souviens pas de tous mes bourreaux. Il y en avait tellement. Certains ne sont même pas sur ma liste, ils ont préféré rester dans l'anonymat total. Et ils ont bien fait parce que...

J'espère que Dieu pardonnera mes ennemis, car ce ne sera pas mon cas.

Je me goinfre de toutes les choses sucrées qui se trouvent à table. On entend ma respiration saccadée. Je mange mes émotions comme dirait ma mère... Je mange pour combler toute la rancune que j'éprouve pour chaque être humain ayant une meilleure vie que moi. J'étais jalouse. Je puais la jalousie et l'envie d'une vie qui n'était pas la mienne.

Je mange, l'amour que j'éprouvais pour ce connard.

Mais il souffrait encore plus. Je le savais... Il souffre de mon absence, de l'addiction que je suis pour lui. Je pouvais le sentir malgré les milliers de kilomètres qui nous séparaient.

- Je vois que tu as toutes les informations dont tu as besoin, remarque-t-il.

- Remercie tes hommes de ma part, ils sont d'une efficacité sans faille.

Bien sûr je m'abstiens de mentionner le fait que ça m'a tué de leur demander de l'aide sur quelque chose que mon meilleur ami décédé aurait pu faire. Mais je lui en veut tout autant qu'Ivan. Parce qu'à présent tout est devenu clair dans mon esprit. Toutes les discussions qui portaient à confusion, toutes les fois où je ne comprenais pas à quoi il faisait allusion. Que ce soit Cade, Cassian ou Ivan. Ils étaient tous des menteurs.

IGOR Where stories live. Discover now