Protège-moi - T.3: Les liens du sang [ Terminé ]

Chapitre 16.1

Je n'étais pas tout à fait consciente de ce qui m'entourait. Mon esprit s'obstinait à revivre la scène sous forme de flash-backs cauchemardesques. Je sentais encore mes dents s'enfoncer dans la peau de ma victime, le goût de son sang imprégner ma langue. Impossible de m'en débarrasser. La nausée me prit de nouveau. La main sur ma bouche, je luttais contre elle.

— Tu veux sortir ?

Le ton inquiet de mon homme me fit un instant sortir de ma transe et les images sanglantes s'estompèrent temporairement. Il ne se doutait pas, pensais-je la boule au ventre. Il n'a aucune idée du monstre que j'abrite en moi.

« Tu étais consciente à ce moment-là », susurra une voix dans ma tête. Elle.

« Tu ne m'as pas arrêté...

— Je ne pouvais pas, me défendis-je, tu me contrôlais.

— As-tu seulement essayé de m'en empêcher ?

Je... Oui, non. Je ne sais plus. Qu'insinuait-elle ? Que j'avais pris plaisir à cette boucherie ?

Un étau enserra ma poitrine. La crise de panique n'était pas loin.

Je devais sortir de cette pièce, m'aérer, reprendre mes esprits avant que tous reviennent pour faire le point sur la mort de Tanëhl. J'étais à deux doigts de m'effondrer. Si seulement Sohren était ici... En attendant, il était impératif que je me retrouve seule quelques instants. Je me penchais vers mon homme.

— Je vais aller me rafraîchir un peu. Je reviens dans une dizaine de minutes.

Arenht me fixa, évalua mon état. Je fis mon possible pour cacher ma détresse. Il repoussa tendrement une mèche de cheveux derrière mon oreille.

— Je t'attends.

Une fois sortie et hors de vue, je filais jusqu'au jardin. Le sang battait à mes tempes et un mot tournait en boucle dans ma tête. « Monstre, je suis un monstre ».

Je m'écroulais derrière les fourrés, mes mains s'accrochèrent à la terre, n'ayant cure de la terre entrant sous mes ongles. Recroquevillée sur moi-même, j'essayais de fermer mon esprit à la Bête. Il ne fallait pas que je la laisse me perturber ainsi. Je pris de profondes inspirations pour calmer les battements désordonnés de mon cœur. Ils m'attendaient dans la salle, Declan n'allait pas tarder à arriver et valait mieux que je revienne au plus vite parmi eux sinon ils se douteraient de quelque chose. Je n'étais pas douée pour mentir ou cacher des secrets, mais cette fois, je n'avais pas le choix. J'allais devoir être convaincante sous peine qu'ils découvrent tout et alors... Je n'osais imaginer leur réaction. Me relevant lentement, j'époussetais mes vêtements et me dirigeais, tendue vers le Complexe. Un petit arrêt pour effacer les traces de terre et il faudrait que je retrouve un semblant de calme.