Chapitre 40.3

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— Et maintenant c'est mon tour ? lançais-je. Au tour de sa descendance ? Tu as peur que je revendique la place de Shadow ?

Il eut un rire bref.

— Toi ? A la place de la vieille ? J'aurai tout entendu. En quel honneur prétendrais-tu à cette qualité ? Une métisse à la tête du clan. Tu ne doutes de rien.

Apparemment j'avais réussi à le provoquer. J'espérais juste ne pas avoir été trop loin. S'il avait l'intention de me tuer, l'énerver allait accélérer les choses...

Se positionnant face à moi, tout en restant à bonne distance, il sembla réfléchir. A comment il allait si prendre pour m'achever peut-être. Je réprimais un frisson. Gagner du temps... Mon satané cerveau baignait encore dans la mélasse. Me concentrer...

Il jouait négligemment avec un objet pointu. Malgré mon mal de tête lancinant, je m'évertuais à faire le point. Pas un couteau, plus petit, plus fin... Un peu comme mes lames... Le sang se retira de mes joues. Ma lame ! Mes doigts palpèrent ma ceinture. L'horrible réalité me laissa un temps désemparé. Il avait osé !

— Ton sens de l'observation est vraiment émoussé, s'amusa-t-il en repérant mon trouble. Une belle chose que tu as là. Petite merveille ayant soif de sang...

Le fil aiguisé de l'acier vint mordre la peau sensible de ma gorge. Me torturer avec mes propres armes semblait lui procurer un plaisir pervers. Je fermais les yeux. J'allais mourir, ici, seule avec ce type. Je me raccrochais à la pensée de mon homme, même si le dernier souvenir consistait en un douloureux rejet. Mon seul regret était de ne pas l'avoir sauvé, tout autant que ma mère.

— tu as de la chance qu'il te veuille vivante. Nous sommes nombreux à vouloir ta tête. Tu es une menace pour nous et le vivant rappel de l'ignominie commise par ta mère.

Il cracha presque son nom, comme si le fait même de la nommer le dégoutait.

Tout ce que mon cerveau enregistra fut que je n'allais pas mourir. Mon cœur battait la chamade. J'étais dans les montagnes russes depuis mon réveil dans cet entrepôt. Heureusement que je n'étais pas cardiaque !

— Une telle abomination, reprit-il, ne devrait pas continuer d'arpenter ces terres aussi impunément.

A n'en pas douter j'étais l'abomination en question. On me l'avait pas encore sortie celle-là ! S'il croyait me vexer ou m'énerver, il pouvait courir. Je n'étais plus à une insulte près. Il réagissait en vrai fanatique. J'en aurai presque levée les yeux au ciel mais je redoutais de le quitter des yeux ne serait-ce qu'un quart de seconde. Même s'il m'avait indiqué ne pas pouvoir me tuer, je me méfiais.

— Qui dois-je remercier pour cette clémence, me risquais-je à demander.

Ses doigts jouèrent de nouveau avec ma lame.

— L'envie me démange d'aller à l'encontre de ses ordres. Voir ton sang couler faudrait le coup d'endurer sa colère. De plus il n'est même pas des nôtres.

Pas une Ombre... Mon cerveau peinait à se remettre en route. Qui d'autre aurait intérêt à... Ketsu. Là était la pièce manquante, le lien que nous tenions depuis le début. A présent j'étais fixée, mais prisonnière.

— Comment se porte ton mari ? Enfin ton loup lié ? Excuse-moi de ne pas savoir le terme exact que vous employez au sein de votre meute.

J'aurai dû m'y attendre mais la référence à Arenht me porta un coup. Mes lèvres frémirent, mes mains agrippèrent les accoudoirs de la chaise, pour autant, aucun son ne sortit.

Il revint se positionner à ma hauteur, observant avec une satisfaction horripilante la lutte que je menais pour garder mon calme.

— On a fait des progrès en self control à ce que je peux voir. Sinon, le nouveau Arenht te plaît ? Je me suis spécialement occupé de sa petite tête et je dois dire que je me suis appliqué. Tu n'en attendais pas moins de moi, n'est-ce pas ? Il a résisté plus que je n'aurai cru, je dois bien lui accorder cela. Tu peux être fier de lui.

Qu'il se taise, faites qu'il se taise, hurlais-je intérieurement. Je sentais tous mes muscles se raidirent, la tension montait, la colère bouillonnait dans mes veines, rendue plus ardente à chaque parole qu'il ajoutait. S'il n'arrêtait pas j'allais lui sauter à la gorge et... La Bête, pourquoi n'y avais-je pas songé plus tôt. Si je l'appelais, viendrait-elle ? Jamais je ne l'avais laissé sortir de mon plein gré. Je réfléchis rapidement. Il ne s'y attendrait pas. Seule Shadow avait eu connaissance de son existence. Si elle n'avait pas partagé cette information, alors mon plan avait une chance de fonctionner.

Je fermais les yeux et me concentrais. Il n'y avaitpas d'autre moyen que d'y aller au feeling. Je l'exhortais à sortir, à prendreles commandes, à assouvir sa soif de vengeance. Je lui promettais une chosedont elle raffolait : le sang. 

Protège-moi - T.3: Les liens du sang [ Terminé ]Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang