Chapitre 23.3

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Les regards posés sur moi me firent frémir et je sentis dans le même instant la Bête sortir de sa léthargie. Mes ongles vinrent s'enfoncer dans la paume de mes mains. Ne pas lui laisser de quoi titiller sa susceptibilité. Malgré tout, un grondement s'échappa de mes lèvres à mon insu. Elle tentait de forcer le passage. Au moment où je me recroquevillais sur moi-même pour la contenir, un coup violent vint heurter ma tête, me plongeant dans les ténèbres.

J'ouvris difficilement les yeux, la tempe encore douloureuse du coup que l'on m'avait asséné. Les muscles endoloris, j'entrepris de me relever. Mes mains glissèrent sur le sol poisseux. La sensation m'arracha une grimace. Je devinais aisément ce qui recouvrait le béton. Réprimant une violente nausée, je me dépêchais d'atteindre la station debout, essuyant vivement mes paumes sur le tissu déjà bien marqué de mon jeans. Légèrement tremblante, je lançais un regard anxieux autour de moi.

Un souterrain. Ce devait être ça à voir l'humidité qui suintant des murs, l'odeur nauséabonde de renfermé sans parler êtes bruits suspects dans les recoins que je pouvais facilement identifier comme venant de rongeurs.

Ils m'avaient balancé dans ce trou sans autre forme de procès, et je me demandais jusqu'à quand ils comptaient me laisser moisir ici. La soif commençait à se faire sentir, ma gorge sèche rendant ma salive difficile à avaler. Et vraiment, ils avaient besoin de me taper aussi fort ? Bon, je m'étais peut-être débattue, mais ce n'était pas une raison. Allaient-ils me laisser mourir de soif et de faim ? Ce n'était pas très subtil comme mort mais je ne connaissais pas leurs méthodes non plus. Je me souvins alors des paroles de mon père au sujet de leurs pouvoirs. Je commençais à comprendre. Ils voulaient m'affaiblir physiquement pour que mon esprit soit ensuite plus facile à manipuler. Je serrais les poings de frustration. La question qui demeurait était de savoir pourquoi ils en avaient après moi.

Parce que tu es une Alpha pensais-je aussitôt. Quoi de plus intéressant comme prise qu'une personne en position dominante dans sa race. Et dire que nous nous étions déplacés à deux alphas justement pour mieux résister à leur emprise. En fait nous leur avions livré nos têtes sur un plateau.

Pathétique comme stratégie. J'avais encore à travailler mon aptitude à planifier ce genre de mission.

Repérer la porte. Voilà une bonne façon d'occuper mon temps en attendant qu'ils se décident à faire signe. A tâtons je fis le tour de ma cellule. Autant appeler les choses par leur nom. Veillant à ne pas me faire surprendre par l'un de mes colocataires animal, et à ne pas glisser dans les flaques de sang, je plaquais mes mains sur les murs suintants et en palpais à l'aveugle les reliefs. L'odeur métallique du sang mêlée à celle de l'humidité me dérangeait fortement. Encore une ingénieuse idée pour me déstabiliser.

Alors que je continuais mon petit tour du propriétaire, je la sentis affleurer en lisière de mon esprit. Je me figeais aussitôt, retenant mon souffle. Vraiment ? Elle allait se manifester maintenant ? Inspirant profondément malgré les effluves nauséabonds imprégnant l'air, je me forçais à me détendre, à faire refluer toute trace de colère de ma tête. Je pouvais le faire, m'encourageais-je, je pouvais la maintenir à l'intérieur. Elle ne résista pas, s'effaçant lentement.

Poussant un soupir de soulagement, je repris ma démarche. Je ne savais pas de combien de temps je disposais avant qu'elle ne revienne. Je la soupçonnais d'avoir juste testée le terrain avant de surgir plus tard, quand je m'y attendrais le moins. Le fait d'être enfermée, impuissante n'allait pas m'aider à garder mon calme et des pensées positives.

Protège-moi - T.3: Les liens du sang [ Terminé ]Where stories live. Discover now