Chapitre 18.1

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Nous approchions de leur territoire. Une immense étendue sauvage s'offrait à nous, de la forêt à perte de vue, sans aucune commune mesure avec la nôtre. Je doutais que l'on y trouve un endroit où loger dans les environs. Je me préparais déjà mentalement à dormir à la belle étoile, perspective qui était loin de m'enchanter. Mais cela c'était sans compter les nombreux atouts de mon coéquipier sur cette mission.

Sohren n'avait pas chômé la semaine avant notre départ. Comme moi il avait étudié la configuration du terrain, mais il disposait de quelques choses de non négligeable pour notre aventure : des contacts. La renommée de la meute de Lucius n'était plus à faire et il avait soigneusement pris contact avec des alliés sur place. Sa présence constituait un atout dont j'aurai eu tort de me passer et pas de doute que mon homme en avait conscience en acceptant son aide. Justement il comptait rencontrer l'un de ses contacts aujourd'hui.

L'homme nous amena à une sorte de refuge, perdu en pleine montagne. Pour l'instant, il n'y avait que des avantages à cet état isolé. On risquait moins d'être repéré, on pouvait voir venir d'éventuels intrus de loin notamment grâce à la position légèrement surélevée de la bâtisse qui dominait le sentier menant jusqu'à elle. Une fois à l'intérieur, je ne pus m'empêcher par contre de voir quelques détails un peu gênants. Déjà le refuge n'était composé que d'une seule pièce unique faisant office de salle à manger, cuisine et chambre. Un coup d'œil au lit me refroidi directement. Il n'y en avait qu'un.

Fronçant le nez, je poursuivis la visite tandis que les deux hommes s'entretenaient des conditions de location sur le perron. Un élément commençait à m'inquiéter aussi. J'avais beau avoir fait le tour de la modeste pièce, je ne trouvais pas le coin sanitaire. Allait-on vraiment devoir aller faire nos besoins en pleine nature ? Et pour se laver ? Si cette situation s'était produite alors que j'étais en compagnie de mon homme, je n'aurai pas tant rechigné. Il était toujours possible de se laver au lavabo. Mais là, avec Sohren, pas question d'imaginer un seul instant essayer le concept. Pas d'intimité, ce n'était tout simplement pas possible en l'état actuel des choses. J'étais conscience que pour notre mission je ne devais pas m'attendre à des relais château mais là, on atteignait ma limite. Ne voulant pas non plus trop critiquer devant le propriétaire qui était l'un de nos contacts dans la région, j'attendis d'être seul avec mon partenaire pour lui faire part de mes observations. Evidemment, il ne parut pas aussi ennuyé que moi, haussant les épaules alors que je lui expliquais par le menu les inconvénients relevés.

— Je dormirai sur le fauteuil, ne t'inquiète pas. J'en ai déjà vu d'autre. A moins que tu veuilles partager le matelas...

— Ne rêve pas trop non plus.

— Les nuits sont fraîches par ici tu sais...

Je le fusillais du regard avant de me souvenir d'un autre problème majeur.

— Et les sanitaires ? Je ne les ai pas...

— Ils sont dehors, dans la cabane annexe, me coupa-t-il.

Il eut un grand sourire en voyant ma réaction.

— je me doutais que tu t'en ferais directement pour ça. Il ne faut juste pas avoir peur du noir.

Je lui tirais la langue, vexée qu'il se moque ainsi de mes préoccupations. Et moi qui avais cru qu'il avait muri et qu'il ne serait pas d'aussi mauvaise compagnie que j'aurai pu croire, j'en étais pour mes frais. Il n'avait absolument pas changé et ne manquait pas une occasion de me taquiner ou me faire enrager. Et comme il savait ce qui m'énervait, il ne se privait pas pour en rajouter une couche.

Coupant court à d'autres plaisanteries, j'allais déballer mes affaires avant d'aller faire un tour dehors pour situer la fameuse dépendance.

Protège-moi - T.3: Les liens du sang [ Terminé ]Where stories live. Discover now