Chapitre 36.2

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— Ça m'avait manqué. Tu m'avais manqué, précisa-t-il avec un sourire doux sur le visage.

Je traçais délicatement la courbe de ses lèvres du bout de l'index avant qu'il ne referme sa bouche dessus.

— J'ai constaté en effet. Je dois dire que moi aussi.

Je me cramponnais à son corps chaud, m'y lovais. Plus question que nous soyons aussi longtemps séparé. C'était tellement dure cette distance et le fait de le savoir en compagnie d'une certaine personne n'avait pas aidé à ce que le temps passe vite.

— Qu'as-tu de prévu aujourd'hui, lui demandais-je.

— A part m'occuper de toi ? Rien du tout. On peut passer notre journée au lit sans problème. Ou à un autre endroit si tu te sens d'humeur créative, ajouta-t-il une lueur espiègle dans le regard. Je rougis avant de lui monter dessus.

— Tu pourrais être surpris par mon imagination le prévins-je.

— Oh mais je ne suis pas quelqu'un que l'on n'impressionne aussi facilement. J'ai moi aussi eu le temps de rêver à nos retrouvailles et je peux te dire que quelques idées me sont venues pendant ces longues nuits solitaires dans mon grand lit froid.

J'étouffais un rire et l'embrassais pour le faire taire. J'étais toute à fait d'accord pour appliquer son programme.

Enfin sortis du lit et attablés devant un repas improvisé, je piochais un bout de pizza avant de le mâchonnais distraitement. Mon cerveau ne cessait de me lancer des signaux pour que je me lance. J'avalais péniblement ma bouchée et levais les yeux sur mon homme occupé à savourer ses nouilles chinoises. Etait-ce vraiment le bon moment ? Mais il n'était plus temps de reculer. Juste attendre qu'il finisse d'ingurgiter son assiette.

— Arenht, je dois te...

— Hum ?

Son regard intense se posa sur moi. Il attendait que je continue. Oh mon dieu, comment allais-je amener la chose ? Je gravais son visage à la beauté ténébreuse dans mon esprit et me lançais, à corps perdu.

— J'ai quelque chose d'important à t'avouer. Je te l'ai caché jusque-là pour ne pas te faire retraverser le cauchemar que tu avais vécu.

Il fronça les sourcils, inquiet. Je pris une profonde inspiration avant de lâcher mon secret.

— Depuis notre incursion à la base de Tanëhl, j'ai eu comme des épisodes de pertes de conscience et quand je reprenais mes esprits, il y avait...tous ce sang, ces morts...

— Aylyn, que veux-tu...

Il s'était approché de moi, ses mains entourant les miennes. Hagarde, je tentais de poursuivre alors que les images revenaient me hanter.

— La Bête en moi... Toute cette colère qui éclate sans que je ne puisse rien y faire.

Il venait de percuter. Son visage blême me fixait, ses yeux prirent une teinte plus sombre. Les mâchoires serrées, je vis qu'il se retenait difficilement d'exploser.

— Tu es en train de me dire que depuis plusieurs mois tu luttes contre ton côté sauvage ?

Ce n'était pas vraiment une question. Je hochais la tête, craignant l'explosion qui semblait sur le point de se produire.

Le geste qui suivit fut pourtant le dernier auquel je me serais attendu. Il repoussa tendrement les mèches de cheveux qui me cachaient le visage, me releva puis m'enveloppa dans une étreinte féroce.

— Tu n'es pas croyable, vraiment, souffla-t-il contre mon cou. Toujours à vouloir protéger les autres alors que tu souffres.

Il s'écarta pour me faire face, sa main venant effleurer le haut de mon dos, là où son nom était profondément gravé dans ma chair.

— Je croyais pourtant que tu avais compris la signification de cette marque d'union.

— Je sais que tu es là pour moi, c'est juste que je ne voulais pas te faire revivre ça.

Il s'empara de mes lèvres en une caresse légère avant d'approfondir son baiser.

— Pour le meilleur et pour le pire, dit-il entre deux baisers.

Pour toute réponse je m'accrochais à son cou, collant mon corps au sien. 

Protège-moi - T.3: Les liens du sang [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant