Chapitre 1

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- Blaine -

Ma grand-mère me disait de ne jamais rien prendre pour acquis. Mon père me disait que j'étais l'héritier d'un titre et de toutes les responsabilités qu'il implique. Ma mère me disait que j'étais un bon à rien, feignant, ingrat qui avait toujours eu tous ce qu'il voulait sans connaitre la valeur du travail.

Pourtant, je n'ai jamais eu l'impression de profiter des privilèges qui étaient les miens. J'aurais pu si j'avais choisi de partir vivre avec mon père connaître plus de chaleur et d'amour envers moi mais j'ai choisi de rester avec ma mère et ma soeur. En grande partie pour ma soeur. Uniquement pour elle à vrai dire parce que sous ses airs de sauvageonne au caractère bien trempé, Maisie a toujours caché une grande fragilité dont j'ai essayé de la protéger au mieux sans jamais révéler à quiconque sa vulnérabilité.

Je mentirais si je disais que la vie avec ma mère avait été un enfer. Je vivais dans le même luxe que si j'avais vécu dans l'imposant château d'Inverurie ou le manoir d'Inverness. C'est d'être rabaissé continuellement par une femme qui pensait que la plus grande des humiliations était de tordre un torchon pour nettoyer le carrelage de la cuisine qui était pénible.

J'aurais pu être un petit con arrogant mais je n'ai jamais été le petit prince que la plupart des gens pensent que je suis. Grâce au comportement de ma mère et au caractère bienveillant de ma grand-mère, je n'ai jamais sous-estimé qui que ce soit, peut importe le métier qu'il faisait pour vivre. Rare sont les gens qui vivent leur vie de rêve, la plupart passe des années à se lever pour aller faire un travail qu'il n'aime pas afin de pouvoir nourrir leur famille. Quand ma grand-mère m'a fait réaliser ça, j'ai su que je ne remplirais jamais les expéctatives de mes parents car j'avais des envies plus simple que les leurs.

Ce n'est sans doute pas une coïncidence si ma grand-mère a voulu passer le reste de sa vie au manoir d'Inverness plutôt que dans la demeure familiale d'Inverurie. Elle voulait rester près de moi et m'empêcher de tomber dans les mêmes vices que ceux de ma mère. Mon grand-père était mort deux ans auparavant d'une chute de cheval. Celui-ci lui avait donné un coup de sabot dans l'abdomen le laissant s'étouffer avec son propre sang.

Ce drame n'a pas atténué mon amour des chevaux et de l'équitation. Au contraire, en allant plus souvent au manoir pour passer du temps avec ma grand-mère je pouvais côtoyer le maitre des écuries Azeem. Il est devenu mon meilleur ami.

Je n'avais pas beaucoup d'amis à l'école, juste Liam Sowma. C'était un anglais avec un fort accent de Liverpool ce qui lui valait beaucoup de moquerie et de brimades qui viraient parfois au harcèlement. Il était presque aussi grand que moi mais il ne savait pas se défendre. Parfois il fondait en larme ce qui incitait encore plus les abrutis de l'école privée que nous fréquentions à s'en prendre à lui. Je suis devenu par la force des choses son défenseurs ce qui m'a valu d'être moi aussi dans la ligne de mire de ses persécuteurs, mais je m'en fichais, je pouvais le supporter et je n'avais pas peur de donner des coups. De toute façon, il ne pouvait pas me renvoyer, mon grand-père possédait l'aile ouest du bâtiment et mon père avait fait bâtir l'aile est. La bibliothèque avait quant à elle été financé par ma grand-mère et une plaque à l'entrée lui rendait hommage en rappelant qu'il s'agissait là de « La bibliothèque Catrina MacMurray ».

En-dehors de l'école, mon seul ami était donc Azeem avec qui je passais plus de temps à en apprendre sur les chevaux qu'à faire mes devoirs puisque ma grand-mère mettait un point d'honneur à venir nous chercher tous les jours après les cours ma sœur et moi et à nous ramener au manoir pour que nous ne soyons pas seuls chez nous pendant que ma mère menait sa vie comme elle l'avait toujours fait, indifférente au fait d'avoir deux enfants.

Entre deux océans - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant