Chapitre 8

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- Blaine -

J'étais resté au ranch aujourd'hui. Danny construisait une terrasse pour sa femme et était sans nouvelles de l'entrepreneur depuis plusieurs semaines. Il avait donc décidé de la terminer lui-même sans jamais trouver le temps avant ce matin. J'avais donc proposé de l'aider à la finir sauf qu'il avait finalement dû partir en urgence vérifier une clôture qui avait été forcé par la main de l'homme. 

- Au moins tu me mourras pas de chaud dans les paddocks, m'avait-il dit avant de partir ce matin.

Il est vrai que mourir de chaud à soulever des pierres étaient moins harassant ai-je pensé sarcastiquement en observant l'horizon qui n'était que sable et poussière. L'entrepreneur avait laissé un capharnaüm pas possible, y compris des tas de pierres qui n'avait pas l'air d'avoir une grande utilité pour la future terrasse. 

Heureusement, j'avais Johannna pour m'aider. Elle voulait gagner un peu d'argent et s'était proposée d'elle-même en plus de faire la cuisine et le ménage. Elle avait beau être fluette, elle était travailleuse et savait soulever de lourdes charges. C'est elle qui prenait la brouette pleine de pierres pour aller les déverser plus loin.

A midi, nous avions à peine dégagé la moitié de l'emplacement de la future terrasse. Nous étions tous les deux trempés de sueur et avions déjà engloutis plus de deux litres d'eau.

- Je vais nous préparer des sandwichs, a proposé Johannna. Viens dans la cuisine avec moi, il y fait meilleur.

En effet, l'air conditionné était une agréable bénédiction dont je ne profitais pas assez.

- Je vais changer de t-shirt, j'arrive, ai-je dit en prenant conscience qu'on voyait au travers de celui que je portais.

J'avais perdu plus d'eau que mon corps ne pouvait en contenir, j'en étais persuadé. Je savais aussi avec certitude que je puais atrocement. Je me suis rapidement passé un coup de savon sous les bras et sur le torse avant de mettre un t-shirt bleu foncé.

J'ai légèrement hésité en voyant mon gilet dépasser de ma valise. Ma grand-mère avait bien écrit que le meilleur moyen de se préserver de la chaleur était de se couvrir. Mais le contexte était différent, me suis-je rappelé : ils n'avaient pas d'eau. A moins que... l'image d'un peuple berbère à dos de chameau m'est venu à l'esprit, eux aussi était toujours couvert de la tête au pied... 

- Blaine, tu en vois beaucoup toi des australiens en col-roulé ?! Tes berbères ne portent pas des gilets en laine de mouton, me suis-je raisonné à voix haute.

C'est donc en t-shirt et avec une gourde capable de contenir 3 litres d'eau que je suis revenu auprès de Johannna et des appétissants sandwichs qui ne semblaient attendre que moi. Nous avons mangé dans un silence satisfaisant, installé sur la petite table en marbre de la cuisine. C'était la première fois que je mettais les pieds dans la cuisine qui n'était pas très grande mais bien éclairée.

Le reste de la journée est passé à toute vitesse. Johannna était capable de parler pendant des heures de tous et de rien. J'étais surpris de voir son niveau d'anglais et sa capacité d'aborder dans une langue qui n'était pas la sienne des sujets complexes comme la politique ou le droit avec un éventail de mots aussi soutenu.

- Ça va faire deux ans que je suis ici, ça a boosté mon vocabulaire, m'a-t-elle répondu en souriant quand je le lui ai fait remarquer.

Elle souriait tout le temps. Rien ne semblait jamais la contrarier. J'aimais beaucoup ce trait de caractère et sa bonne humeur était contagieuse. Catherine était plus mélancolique, plus réfléchie. Elle parlait rarement pour ne rien dire et réfléchissait toujours avant d'ouvrir la bouche. J'ai secoué la tête violemment pour la chasser de mes pensées.

Entre deux océans - Tome 2Where stories live. Discover now