Chapitre 1 - 7ème année

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« 5 août 1892 - Paris, France

Très estimés Mr et Mrs Gaunt,

Nous souhaitons vous renouveler toute notre gratitude pour l'appui qui a été le vôtre lors des négociations avec Poudlard afin de mettre en place l'échange pour l'année à venir.

Il est très regrettable que votre fils n'ait pas pu faire sa sixième année en France, comme le prévoyait notre arrangement initial. Nous aurions eu grand plaisir à l'accueillir et à l'aider à tirer le meilleur parti de cette expérience. Cependant, nous sommes conscients que les circonstances n'étaient pas favorables à un tel voyage et ne tiendront pas rigueur de cette absence.

Il ne fait aucun doute que cette dernière année d'étude, bien que courte à nos yeux, sera profitable à notre enfant comme au vôtre. Après tout, il est de notoriété commune que le caractère des jeunes gens se forge de belles façons au travers des voyages et au contact de leurs pairs.

Ne souhaitant pas vous solliciter plus que la bienséance ne le voudrait, nous avons le plaisir de vous informer que tous les arrangements nécessaires pour le transport et le séjour de Gabrielle à Londres ont été faits. Mr le Directeur semble avoir pris très à cœur vos paroles.

Dans l'espoir certain que cette année se passera sans heurts et que l'amitié entre nos familles continuera de s'épanouir sous les meilleurs auspices, nous vous adressons, Mr et Mrs Gaunt, toute l'expression de nos sentiments les plus distingués.

Jacques de Lauzanne »

Ominis se pinça l'arrête du nez avec un soupir de lassitude, laissant mollement retomber sa main sur ses genoux, le dos enfoncé dans l'assise de la diligence. Avec la lettre de Monsieur de Lauzanne venait un autre courrier, rédigé par son propre père. Le ton y était froid et expéditif, mais ses doléances avaient le mérite d'être très claires : cette année, il aurait la charge d'accompagner et de veiller sur la mystérieuse correspondante qu'on lui avait assignée de force. On attendait de lui qu'il se conduise en hôte, mais surtout en parfait gentleman, au nom d'une soi-disant longue amitié que leurs familles respectives entretenaient depuis quelques générations.

Le jeune homme n'avait jamais entendu parler d'une telle amitié et le nom de Lauzanne lui était encore parfaitement inconnu l'été dernier, cependant il n'avait pas les moyens de refuser. Du peu qu'on avait accepté de lui révéler, il s'agissait d'une ancienne famille française de sorciers au Sang-Pur, ce qui expliquait bien des choses.

— Alors mon vieux, encore en train de ruminer ? Tu te fais tellement de rides depuis une semaine que l'on va finir par te confondre avec un vieil elfe de maison.

La voix de Sebastian sonnait bien trop joviale aux oreilles du fils Gaunt. Bien sûr, la nouvelle de cet échange international n'était pas un secret pour ses meilleurs amis, cependant aucun des deux ne semblait saisir tout l'agacement que cela pouvait lui causer. Comment le pourraient-ils ? Ce n'était pas eux qui auraient à jouer les nounous pour une petite princesse française qu'il s'imaginait déjà être suffisante, cruelle et méprisable. Comme si les cours et la préparation des ASPIC n'étaient pas une perspective assez déprimante en temps normal.

— C'est facile pour toi, Sallow. Pendant que tu iras boire une bièraubeurre avec ta chère et tendre entre deux révisions, moi je devrais tenir compagnie à « Mademoiselle de Lauzanne », siffla-t-il avec aversion. Tu crois que j'ai hâte de gaspiller mon temps libre à parler de la pureté du sang ou de souvenirs de chasse aux Moldus ? J'imagine déjà le tableau...

— Allons Ominis, tu ne crois pas que tu exagères un peu ?

Cette fois, il s'agissait d'une voix féminine, douce et légère. Il pouvait sentir la compassion qui caractérisait la personne à qui elle appartenait. Une personne qui ne changeait pas, toujours à s'inquiéter pour les autres et à vouloir arranger les choses. Malgré lui, Ominis se détendit un peu.

Nocturnes - Hogwarts LegacyWhere stories live. Discover now