Nocturnes - Hogwarts Legacy

Chapitre 2 - Mauvaise réputation

Gabrielle était aux anges.

Elle avait attendu tout l'été de pouvoir enfin visiter Londres avant de se rendre dans la plus connue des écoles de magie au monde. Par chauvinisme, elle ne pouvait pas dire qu'il s'agissait de la meilleure, son cœur irait toujours à Beauxbâtons, cependant elle savait que la réputation de Poudlard n'était pas usurpée. Tout l'enthousiasmait à propos de ce voyage : le pays, la culture, les gens, la distance avec ses parents... Surtout la distance avec ses parents, en réalité. Quelle jeune fille de dix-huit ans ne rêve pas de pouvoir faire une escapade loin de l'étouffant domicile familial, de se réinventer dans un endroit où personne ne la connaît et de pouvoir être elle-même sans craindre le jugement de ses proches ?

L'été précédent sa sixième année, elle avait appris un beau matin, entre le beurre et le pain grillé, que ses parents lui avaient trouvé un correspondant anglais avec qui elle devrait échanger. Sans lui demander son avis, sa famille avait mis en place tout un programme d'études à l'étranger et il était attendu d'elle qu'elle envoie quelques hiboux soigneusement rédigés pour faire connaissance en amont. Comme souvent, elle avait ravalé ses remarques et s'était tue, opinant du chef lorsque sa mère l'avait regardée avec insistance. Désobéir n'était pas une option.

Mais pour son plus grand bonheur, les choses ne s'étaient pas déroulées comme prévu. Son correspondant, un certain Ominis Gaunt, était atteint d'une cécité congénitale qui rendait l'exercice d'étudier en France un peu trop ardu pour risquer la fin de sa scolarité. Du moins, c'était ce que disait le courrier envoyé par Mr Gaunt.

Gabrielle avait parfaitement mimé sa déception lorsque ses parents lui apprirent la nouvelle. Mais en réalité, quel soulagement ! Elle n'avait pas écrit la moindre ligne et se réjouissait de pouvoir passer une année paisible aux côtés de ses amies, sans personne à surveiller ou à traîner derrière elle.

C'était sans compter sur la détermination des de Lauzanne et des Gaunt réunis.

En plein milieu de sa sixième année, le sujet revint sur la table : après réflexion, rien ne l'empêchait, elle, de faire le voyage jusqu'à Poudlard. Et pour s'assurer que rien n'entrave ses bonnes relations avec le jeune homme, elle allait même recevoir des leçons d'anglais à un rythme intensif, ainsi que des cours pour apprendre à lire et écrire le braille. Autant dire que le reste de son année avait été tout sauf paisible. À la fin d'une première semaine infernale à tenir ce nouveau programme, elle en était même venue à développer un fort ressentiment envers cet illustre inconnu pour qui elle devait fournir autant d'efforts.

Par bonheur, ses amies ne l'avaient pas laissée seule dans ses révisions et s'étaient même prêtées à l'exercice afin de la soutenir. Petit à petit, les taquineries à propos de son départ se changèrent en véritables conversations et une sincère curiosité naquit chez les demoiselles. Comment était l'Écosse ? La mode anglaise était-elle différente de celle en France ? Mangeaient-ils vraiment du pudding à tous les repas ? Et ce correspondant inconnu avec qui elle ne correspondait jamais, comment était-il ? Avait-il ce fameux « humour anglais » dont parlaient les adultes ? Devait-elle s'attendre à un dandy ? Était-il beau garçon ? Les questions s'étaient amoncelées jusqu'à l'été, transformant l'agacement en excitation, l'appel de l'aventure résonnant plus fort que tout.

— N'oublie pas la meilleure partie : tu vas être seule, livrée à toi-même, sans tes parents, lui avait-on soufflé à l'oreille, à la veille des grandes vacances.

Cette simple phrase avait été comme une révélation pour Gabrielle. Jamais, oh grand jamais, son esprit ne s'était autorisé à songer qu'elle pourrait un jour se défaire de l'emprise familiale. Mais la liberté était là, à portée de main.

Oh ! Comme elle avait attendu ce départ pour Londres !

Et à présent, elle y était : Poudlard, les Highlands, le lac, tout était là. Le professeur Weasley avait même arrangé sa venue une journée en avance des autres élèves afin qu'elle puisse se familiariser avec le château et ses alentours. À cette occasion, elle avait eu le choix de rester, ou non, en dehors du système de maisons puisqu'elle n'était là que pour un an, cependant il lui avait semblé peu judicieux de refuser. Toute l'école reposait sur cette séparation des élèves, les valeurs des quatre maisons étant les fondements même de l'établissement. La jeune fille s'était donc pliée à l'avis du choixpeau magique et avait été envoyée à Serdaigle.