Chapitre 16 - La première incantation [Partie 2]

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Un silence s'installa alors dans le Nid, ponctué par le sifflement du vent de l'autre côté des vitres. À présent qu'ils avaient accompli leur principale mission, les jeunes sorciers pouvaient songer à tout le reste, et le ciel savait combien leur esprit était occupé : le bal, les obligations familiales, l'approche des vacances, leurs devoirs restants, leur diplôme à portée de main, le lien étrange qu'ils avaient noué et qui se resserrait, les nombreuses conjectures sur leur avenir et tant d'autres choses. Il était épuisant d'avoir 17 ans.

Gabrielle ramena l'impressionnante masse bouclée de ses cheveux bruns sur l'une de ses épaules et se mit à la tresser distraitement, jetant régulièrement des regards à son camarade, s'attardant sur certains détails de son visage pour éviter de penser à la soudaine négligence de sa tenue. C'était ridicule, elle avait déjà vu des garçons complètement débraillés et même ses frères retirer complètement leur chemise, jamais cela ne l'avait choquée. Pourtant, il suffisait à présent d'un bouton et d'une cravate dénouée pour faire tanguer son imagination. Son attention glissait de l'angle de la mâchoire jusqu'au col du vêtement, puis dévalait avec prudence la ligne de la gorge, se heurtant à la pomme d'adam pour retomber sur la naissance du torse à peine dévoilé.

- ... our lire. Ça ne te dérange pas ?

- Comment ?

La jeune fille crue qu'elle allait mourir foudroyée par la honte en réalisant qu'elle n'avait pas du tout écouté ce qu'Ominis lui disait, trop absorbée qu'elle était par ses œillades indiscrètes. Mais enfin, que lui arrivait-il tout à coup ? En quel genre d'animal sans retenu était-elle en train de se changer ? Si Samantha avait été là, elle n'aurait pas manqué de lui donner un bon coup de coude pour la réveiller avant de se faire prendre la main dans le sac. Ou plutôt l'œil dans la chemise d'Ominis, en l'occurrence.

- Je disais que j'allais profiter de la nuit qui nous attend pour réviser quelques cours d'Histoire de la magie. J'aurais besoin de toi pour repousser le fauteuil vers le mur du fond, si tu veux bien.

- O-oui bien sûr !

Sans terminer sa tresse, Gabrielle se leva d'un bond et se pressa d'assister son camarade pour bouger le meuble. Une fois le siège déplacé loin de la table des potions, Ominis entreprit de retirer ses chaussures et de s'installer avec plusieurs gros coussins, son livre de sortilèges entre les mains. Il n'avait pas autant de place que dans son lit ou même que dans les canapés de sa salle commune, cependant il n'allait pas se plaindre.

- Et toi ? demanda-t-il à sa correspondante en tapotant la tranche de son livre d'un coup de baguette pour qu'il s'ouvre au chapitre voulu. Ta méridienne est coincée derrière la table de potion, n'est-ce pas ? Où vas-tu t'installer ?

- Je pense que l'océan de coussins et d'oreillers qui encombrent l'espace devraient suffire. De plus, je suis venue préparée : j'ai rapporté plusieurs duvets épais ainsi qu'une robe de chambre moelleuse, je ne manquerais pas de confort.

Ominis se racla la gorge en fronçant les sourcils et s'agita dans son fauteuil, comme pour se réinstaller. Que voulait-elle dire en parlant de robe de chambre ? Elle n'avait tout de même pas l'intention de se changer pour se mettre en pyjama ? Bien sûr, elle pouvait le faire dans l'escalier, à l'abri des regards indiscrets, ou derrière un paravent, mais peut-être considérerait-elle que sa cécité constituait une protection suffisante à la pudeur ? Il devrait sans doute l'avertir que sa perception était bien meilleure que ce qu'elle imaginait, pourtant il n'arrivait pas à ouvrir la bouche. Une petite voix intérieure le fustigea de profiter ainsi de la situation. N'était-il pas un gentleman ?

La jeune fille, trop occupée à fouiller l'armoire où elle avait entreposé les fameux duvets, ne remarqua pas le malaise de son camarade. Elle s'activait avec empressement, ravie d'avoir autre chose à penser qu'à ses propres fantaisies décadentes. Lorsqu'elle eut terminé, les coussins avaient été réarrangés dans l'angle de la pièce, entassés fermement contre le mur pour former une pile sur laquelle un des duvets avait été étendu. Ainsi sécurisé, le matelas de fortune servait aussi bien de siège que de lit, si l'on souhaitait piquer un somme. Pas peu fière de son travail, la petite française piocha un ouvrage dans une bibliothèque et s'installa douillettement, tirant sur elle un second duvet pour se couvrir.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 18 ⏰

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