Chapitre 3 - Mauvaises manières

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Le professeur Ronen attendait ses élèves, l'air guilleret, assit sur son bureau et ses jambes se balançant dans le vide à un rythme régulier. Il aimait surprendre les étudiants, mais aimait tout autant que ces derniers le surprennent en retour. En la matière, l'arrivée de miss Ferry en cinquième année avait été de taille, bien qu'il déplore les tragiques événements qui étaient survenus par la suite. Il espérait que la nouvelle tête parmi les rangs de cette année apporte, elle aussi, son lot de surprises, mais moins violentes.

Les premiers jeunes sorciers ne tardèrent pas à passer le seuil de sa classe pour s'installer sur leur banc favori. Miss Natsai Onai, sans conteste sa meilleure élève, et sa concurrente directe, la désormais célèbre miss Elisabeth Ferry. Puis messieurs Amit Thakkar, Garreth Weasley et Leander Prewet, en grande conversation à propos d'une prochaine expérience de Garreth. Le professeur de sortilèges plaignait intérieurement son collègue chargé d'instruire les potions : le jeune Weasley aimait s'adonner à des expérimentations désastreuses depuis des années, faisant régulièrement exploser ses chaudrons, et pourtant il avait obtenu un Optimal lors de ses BUSE, ce qui obligeait Mr Sharp à l'accepter en cours jusqu'à la fin de sa scolarité. Tous les autres professeurs avaient de la compassion pour le pauvre homme dont les nerfs étaient mis à rude épreuve. Quelques élèves de Serdaigle et Poufsouffle arrivèrent en même temps – il remarqua que le passage de miss Poppy Sweeting fit piquer un fard à Amit – suivis de près par l'inséparable duo Sallow-Gaunt. Mais s'il fallait en croire les bruits de couloir (ainsi que les remarques des autres enseignants) cette grande amitié prenait un peu de plomb dans l'aile depuis le printemps dernier.

Un sourire tendre étira les traits du sorcier. Il savait combien les amours de jeunesse pouvaient être tortueux et impactants. Ces jeunes gens trouveraient un moyen d'équilibrer coup de cœur et amitié de longue date, il en était persuadé.

Pour finir, miss Samantha Dale fit son entrée, suivie de près par la tant attendue nouvelle élève. Les regards la suivirent jusqu'à sa place sans qu'elle paraisse y prêter attention. Elle s'autorisa même à sourire envers son professeur comme s'ils se connaissaient depuis des années. Voilà que les surprises commençaient déjà !

Gabrielle se sentait si nerveuse qu'elle avait l'impression qu'un essaim de billywig essayait de s'échapper de son ventre. Elle s'était réveillée la première, avait profité de la salle de bain vide pour prendre une longue douche brûlante et se tenait déjà prête et en uniforme lorsque les premiers Serdaigle arrivèrent dans la salle commune avec l'air ensommeillé. Le petit déjeuner, très anglais, lui avait donné de quoi s'occuper l'esprit un moment, mais il lui avait fallu tous ses talents de comédienne pour dissimuler son impatience. Elle ne voulait pas qu'on la regarde de travers dès le premier jour, mieux valait adopter le tempo des autres pour éviter de se faire remarquer.

Sa place durant le cours de sortilèges se trouvait en hauteur, au second rang, juste derrière deux uniformes de Serpentards qui s'échangeaient des coups de coude discrets et pourtant rageurs. Elle n'eut cependant pas le temps de s'interroger sur cette drôle de joute qu'elle recevait, elle aussi, un petit coup de coude de sa voisine. Allons bon ! Mais Samantha avait une bonne raison d'ouvrir les hostilités : d'un air insistant, elle fixa la jeune fille, puis la silhouette juste devant elle. Devant l'incompréhension de Gabrielle, elle répéta l'opération avant de se décider à articuler « c'est lui » sans faire de bruit. Le regard de la française s'éclaira tout à coup et il ne fut alors plus question d'écouter l'introduction que le professeur Ronen était en train de réciter. Elle se mit à scruter le jeune homme.

Ominis Gaut était grand, svelte et beaucoup plus blond que ce qu'elle avait imaginé. Il était presque impossible de voir son visage, cependant elle pouvait deviner qu'il avait le teint pâle. Pour quelqu'un privé de la vue, il s'habillait tout à fait normalement, sans négligence, et ses cheveux semblaient coiffés avec soin. Elle se demanda même s'il était vraiment aussi aveugle qu'on voulait bien le dire. Ses yeux s'arrêtèrent une seconde sur un grain de beauté dans sa nuque, à peine révélé par le col de sa chemise.

Nocturnes - Hogwarts LegacyWhere stories live. Discover now