Chapitre 8 - Loin des regards indiscrets

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Note de l'auteure : Les chapitres à venir seront un peu plus longs (3000 mots et +), je suis navrée pour le confort de lecture. J'espère qu'ils vous plairont malgré tout.

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— Et c'est en l'an de grâce 1123 que la Garde de Morgane prit les armes contre les moldus du Pays de Galles...

La voix de l'antique fantôme de Cuthbert Binns n'était pas sans rappeler le grésillement d'un vieux gramophone arrivé au bout de son cylindre : étouffée, monotone, avec beaucoup de friture et surtout sans intérêt. Les cours d'histoire de la magie étaient si pénibles à suivre que la plupart des élèves piquaient du nez et ne se reposaient que sur leur manuel et leurs révisions personnelles pour passer les examens. Seuls les plus assidus n'avaient ainsi aucun problème à suivre le programme et à obtenir de bons résultats. Mais que l'on soit premier de la classe ou cancre irrécupérable, il régnait pour tout le monde une atmosphère de profond ennui à chaque cours magistral.

Le professeur spectral ne prenait jamais la peine de lever son nez de ses notes, de réprimander les dormeurs ou même de s'intéresser aux étudiants de façon générale. Tout au plus passait-il parfois au travers d'un jeune sorcier, sans y prendre garde, réveillant en sursaut l'infortuné qui piquait du nez ou bayait aux corneilles.

Mais en cette belle journée d'octobre, dans le cours de septième année, il régnait dans la salle d'histoire une agitation inhabituelle. Personne ne regardait par la fenêtre en rêvassant, personne ne profitait d'une sieste après le déjeuner et nombreux étaient ceux qui semblaient prendre frénétiquement des notes. Notes qui prenaient ensuite la forme d'un petit oiseau de papier pour mieux s'envoler au-dessus des tables et atterrir entre les mains d'un camarade lorsque le professeur Binns avait le dos tourné. C'était un véritable ballet aérien. L'un des oiseaux-parchemin, la tête tachée d'encre, paraissait avoir plus de travail que les autres et n'en finissait pas d'aller d'une main à une autre, se dépliant et se repliant sans cesse à mesure qu'on le remplissait d'annotation.

« Gaichiffon n'en a plus et je n'ai pas eu le temps d'en commander ! Quelqu'un aurait une cravate à me prêter ? »

« Pour un gallion, je peux t'en passer une. »

« Quel pingre ! Ne l'écoute pas, moi je t'en prête une. Je te l'apporterai ce soir. »

« J'espère qu'il y aura des tourtes à la viande. »

« Quelqu'un a pensé aux charmes pour éviter la pluie ? »

« Qui s'occupe du rassemblement pour les Griffondor ? »

« C'est toi, espèce d'andouille ! »

« Jane m'a dit que des cinquième année allaient essayer de s'inviter. Quelqu'un en a entendu parler ? »

Les mots, gribouillés dans n'importe quel sens, se chevauchaient presque tant la place commençait à manquer. Une unique initiale signait parfois le message tandis que d'autres restaient anonymes pour qui ne savait pas reconnaître un camarade d'après son écriture.

La fête d'Halloween était sur toutes les lèvres depuis deux jours. Le secret avait été bien gardé en dépit du grand nombre d'étudiants mis dans la confidence, les derniers préparatifs s'étaient achevés la veille du 31 et il ne restait plus qu'à mettre en application « le Grand Plan d'Évasion », tel que Sebastian l'avait nommé. En tant qu'expert des sorties nocturnes, il avait mis son astuce au service de chaque maison pour proposer des horaires ainsi que des trajets qui permettraient à tous les invités de sortir discrètement de leurs dortoirs. Pour certains, ce serait leur première violation du couvre-feu.

Nocturnes - Hogwarts LegacyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant