Chapitre 7 - L'écureuil et la chaussure

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La jeune sorcière se recroquevilla sur elle-même, un bras serré autour de ses genoux. Dans sa main, sa baguette diffusait un charme de parapluie qui leur évitait de finir trempés comme des soupes, si c'était encore possible.

Il avait fallu courir – ou du moins clopiner le plus vite possible – pendant de longues minutes avant de trouver un semblant d'abri. Un arbre creux, sans doute frappé par la foudre des années plus tôt, s'était heureusement dressé sur leur passage et offrait un espace entre ses racines dans lequel il leur avait été possible de se glisser. Gabrielle avait insisté pour qu'Ominis y entre le premier et se mette le plus possible hors de portée de la pluie, puis elle s'était installée à l'entrée, le protégeant de son mieux en espérant que l'orage s'arrête vite. L'averse était si drue qu'il était difficile de voir à plus de quelques mètres devant soi et les rafales de vent glacé s'assuraient de leur fouetter le visage régulièrement.

Elle se détourna du spectacle maussade de la forêt sous le déluge et glissa un regard à l'étudiant blessé. Toute trace de couleur avait déserté son visage, ses yeux semblaient creusés et il frémissait sans cesse. Les bandages autour de sa cuisse s'étaient teintés de rouge. Mais même dans cet état de faiblesse, couvert de traces de terre, les cheveux décoiffés et l'ourlet de ses manches roussi par les sorts qu'il avait lancés, Ominis lui apparaissait toujours emprunt d'une dignité sereine. Elle faillit tendre la main pour lui toucher la joue et s'assurer qu'il était bien fait de chair.

— Tu me fixes encore.

Il s'exprimait d'une voix fatiguée et traînante, mais parvenait pourtant à avoir l'air agacé. Gabrielle se contenta de sourire. Elle était de nouveau prise sur le fait, toutefois la situation ne se prêtait pas à l'embarras et elle préférait l'entendre lui faire des reproches que de ne plus l'entendre du tout. Sa réponse fut un murmure presque inarticulé, comme si elle craignait de réveiller quelques écureuils qui vivrait plus haut dans l'arbre mort.

— Je garde un œil sur toi. Je ne veux pas que tu t'endormes.

— Ce n'est pas exactement un endroit confortable pour dormir, tu sais.

— Je t'ai vu faire un somme dans l'encadrure en pierre d'une fenêtre, une fois, alors je suis prête à croire que tu peux t'endormir n'importe où, n'importe quand. Mais ça serait terrible si tu le faisais maintenant.

— Je ne vais pas m'endormir.

Le jeune homme s'adoucit un peu. Au fond, il était reconnaissant qu'elle prenne tant à cœur sa sécurité. Seul, il n'aurait pu que se traîner hors de la forêt en espérant arriver au château avant de tourner de l'œil, en admettant qu'il ne se soit pas trouvé complètement exsangue avant ça. Il se sentait engourdi et frigorifié, pourtant tous ses tremblements ne parvenaient pas à chasser la brume qui lui envahissait peu à peu l'esprit. Sa correspondante avait raison, il voulait dormir.

— Est-ce que je peux te tenir la main ?

La demande, à la fois candide et directe, lui fit hausser un sourcil. Il considéra l'idée de refuser, mais fini par la lui tendre. Une paume brûlante se glissa contre la sienne. C'était une sensation réconfortante et il fut heureux de ne pas avoir refusé.

— Raconte-moi ce que tu faisais toute seule dans la forêt, ça me tiendra éveillé.

— Rien de spécial, je me promenais. On ne sait toujours pas comment apporter un buffet entier à la fête, j'ai pensé que m'aérer les idées me permettrait de voir les choses sous un nouvel angle.

— Ah oui, la fête...

Bon comédien, il feignit d'avoir presque oublié l'événement. Pourtant, avec un Sebastian investit à deux cents pour cent dans le projet, il était impossible de passer plus d'une journée sans en entendre parler. Sans compter sa propre promesse qui revenait le hanter chaque fois qu'il entendait ses camarades parler de l'avancement des préparatifs. Ça ne lui plaisait simplement pas qu'on puisse l'imaginer être impatient de s'y rendre.

Nocturnes - Hogwarts LegacyWhere stories live. Discover now