Chapitre 15 - La première incantation [Partie 1]

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La lumière vacillante des lanternes se reflétait sur les fioles soigneusement disposées devant la grande fenêtre du Nid. La méridienne avait été repoussée avec tous les coussins pour faire place nette. Une table en bois solide, ordinairement disposée au fond de la pièce, trônait désormais dans l'espace libéré et se trouvait déjà encombrée d'ustensiles pour préparer des potions. Même le tapis, ordinairement envahissant, avait été enroulé sur lui-même pour être préservé du moindre accident en mettant le plancher à nu.

Gabrielle se serait sentie plus en confiance de préparer le filtre de transformation dans sa salle de cours, là où même les explosions de chaudron ne pouvaient pas faire trop de dégâts. Bien que sa mixture ne requérait pas de mijoter sur le feu et qu'aucun des ingrédients ne soit vraiment dangereux, elle avait suffisamment vu Garreth Weasley causer des catastrophes avec trois fois rien pour se méfier de tout, dorénavant. Malheureusement, elle n'avait pas le luxe de pouvoir choisir son espace de travail et devrait se contenter des conditions actuelles.

Le bruit régulier d'un pas montant les escaliers l'avertit de l'arrivée d'Ominis tandis qu'elle cherchait à apercevoir la lune à travers la buée sur les carreaux. Il était presque l'heure du couvre-feu, le jeune homme était en retard, mais lorsqu'il apparut sur le seuil de la pièce, la Serdaigle nota qu'il avait des cernes un peu plus sombres et creusées que d'habitude, ce qui ne manqua pas de l'interpeller. Ils avaient si bien pris soin de s'éviter sur leur temps libre, et ces dernières semaines avaient été si chargées en travail scolaire, qu'elle avait l'impression de ne pas l'avoir vu depuis des lustres.

— Mes excuses, je devais avoir une conversation avec Sebastian, lâcha-t-il d'un ton las avant de se diriger vers son fauteuil pour s'y laisser tomber mollement.

Il prit une profonde inspiration et se coula un peu plus contre le dossier de son siège, les yeux fermés. Étaient-ce le surplus de devoirs qui pesait si lourd sur ses paupières ? Gabrielle sentit une bouffée d'empathie monter en elle et elle s'adossa à la table de préparation avec un air désolé qu'il ne pouvait pas voir. Elle-même ne manquait pas de passer des heures penchées sur ses parchemins et ses livres, dernièrement, mais elle était prête à parier toutes ses économies qu'elle n'avait pas l'air aussi mal en point que son correspondant.

— À t'entendre, il s'agissait d'une véritable épreuve, fit-elle remarquer avec une pointe de taquinerie.

— Il rend parfois la communication difficile, c'est certain. Mais pas cette fois. C'est le sujet abordé qui me lasse, pas l'interlocuteur. Et d'ailleurs, c'est une affaire te concerne.

— Moi ? Allons bon, je croyais que l'on en avait terminé avec les blâmes et les discussions désagréables. De quels reproches vas-tu m'accabler cette fois ?

— Quoi, tu n'aimes pas te quereller avec moi ? C'est bien dommage, je commençais à apprécier le piquant de nos rixes verbales.

Un sourire finaud lui étira les traits dans une expression matoise et Gabrielle se mordit l'intérieur de la joue pour s'interdire de rougir. Elle lui répliqua sur un ton doucereux qu'elle ne livrait bataille qu'à des adversaires en pleine possession de leurs moyens et qu'un ennemi à moitié mort de fatigue ne représentait pas un défi digne de son intérêt. Un bref silence s'ensuivit, rapidement rompu par leurs rires étouffés.

En dépit de leurs interactions limitées en face à face, les deux jeunes gens s'étaient échangés de très nombreuses lettres depuis leur première visite ensemble au Nid. Très formelles et superficielles au début, elles s'étaient rapidement ponctuées d'anecdotes amusantes, de réflexions à propos des cours ou de leurs camarades de classe, ainsi que d'apartés plus personnels. Chacun s'était ainsi dévoilé, un mot après l'autre, jusqu'à leur donner l'impression de se connaître depuis longtemps.

Nocturnes - Hogwarts LegacyWhere stories live. Discover now