Follow your fire

8 - El : To smile again

La fête bat son plein, et pourtant le soleil commence à peine à se coucher. Tout le village semble s'être rassemblé : petits et grands rient ensemble, assis sur le sable ou dansant dans l'eau. Une musique entraînante passe en fond, que quelques adolescents récitent les yeux fermés en riant. La bonne humeur est communicative, et le ciel, coloré de douces couleurs crépusculaires, est magnifique. La lumière d'or se réfléchit sur les rochers de la falaise qui jouxte la plage, et se perd dans l'eau.

Au café, on ne s'arrête plus. Les smoothies, les cocktails et les bières sortent à toute vitesse, et je suis chargée de les apporter aux clients. Je commence à prendre la main : je n'en ai fait tomber qu'un, pour l'instant. Cora est de service également, et deux autres jeunes sont venus nous prêter main forte pour la soirée. L'avantage, c'est que tout le monde est tellement occupé que l'on n'a pas besoin de se parler, avec Cora. Elle m'ignore, je l'ignore, tout va bien.

Je suis en train d'essuyer le bar que je sens quelqu'un approcher. Je relève les yeux, m'attendant à recevoir un nouveau client.

— Hey.

Je souris. Aspen se tient devant moi, un sourire déformant ses lèvres pleines. Je suis contente de le voir, je me demandais quand il allait enfin passer.

Ses cheveux sont secs, pour une fois, même si parsemés de sable. Et il n'est plus torse nu, mais a opté pour un tee-shirt blanc tout simple et un bermuda rouge, qui lui vont très bien ; il est très beau. Je sens mes joues s'échauffer.

— Hey, dis-je.

— Bonjour, beauté des îles, surgit une voix derrière lui.

Le jeune surfer qui se trouvait aux côtés d'Aspen lors de ma chute passe un bras au cou de son ami, et me décoche un sourire en coin. Je pouffe, parce que son accent français était juste immonde.

— Connor, se présente-t-il, en me tendant sa main.

Je la saisis, tout sourire — mais ce dernier s'évanouit quelque peu quand je distingue à côté des deux surfeurs trois autres garçons, et parmi eux un grand blond, le portrait craché de Luka. Ses yeux bleus me passent au laser, et je regrette soudain d'avoir revêtu un haut avec un décolleté. Il me met mal à l'aise.

— Les garçons !

Une tornade blonde leur saute dessus, et je reconnais la gérante de la salle de sport, rencontrée deux jours plus tôt. Lorsque j'avais échangé rapidement avec elle lors de mon inscription, elle s'était montrée très bavarde, me posant mille questions sur Paris à l'entente de mon accent français. Et, si d'habitude ce genre de fille m'agace, je l'avais trouvée solaire et très sympathique. Elle est suivie de deux filles, que je devine être ses amies. L'une d'elles, une jolie brune au teint porcelaine et à l'air bien sérieux, me regarde avec curiosité. Ses yeux alternent entre moi et Connor, et sans que je ne sache trop pourquoi, un certain malaise m'envahit. La jeune blonde s'exclame alors :

— On y va ? Qu'est-ce que vous faites ? Et où est Cora ?

Cora ? Ils se connaissent donc tous, ici ? Je n'ai pas le temps de m'étonner qu'elle s'exclame en me découvrant :

— Tiens, mais je vois que vous avez trouvé ma copine !

Copine ? Je secoue la tête, et lâche un rire gêné. J'ai raté un épisode ? Certes, elle m'a l'air adorable, mais je n'ai passé que... quoi ? Dix minutes en sa compagnie ?

Le garçon placé à droite d'Aspen explose de rire. Ses dents blanches ressortent avec vivacité sur sa peau noire.

— Ta copine n'a pas l'air au courant que vous êtes amies, à voir la tête qu'elle tire, chérie ! Je ne suis même pas sûre qu'elle connaisse ton prénom !