2 - Phoebe : Back home

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Sydney, Nouvelles Galles du Sud, Australie.

7 février - 13h12. Heure locale.

- Rentre bien, Bee.

John me fait face, un sourire charmeur aux lèvres. Le petit surnom qu'il me donne, « Bee », me fait légèrement grimacer. Il est ridicule. Il sait que je le déteste - et c'est pour cela qu'il ne fait que l'utiliser davantage.

-Merci, Johnny, je rétorque, parce que je sais que ça le fait chier, aussi.

Il secoue la tête, l'air de dire qu'il l'a bien cherché, et ses yeux se perdent quelques instants dans le hall grouillant de monde de l'aéroport. Il glisse ses mains dans les poches de son jean.

- Tu pars combien de temps, déjà ?

- Deux mois, je réponds d'une voix ferme, sachant très bien ce qu'il a en tête.

- Tout l'été, donc. Tu ne veux pas rentrer quelques semaines plus tôt ? On pourrait réviser l'examen de rentrée ensemble.

Je secoue la tête. On en a déjà parlé. Le truc, c'est que je n'ose pas lui dire que je suis moi-même anxieuse à l'idée de rentrer. À cause d'une personne en particulier... l'été dernier n'a pas été le meilleur de mon existence. Sauf que si je l'avoue à John, il se fera un malin plaisir de me harceler de messages - peut-être même qu'il arriverait à me convaincre. Mais je ne veux pas qu'il se fasse des idées. Je ne suis pas stupide : je sais que pour lui, notre binôme à la fac représente bien plus que ça. Je suis déterminée à rester concentrée sur mes études. La troisième année de médecine est réputée pour être la plus difficile - au moins autant que la première. Faire des études de cardiologie était mon rêve, petite : je ne laisserai aucune histoire de coeur m'en détourner. « À ce rythme, tu finiras vieille fille, Phoeb », m'a dit Cora. Je souris à l'idée de la revoir bientôt.

- Je suis sûre que tu réussiras à réviser sans moi.

- Je pourrais t'appeler pour l'anatomie ? Tu sais que c'est ma bête noire.

J'acquiesce, et il s'avance pour me prendre dans ses bras. John est naturellement très tactile, mais j'ai peur qu'avec moi, ça ne l'encourage dans une voie que je ne veux pas prendre ; alors je reste assez froide, et prétexte être en retard pour me détacher.

- Il ne part que dans une heure.

C'est le but, John. Mon livre m'attend. Je tuerais pour un peu de calme.

Je souris, arborant cet air timide que je sais si bien faire. Avec celui-là, il ne peut rien me refuser. Et il me laissera enfin partir. Je saisis l'anse de ma valise, et me dirige vers la douane. Je me retourne une dernière fois, lui fais signe de la main. Ses yeux bleus me détaillent toute entière, et je me sentirais presque rougir. Plusieurs personnes nous observent - voilà ce qui arrive, à force de me prendre dans ses bras. Une mamie me fait même un clin d'oeil, l'air de regretter sa jeunesse. Je me retiens de lever les yeux au ciel. Vivement les vacances.

Une fois derrière la douane, je souffle un grand coup. Mon coeur bat déjà fort dans ma poitrine, alors que des yeux ambres peignent de doré le flot de mes souvenirs.

J'ai trois heures de vol pour me préparer à revoir Connor.

*

Cairns, Queensland, Australie.

7 février - 17h10. Heure locale.

« Les passagers du vol 2304 à destination de Cairns, depuis Sydney, sont invités à se rendre au terminal 14 pour la récupération de leurs bagages. En raison des mesures de sécurité en vigueur, tout oubli sera soumis à une vérification anti-bombe des forces de l'ordre... »

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