25 - Phoebe : I wasn't ready to say goodbye

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1 heure plus tôt...

Ma gorge est si serrée que je peine à respirer. Mes yeux me brûlent, à force de retenir les larmes, et fixent sans les voir les chiffres sur l'écran à côté du lit de Connor. Son pronostic vital n'est pas engagé, me répété-je, comme une chanson, pour m'empêcher de m'effondrer. Le médecin en moi sait qu'aucune de ses blessures n'est grave, que ce n'est plus qu'une question de temps avant qu'il ne se réveille, que ses poumons sont ceux d'un sportif : jeunes et forts, déjà en train de se remettre de la fumée noire qu'il a respirée. Pour autant, je me sens bien incapable de quitter des yeux le cardiogramme qui se dessine devant moi. Neuf minutes. Il n'y était que pendant neuf minutes, me répété-je.

Il t'a cherché pendant neuf minutes, murmure une voix en moi, et la culpabilité pèse si lourd sur mon estomac qu'elle m'écrase presque.

Mon ventre vide gronde, et mes paupières insistent pour se fermer, mais je tiens bon — la vision d'un Connor se jetant dans les flemmes est bien assez d'un cauchemar pour m'empêcher de fermer l'œil. Je resserre mes bras autour de ma poitrine, comme si ce geste pouvait m'empêcher de m'écrouler, et inspire profondément l'odeur de mon sweat — son sweat, piqué dans les affaires que Noah a ramené pour Connor.

Aspen, à moitié endormi sur le fauteuil jouxtant le lit d'Éléonore, n'est pas dans un meilleur état. Son visage est pâle, comme je l'ai rarement vu — pas depuis la mort de sa sœur. Ses mains jointes en prière devant ses lèvres closes, ses yeux fermés, il tient à peine debout. Voilà deux jours que nous sommes là, et nous n'avons pas pu dormir, ou très peu. Lui aussi, semble bloqué à son chevet. S'il n'avait pas craint que je ne tombe dans les pommes à force de ne rien avaler, il ne se serait même pas levé pour aller chercher à manger.

Un discret « toc toc » contre la porte de la chambre nous fait sursauter. Gabriel et Cora avancent doucement vers nous, d'un pas discret, comme si nos deux amis n'étaient pas simplement inconscients, mais juste endormis. J'adresse un sourire épuisé à Cora, qui me le rend et, silencieusement, vient s'assoir à côté de moi.

— Comment vas-tu ? me chuchote-t-elle, et ses yeux n'ont jamais été aussi doux.

L'espace d'une seconde, l'idée qu'elle s'en fasse davantage pour moi que pour son ami inconscient sur son lit me semble d'une absurdité sans nom, mais lorsqu'elle me prend dans ses bras, j'accueille la pression et la chaleur de son corps comme une bénédiction.

— Il ne s'est toujours pas réveillé, balbutié-je, et je ne peux retenir les tremblements dans ma voix.

— Il le sera bientôt, m'assure-t-elle.

Un silence, puis elle s'enquiert, la question résumée en un simple mot :

— Éléonore ?

Je hausse les épaules, et nous relevons toutes les deux la tête vers le deuxième lit de la chambre. Gabriel se tient debout derrière le fauteuil d'Aspen, une main sur son épaule, comme pour le retenir de s'effondrer. Les traits de l'Afro-Australien sont tirés, mais malgré tout, une lueur optimiste allume son regard et me redonne de l'espoir.

Après quelques minutes d'un soutien apporté en silence, Cora glisse son bras autour du mien et me force à me lever. Je n'ai plus la force de résister, mes jambes flageolent et ma tête me tourne.

— Mon Dieu, Phœb, souffle ma meilleure amie. Depuis combien de temps n'as-tu pas mangé ? Tu tiens à peine debout.

Et, sans attendre ma réponse, nous nous retrouvons dehors. Je traine des pieds, jetant un dernier regard à Connor par-dessus la vitre de la porte, tandis qu'elle me tire jusqu'au comptoir de la cafétéria, où une infirmière est en train de faire du café. Je réalise alors que je n'ai aucune idée de l'heure ou du jour auquel nous sommes. Je cherche l'horloge du regard, qui m'apprend qu'il n'est que huit heures du matin.

Follow your fireWhere stories live. Discover now