21 - El : Take care of you

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— Tout va bien, ma puce ? me demande Mary, sourcils froncés. Tu es toute blanche.

Je me redresse, m'interrompant dans mon nettoyage d'un bassin vide — selon l'étiquette, il abritait un dauphin, Sally, guéri puis remis en liberté il y a peu.

— Oui... oui, ça va, bredouillé-je. La plongée m'a épuisée, voilà tout.

Aspen et moi sommes rentrés il y a une grosse demi-heure, et depuis, j'ai si mal au ventre que je vois trouble. Je suis épuisée, c'est vrai — mais pas uniquement à cause de la plongée. Il faut croire que mes règles arrivent une semaine en avance... ce n'est pas étonnant. J'ai toujours été très sensible à l'anxiété, et ces derniers jours ont été chargés.

Mary ne semble pas avaler mon petit mensonge.

— Mmh. Aspen, mon chou ?

Je fais volte-face, et me rends compte que ce dernier est entré dans la pièce, ses bras chargés de nombreux cartons. Il est en train de nous dépasser pour accéder à l'entrepôt quand il s'arrête.

— Oui ?

— Ramène cette pauvre petite chez elle. Elle ne se sent pas bien.

Les traits d'Aspen se froissent soudain d'inquiétude, tandis qu'il pose ses yeux marron sur moi. Il ouvre la porte de l'entrepôt et, d'un mouvement juste, mais précipité, dépose la pile de carton au sol. Une seconde plus tard, il me tend sa main pour m'aider à sortir du bassin, et je l'accepte, peu confiante en mon équilibre.

— Tu as mal à la tête ? me demande-t-il, plus pâle, et je devine qu'il doit croire que c'est à cause de notre course-poursuite d'hier soir.

Je nie d'un mouvement de tête, et ses épaules se détendent quelque peu. Sa mâchoire se serre, et il veut ajouter quelque chose, mais il doit lire dans mes yeux que ce n'est pas le bon moment. Certes, j'ai passé quelques heures aux côtés de Mary cet après-midi, mais je ne suis pas à l'aise pour autant. Il acquiesce secrètement, et se retourne vers la biologiste :

— Mary, merci beaucoup pour ton accueil.

— C'est moi qui vous remercie, mes enfants. Votre aide nous a été d'un grand secours, s'exclame-t-elle en s'approchant pour nous prendre dans ses bras.

Nos deux visages se retrouvent plongés dans une épaisse tignasse grise, qui sent la mer, les algues et les produits de laboratoire. Aspen esquisse un sourire, mal à l'aise, et nous nous détachons délicatement. Je retiens un rictus amusé, malgré le sentiment nauséeux qui me prend tout à coup. Je retire le t-shirt vert en chemin pour sortir, et le dépose dans le carton qui le contenait à mon arrivée. Alors que nous sommes près de franchir la porte, Fallen et Noah nous interpellent.

— Vous partez ? Nous hèle Noah, qui tient dans ses bras un oiseau à l'aile bandée, que je reconnais être un cormoran — si j'ai bien écouté les leçons animalières de Mary, cet après-midi.

— Oui, dis-je. Je ne suis pas au top de ma forme. Rien de grave.

— Ce n'est pas sa tête, s'empresse d'ajouter Aspen, et Noah opine, se détendant quelque peu.

Fallen me prend dans ses bras, puis les deux nous laissent partir en nous souhaitant une bonne soirée.

À peine ai-je attaché ma ceinture que la voix grave et soucieuse d'Aspen résonne au-dessus du bruit du moteur.

— Où as-tu mal ?

— Au ventre. Au dos, soupiré-je, en m'accoudant à la fenêtre.

Il me glisse une œillade inquisitrice, et j'opine, les joues brûlantes. Oui, c'est bien ce que tu penses. Fébrile et embarrassée, je guette sa réaction du coin de l'œil, feignant d'observer la route. Avec Luka, jamais je n'aurais osé aborder le sujet, ou pire, l'informer de l'avancée de mon cycle. Il hait la vue du sang. Je me souviendrai toujours de cette nuit où il m'est arrivé de tacher mes draps. Il avait bondi hors du lit, furieux. Jamais je n'oublierai l'expression de profond dégoût sur son visage.

Follow your fireDär berättelser lever. Upptäck nu