Chapitre 2

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Retrouvailles

J'essuis les perles de sueur apparaissant sur mon front d'un revers de main, avant de remettre en place mes lunettes sur mon nez. Des lignes de codes défilent à toute vitesses sur mon écran et mes sourcils se froncent sous la concentration. Près de moi, mon client est allongé les yeux fermé, un câble relis la puce derrière son oreille à mon ordinateur. Mes doigts tapent frénétiquement sur mon vieux clavier, puis un message s'affiche sur l'écran. Je serre les dents, un parfeu. Ce n'est pas normal, les parfeu sont une protection que peu de gens peuvent s'offrir et ces gens là ne sont pas du genre à vouloir s'effacer du système. 

- vous avez travaillé pour l'état.

- c'est un problème ? me répond l'homme sans prendre la peine de me regarder. 

Quelque chose na va pas, il est bien trop calme pour quelqu'un qui souhaitent fuir et il n'a pas hésité une seconde à me payer le prix exorbitant que je lui ai demandé. Je prend une gorgée de mon soda devenu tiède et reprend le travail. J'enlève le parfeu et fouille un peu plus dans les tréfonds de sa puce pour l'effacer du système. Puis un autre message apparait, cette fois mon sang ne fait qu'un tour dans mes veines. 

C'est un piège !

Je jure intérieurement en comprenant que je me suis fais avoir comme une conne. Je serre les dents, je sais que la rage se lis sur mon visage et si le traitre à côté de moi s'en rend compte je n'aurais pas le temps de fuir. Je réécris un code par dessus l'ancien, frustrée de m'être fait prendre. Mon cœur s'emballe, dans quelques instant la police va débarquer et me condamner à mort pour traitrise, après toutes ces années à être un fantôme il a fallu d'un liasse de billets neufs pour que ma position soit révélée. 

- les mains en l'air.

Agacée, je soupire et me tourne vers le traite, il braque un pistolet électromagnétique sur moi. 

- Bien tenté, sourié je avant d'appuyer sur la touche echap. 

Il se met à crier de douleur et s'effondre sur le sol en se tenant la tête entre les mains. Je n'attends pas plus longtemps avant de copier la mémoire de mon ordinateur sur une clé que je mets autour de mon cou. Je verse le reste de mon soda sur la machine qui se met à grésiller avant de collapser, et pour être sure que rien ne soit récupérable, je brise le tout contre le mur avant de m'enfuir par la fenêtre. Une fois dans la rue, j'entend au loin les sirènes de la police s'approcher de l'endroit où je me trouve. Ils savent qui je suis désormais, il y avait un mouchard dans la puce, ils ont vu mon visage, je suis foutue. Malgré le désespoir qui coule dans mes veines, je me mets à courir. 

Tu ne fais que gagner du temps. 

Mes poumons se compressent sous l'effort et l'adrénaline porte mes pas aussi loin que possible. Je ne sais pas où aller, je ne peux pas fuir, ils finiront par me retrouver un jour où l'autre. 

Il y a un endroit que la police n'ose pas approcher. 

Les flashs de la nuit passée avec le scorpion blanc me reviennent en mémoire, il est le seul qui pourrait me sauver et pourtant s'il me retrouve il me tuera sans hésiter. Je me souviens de ses hurlements et de la promesse qu'il m'a faite, cet homme n'est pas du genre à épargner ses ennemis. 

- la voilà !

Je ne prend pas la peine de me retourner pour savoir que deux policiers sont sur mes pas. Je cours de toutes mes forces vers je ne sais où. Ils se mettent à tirer, la première balle m'effleure la joue et la deuxième se plante dans le bas de mon dos. Je cris, mais je résiste à l'envie de m'écrouler et je puise dans mes dernières ressources d'énergie pour fuir. Mon instinct me hurle de retrouver le scorpion blanc, je n'arrive plus à penser à autre chose. Si j'arrive à bien négocier je pourrais peut être le convaincre de m'épargner, ce qui ne sera jamais le cas avec l'état. Et merde ! dans tout les cas je risque la mort, autant aller vers l'option qui me permet de négocier un sursis. Mon dos me lance atrocement et je jure en voyant la trainée de sang derrière moi. Mes muscles fatiguent et ma vue commence à se brouiller, mais je continu, je sais où aller, je sais où trouver le scorpion. Je tourne à un coin de rue et je soupire de soulagement en voyant la porte arrière d'une boîte de nuit s'ouvrir, celle dans laquelle on s'est rencontré il y a un an. Je bouscule la serveuse et ses sacs poubelles et entre dans l'espace bruyant et grouillant de monde. La musique me perce les tympans et la plupart des gens sont déjà bien alcoolisé et/ou sous gaz hilarant. Je me fraie un chemin dans la foule en grimaçant à chaque fois que quelqu'un me bouscule et touche ma blessure. Je joue des coude et des mains pour essayer d'échapper aux policiers qui, je le sais, sont toujours derrière moi. Mes forces s'amenuisent à mesure que je m'avance vers le carré VIP, mais je ne vois nul part celui que je cherche. La panique me serre la gorge, s'il n'est pas là ce soir, tout mon plan tombe à l'eau. Je m'approche d'un loubard. 

- je cherche le scorpion blanc ! hurlé je par dessus la musique

- Le scorpion n'est pas quelqu'un qu'on cherche. 

Merde ! Je regarde autour de moi, désespérée de trouver des mèches blanches parmi la foule, mais je ne vois rien. 

- haut les mains !

Je serre les dents et soupire, avant de lever mes mains au ciel et de me retourner vers les deux policiers braquant leurs armes vers moi.

- bien joué, sourié je.

- ne fais pas la maline, à genou.

Je souffle mais j'obéis. Autour de moi personne ne dit rien, chacun se mêle de ses affaires, c'est très commun de voir quelqu'un se faire arrêter par la police en plein milieu d'une soirée, pas de quoi attiser la curiosité. J'attends que les policiers s'approchent et me place les menottes aux poignets mais ils n'en font rien. Ils restent planté là à me fixer, hésitants. 

- je ne mords pas, me moqué je.

- moi si. 

Une voix semblant sortir tout droits des ténèbres resonne au dessus de ma tête. 

Il est là.

Je reste figée sur place, incapable de déglutir ou de respirer et je regarde les deux policiers ranger leurs armes et partir. Mon cœur tambourine contre ma cage thoracique et je rassemble toutes mes forces pour lever la tête. Deux iris gris pâle me fixent, ses cheveux blancs sont attachés en chignon las et la cicatrice laissée par mon couteau barre son nouvel œil gauche. 

- tu es venu finir ce que tu as commencé ?

Je fais un sourire gêné et entreprend de me redresser, mais il agrippe mes cheveux et me maintiens cloué au sol. Il s'approche lentement de mon visage, jusqu'à ce que je ne puisse plus voir que ses yeux et me souffle :

- je te préfères à genou.  

Voyant que je ne répond rien, il tire un peu plus sur mes cheveux. 

- tu n'as rien à dire ? Tu as perdu ta langue depuis la dernière fois "celle qu'on ne nomme pas" ? 

- désolé, sourié je en regardant ses lèvres. 

Il tire mes cheveux et m'oblige à reporter mon attention sur lui. 

- donnes moi une seule bonne raison de ne pas te tuer. 

- je pourrais te remercier de tellement de façon différentes, soufflé je en humidifiant mes lèvres. 

J'ai envie de rire en voyant l'expression de stupeur passer sur son visage, mais je me contente de garder un air amusé. Je devrais avoir peur de lui, je devrais craindre ce qu'il est capable de me faire, il est cruel et sans pitié, pourtant me  voila en train de jouer avec ses nerfs.

Tu n'as décidemment aucune envie de vivre. 

- Ta vie m'appartiens désormais, déclare t'il en me relâchant.

- qu...quoi ? 

Une boule se serre dans ma gorge. 

- je suis une femme libre. 

- plus maintenant.

Ma vue se brouille. Il n'est pas question que j'appartienne à qui que ce soit, j'ai lutté pour ma liberté, je ne peux pas y renoncer maintenant. 

- je peux être utile autrement, je sais coder, je sais faire disparaitre les gens, négocié je.

-  Tu seras utile ne t'en fais pas, ma la liberté ne fait plus partie de tes privilèges. 

- tu n'as pas le droit ! craché je.

Une rage sombre me ronge le cœur. Il n'a pas le droit de me prendre la seule chose que j'ai. Je le vois s'éloigner sans m'adresser un seul regard. Je me redresse et me jette sur lui, mais mes jambes flanchent sous mon poids et je m'écroule. je perds trop de sang et je n'ai plus assez d'énergie pour me maintenir éveillée. La douleur m'arrache une grimace et les ténèbres m'enveloppent. La dernière chose que je vois, c'est le visage du scorpion blanc me faisant un demi-sourire, une expression bien plus cruelle que n'importe qu'elle autre. 


Scorpion blancWhere stories live. Discover now