Chapitre 11

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Prohibition

- qu'est ce qui s'est passé ? S'inquiète Abi en arrivant à la conclusion qu'il ne m'a pas blessé.

Je cherche les mots justes pour lui répondre, mais il n'y en a pas. Je ne pourrais pas lui expliquer la situation sans avouer que j'ai quelque chose à cacher. Voyant que je ne répond pas, Abi soupire et m'invite à m'assoir.
Elle prend mes cheveux entre ses doigts experts et commence à les démêler. Je ne dis rien, encore perturbée par le regard du scorpion.

Une promesse.

Je frissonne et mes doigts s'agrippent au tissu déchiré de mon haut jusqu'à devenir blancs.

- je vais aller te chercher de quoi te changer, propose Abimola en retirant ses mains de mes mèches.

- non, après.

Elle ne résiste pas longtemps. Nos regards se croisent dans le miroir quand elle repasse ses doigts entre mes boucles. Je sais ce qu'elle pense, elle est persuadée que je l'ai cherché, je lui ai donné assez d'éléments jusqu'à présent pour qu'elle me trouve imprudente et trop peu consciente du danger qui m'entoure. On reste ainsi jusqu'à ce qu'elle se détourne pour se concentrer sur sa tâche. Elle humidifie mes cheveux avec un spray avant d'y repasser ses doigts, puis un peigne à grosses dents. Cette fois ses gestes sont délicats, chacun de mes noeuds est apprivoisé avec douceur, jusqu'à ce que mes longues boucles brunes se mettent à reposer sur mes épaules. De grosses gouttes d'eau perlent de mes mèches et imbibent le coton de mon vêtement. La matière se colle contre ma peau mais ce n'est pas désagréable. Je ne me souviens plus de la dernière fois que quelqu'un a pris soin de moi comme ça, je ne sais même pas si ça a déjà été le cas dans ma si misérable vie.

Il y a bien quelqu'un

Un visage flou m'apparaît et un nom se bloque sur le bout de ma langue. Je fronce les sourcils pour essayer de me rappeler, mais je fini par laisser tomber, ces souvenirs sont trop loin dans le passé, trop abîmés. Je resserre mes doigts sur le tissu de mon vêtement en prenant de grandes inspirations.

- je vais te faire une tresse.

Je ne dis rien, je la laisse séparer mes cheveux en trois sections. Quelqu'un frappe à la porte. On se regarde toute les deux à travers le miroir. D'autres coup retentissent, hésitants, solennels. Il ne peut pas s'agir du scorpion. Abimola semble arriver à la même conclusion parce qu'elle crie :

- entrez !

Quelques instants plus tard, le battant s'ouvre et Armel apparaît. Il nous fait un mouvement de tête respectueux avant que ses yeux ne s'attardent sur mon tee-shirt dechiré. Il esquisse une grimace gêné. Je sais que certains de mes tatouages sont visibles et jure intérieurement à l'idée qu'il puisse s'y attarder.

- tu n'apprécie pas la vue ? Demandé je pour l'obliger à détourner les yeux.

Il lève vers moi une expression horrifiée et commence à balbutier des excuses à peine compréhensibles. Je lui fais un sourire.

- tu n'es pas mon style non plus.

Son visage s'empourpre à une vitesse impressionnante. Abimola pouffe un rire étouffé en continuant de me tresser.

- je suis venu vous apporter ça.

C'est à ce moment que je remarque ce qu'il tient entre les mains, un tee-shirt identique à celui que le scorpion a déchiré. Je fronce le nez. Il pense pouvoir me faire oublier avec un tee-shirt neuf ? Je ne suis pas aussi crédule.

Scorpion blancOù les histoires vivent. Découvrez maintenant