Chapitre 7

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Bercail

Je m'avance rapidement vers le dressing où m'a conduit Armel la veille, suivie de près par Abi. Une fois à l'intérieur, j'enfile un pantalon cargo sombre puis un teeshirt choisit au hasard dans la pile qui s'offre à moi. Je me mets ensuite à chercher un foulard.

Une cagoule serait mieux vu ta situation.

Je ne trouve rien parmis les étoffes soigneusement pliées que je jette par terre. Rien non plus dans le tiroir à culotte, ni dans la penderie. Je jure dans ma barbe, la patience n'étant pas une de mes qualités première.

- qu'est ce que tu cherches ?
- un truc pour me cacher le visage.
- pourquoi faire ?

Je me redresse pour la fixer, avec l'impression qu'elle se moque de moi.

- pour ne pas qu'on me reconnaisse.
- il se passe quoi si on te reconnaît ?

Je hausse les sourcils, avant de me rendre compte qu'elle ne sait vraiment pas qui je suis.

- parce que quand on va au marché noir mieux vaut être discret, me contenté je de lui répondre.

Je reprend ma recherche en rouvrant les mêmes tiroirs comme si par miracle un foulard allait apparaître.

- tu as qu'à déchirer un truc.
- même si le scorpion me laisse me servir dans les habits de sa femme je ne suis pas sûre qu'il me laisse les détruire, rié je.
- ce ne sont pas les habits de sa femme.

Surprise, je me tourne vers elle. Encore une fois l'expression de son visage ne laisse pas imaginer un plaisanterie.

- ils sont à qui alors ?
- j'en sais rien, mais ce n'est certainement pas le dressing de sa femme.

Convaincue de sa sincérité, je m'empare d'un haut que je trouve particulièrement laid et le déchire pour me couvrir le bas du visage.

- c'est pas très discret, commente Abi en dévisageant les motifs de couleurs vives sur le tissus.

Je lève les yeux au ciel et lui tend l'autre morceau pour qu'elle fasse de même, avant d'attacher nonchalamment mes cheveux en chignon.

***

Une fois dehors, je ferme les yeux pour profiter de l'agréable brûlure du soleil. Quelques particules de poussières s'infiltrent à travers mon foulard et un vent lourd me lèche la nuque.

- on doit trouver un taxi ?

Je lance un regard amusé à Abi.

- tu n'es jamais au marché noir toi.
- je ne trempe pas dans les affaires bizarres moi.

Elle évite mon regard et se dandine légèrement sur ses jambes. Elle tente de masquer son angoisse.

- une grande gueule pour pas grand chose en fait, sourié je.

Je ne lui laisse pas le temps de riposter, je m'avance rapidement sur l'asphalte brûlant, elle à ma suite. J'observe autour de moi, les passants, les femmes faisant voler des poussettes près d'elles, des hommes sur des plaques volantes, des livreurs sur des vélos à propulsion. Personne ne semble remarquer ma présence.

Scorpion blancWhere stories live. Discover now