Chapitre 10

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Effervescence

Une électrode posée sur mon crâne est reliée à un des écrans par un câble trafiqué de fils de chargeur et de carte mémoire. J'observe les données d'un air concentré, en faisant abstraction de la douleur que cela me provoque. Les protections mises en place sont bien plus élaborées que ce que j'ai vu jusqu'à présent. Il y a au moins une dizaine de parfeu finement élaborés, tous reliés entre eux par des codes de compression. Cela doit faire maintenant 3 bonnes heures que j'essaye de briser ces boucliers.

Sans succès.

Je rage, frustrée de constater que mes compétences de hackeuse trouvent leurs limites.
Une vague violente me submerge le crâne et m'oblige à cesser ce que je fais. J'ai l'impression que l'on me transperce le cerveau à l'aide d'un couteau passé à chaud. Un cri m'échappe.

- il arrive ! M'informe Abi en passant la tête dans l'encadrement de la porte.

La vague de douleur se retire lentement, laissant place à un vertige désagréable. Je cligne des yeux plusieurs fois pour me redonner de la contenance.

Il ?

- qui ? Coassé je.
- le scorpion !!

Je lève les yeux vers une jeune femme affichant un air ahuri. Les tâches blanches qui meublent son visage fin, semblent palpiter à la lueur des ampoules. Je fronce les sourcils, qui est elle ? Elle s'approche de moi en jetant des regards effrayés par dessus son épaule.

- qu'est ce qui te prend !?

Voyant que je ne réagis pas elle me secoue par les épaules. Ses doigts s'agrippent à ma peau avec désespoir me faisant presque mal. Elle s'adresse à moi avec familiarité, je ne comprend pas. La panique creuse son visage et elle me secoue une seconde fois.

- il peut pas te voir trafiquer ta puce !
- la puce ?

Mon regard se pose sur le câble me reliant à un des écrans. Je le prend entre mon pouce et mon index et me laisse guider jusqu'à l'électrode posé sur ma cicatrice. La puce. Le scorpion. La puce dans mon cerveau. Le scorpion qui me l'a implanté.

Il arrive.

J'écarquille les yeux et me dégage de l'étreinte d'Abi d'un mouvement d'épaule. Avec un juron, je ferme la fenêtre, je me débranche et je cache le câble dans mon pantalon. Je sors doucement de l'était d'hébétude dans lequel j'étais plongée. J'entends des pas dans le couloir, mon cœur tambourine dans ma poitrine à un rythme effréné. Je secoue la tête pour me débarrasser d'un vertige tenace. Mes doigts cliquent agilement sur les raccourcis clavier malgré la peur qui noue mes articulations et ma vue qui se brouille de points noirs. Je reviens rapidement sur la fenêtre des recherches et soupire de soulagement une fois que je suis hors de danger. Les pas se rapprochent, je sens à travers ma puce qu'il n'est plus très loin, son aura pèse contre mon cerveau et m'enveloppe entièrement. Je patiente, une repartie toute prête au bout de la langue. Mais il ne s'arrête pas, il poursuit son chemin dans le couloir sans même passer un œil à travers la pièce. Je pourrai l'ignorer, je devrais sans doute le faire d'ailleurs, pourtant inexplicablement je me redresse et me dirige vers la porte, un brin agacée d'être ignoré ainsi.
Même encadré de ses hommes, je remarque tout de suite le scorpion, les épaules tendues contre le tissus de son ensemble blanc. Il est déjà loin dans le couloir avançant tel le prédateur qu'il est, agile et silencieux. J'ouvre la bouche pour l'interpeller, mais Abi me retient en me faisant signe de faire profil bas.

Scorpion blancOù les histoires vivent. Découvrez maintenant