- 25 - Penny

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Je n'ai plus la motivation de faire quoi que ce soit. Je sais pertinemment que je perds du temps et je ne compte pas accélérer. J'erre dans la cuisine alors que ma mère essaie de me presser tant bien que mal mais ça ne fonctionne pas, je n'arrive pas à trouver la motivation.

– Penny ne m'oblige pas à t'emmener en voiture!

Je ne lui réponds pas, et la rejoins sans un mot dans la cuisine pour mettre mon bol dans l'évier. Je repars immédiatement en traînant des pieds, l'ignorant presque.

– Pénélope!

Je me fige en réalisant le comportement que j'ai adopté envers elle et m'en veux immédiatement.

– Pardon maman... marmonné-je sans pour autant me retourner.

– Ma chérie, je n'imagine même pas à quel point ça doit être dûr à vivre mais tu vas le surmonter je te connais.

Je me retourne, la tête complètement baissée, et me laisse tomber dans les bras de ma mère qui se tenait juste là. Je ne m'habituerai jamais à être plus grande qu'elle je pense mais j'essaye de mettre cette pensée de côté.

– Pourquoi c'est toujours à moi que ça arrive maman?

– J'en sais rien mon chaton, mais tu es forte, c'est une lourde opération certes mais si c'est notre dernière chance pour que tu puisses retrouver tes jambes alors il le faut.

– Je ne veux pas... commencé-je avant de finir de manière inaudible, vous infliger ça.

Elle ne semble pas l'entendre car je n'aperçois aucune réaction de sa part. Je me détache alors d'elle pour récupérer mes affaires laissées dans le salon.

Je n'ose pas regarder l'heure avant d'avoir passé la porte de la maison et c'est exactement ce que je pensais, je vais être bien en retard. Si je pouvais courir j'aurais sûrement pu limiter la casse mais vu les dernières nouvelles sur mes genoux, c'est bien la dernière chose dont j'ai envie.

Les cinq minutes de marche qui me séparent du portail de mon établissement me paraissent durer une éternité, au point où je me demande si à cette vitesse je n'arriverais pas à l'heure pour le premier cours de demain.

Je me rends compte que plus j'avance et plus je me sens mal. Une énorme boule se forme dans mon ventre et j'ai simplement envie de faire demi-tour. J'ai un très mauvais pressentiment.

Je jette un coup d'œil à mes genoux, tous deux incapables de respirer sous ces équipements qui étaient censés les aider à tenir le coup. Quelle blague! Le docteur est formel, leur état s'est dégradé à une vitesse hallucinante en quelques mois et je vais devoir repasser sur la table opératoire.

Ça serait mentir de dire que j'ai été la personne la plus assidue vis-à-vis des instructions ou même de mes attelles et je regrette maintenant alors que ça n'est sûrement pas la cause principale. Je n'ai plus envie de sortir de chez moi, ou alors ne plus y retourner. Dans tous les cas, je n'ai pas envie de retourner en cours. Me faire dévisager ou je ne sais quoi.

Je pousse un soupir quand le portail de l'académie se dresse devant moi. Plus personne n'attend devant, la rue est déserte et c'est toujours avec aussi peu d'entrain que je passe mon badge sur la grille qui s'ouvre à ce simple contact. Le mauvais pressentiment ne m'a pas lâché et je suis étrangement attentive à tout ce qui m'entoure. Je sursaute même lorsque deux sportifs apparaissent soudainement en trottinant.

Je commence vraiment à me monter la tête pour rien. Je me gifle par la pensée pour me calmer, ennuyée par mon propre comportement. Je me rends compte au même moment que j'ai cours de littérature anglaise mais que je ne me rappelle pas dans quelle salle je suis. Je fais rapidement passer mon sac à dos à l'avant pour chercher mon emploi du temps, en vain.

Just teens InLoveWhere stories live. Discover now