14. Mon précieux

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Mayce

L'adrénaline rend cette situation grisante, je me sens gagnée par l'euphorie en posant mes bras contre ses épaules. Les pointes de ses cheveux blonds viennent me chatouiller les poignets. Je frôle sa nuque de mes ongles. Sa peau est agréablement lisse, mes doigts y glissent sans accro. Je parcours chaque centimètre à découvert jusqu'à atteindre la base de son t-shirt d'où j'en suis délicatement la couture.

Ses mains restent nonchalamment dans ses poches pendant que je l'explore. J'agis naturellement, sans réfléchir. Comme convenu, il ne se permet aucune liberté avec mon corps et le voir tenir sa parole me met à l'aise pour la suite.

C'est la première fois que je touche un homme et même si la situation l'oblige, j'y prends un malin plaisir.
Lorsqu'il découvrira mon identité, il m'haïra si fort que ce souvenir le hantera à chaque instant. Lui, avoir accepté volontier qu'une sorcière le touche ? Il ne s'en remettra pas.
Il a peut-être réussi à gagner quelques points en me faisant tomber dans le vide et en me clouant à mon siège mais il ne gagnera pas cette partie.

- Ta nouvelle marque te plaît ? demande-t-il alors que mon corps se rapproche dangereusement du sien.

Il ne bronche toujours pas. Il me laisse la liberté qui m'a été arrachée, celle de décider et pour ça je l'admire.

Lorsque nos corps entre en collision, j'aimerais pouvoir en conclure que nous sommes incompatibles, que nos êtres se repoussent comme des aimants aux pôles identiques, que notre proximitée est insupportable mais c'est un tout autre constat qui s'impose.

- Très ! Tu es si puissant que tu peux évincer n'importe qui, ça me plait, dis-je d'une voix que je ne reconnais pas.

Qu'est-ce qui m'arrive ? J'ai envie de tousser pour éloigner le malaise que je ressens mais notre public ne doit pas avoir le moindre doute. Je ne dois pas perdre mon objectif de vue, peu importe à quel point j'ai envie de me blottir contre mon faux petit-ami.

Il est temps de détruire l'ego de Josh pour qu'il parte la queue entre les jambes. Lui qui se vantait d'avoir tiré le gros lot en se dégotant une petite vierge et si ça aussi, ça lui passait sous le nez ?
J'espère que mon binôme saura donner le change.

- Tu ne seras pas déçu, toi non plus, je reprends avec une fausse timidité.

C'est si facile de jouer pour blesser. La vengeance court dans mes veines, brûlant tout sur son passage. Elle me rend téméraire.

- Ah bon, pourquoi ça ? demande-t-il avec intérêt.

Je me détache légèrement de lui, pour planter mes yeux dans les siens. Il ne voit que des verres teintés qui lui renvoient son propre reflet.
J'ai cet avantage de pouvoir le déchiffrer pendant qu'il tâtonne.

- Personne ne m'a jamais touchée...

J'observe ce que ces paroles provoquent, il n'y réagit pas. Il comprend que c'est une ruse et il est loin de se douter que c'est la réalité.

- Et le loup, demande-t-il en se rapprochant sans me toucher.

Il ne reste qu'une infime distance entre nous, quelques centimètres tout au plus. Il me laisse le choix de le rejoindre ou non.

Je lance le coup de grâce avec une voix légère :

- Il avait des problèmes érectiles m'ont confiées les louves de sa meute, je ne vais pas m'en plaindre.

Mes épaules se soulèvent dans un geste désinvolte. Les lèvres d'Arwan se relèvent, dans un sourire complice. La scène est tellement fluide qu'on se laisse porter sans se poser de questions.

Un grand final nous attend pour clôturer le spectacle, nous le savons tous les deux. Être grandiose pour ne pas recommencer ce cirque, c'est le deal. Arwan penche légèrement la tête pour vérifier que je suis toujours partante.
Évidemment que oui !

Je l'attrape par la nuque et comme convenu, il pose ses mains uniquement sur mes hanches pour me soulever dans ses bras. Ça me rappelle le premier jour où on s'est rencontré sauf que ses ailes sont cachées, comme toujours depuis. Il m'entraîne vers le lit, qui est hors de vue. Nous tombons tous les deux dessus dans un craquement sonore.

Il attrape sa tablette et enclenche une vidéo de porno assez bruyante pour qu'on n'ait plus qu'à sauter sur le lit pour ajouter un peu de crédibilité. Je lui tends les mains pour qu'on se redresse, il les saisit et on saute de concert sur le matelas.

Arwan s'est contenté de se laisser guider sans jamais rien imposer. Il lâche prise facilement. Je l'envie alors que nous sautons, encore et encore. Le lit proteste à chaque bond. Nous nous sourions comme deux complices qui viennent de commettre un larcin.

C'est un jeu dangereux auquel nous jouons. Ça nous rapproche, crée une bulle d'intimité autour de nous et même si c'est pour de faux, ça paraît réel.

- Ils sont partis, m'informe-t-il en s'arrêtant net.

Ploc !
La bulle n'existe plus.

Il descend du lit, tape sur la tablette pour couper le son et va fermer les tentures. Voir un homme se comporter autrement que comme un prédateur ou un mâle alpha me surprend. Est-ce que c'est dans sa nature d'être si délicat ou ça fait partie du jeu ?

Je me laisse tomber sur le lit en rebondissant, avant de sauter à terre. Mes pieds s'enfoncent dans un amas de couvertures posées sur le tapis.
Le lit du perdant.

Le mien est énorme, il est fait pour deux êtres surnaturels donc les dimensions sont phénoménales. Ça fait au moins quatre fois la taille de mon ancien lit deux personnes. On devrait pouvoir dormir dedans sans se toucher mais partager le même lit, énorme ou pas, me terrorise. Il est clair que c'est tout sauf une brute mais c'est trop intime pour que je cède là-dessus.

Neiya déboule dans la pièce avec une montagne de boîtes à pizza. Je n'avais pas faim mais ça, c'était avant de les voir.

- Soirée films, Wyatt m'a lâchée ! Je vous préviens, c'est Hunger Games ou rien, déclare-t-elle en s'installant sur l'énorme lit.

Arwan se joint à nous et s'approche de mon précieux.

- Hors de question ! m'exclamé-je en barrant le passage de ma jambe. Tu vas t'endormir dessus et tu pèses une tonne.

- Neiya pourrait me soulever facilement, rétorque-t-il.

- Elle rêve de nous voir dormir dans le même lit, elle n'arrête pas de parler de ses livres et d'une trote qui s'appelle : one bed.

- Une trope ! Toutes ses heures à t'éduquer pour que tu me blesses ainsi, me taquine-t-elle en levant exagérément ses yeux au ciel.

Arwan se résoud à s'assoir par terre, sur son tas de couvertures, le film est à peine lancé qu'il s'endort dans une position improbable.
Ça fera plus de pizza pour nous !
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Le 14/12/2023

Hey !
C'était tendu entre nos deux têtes de mules 😏
Arwan est bien parti pour ne jamais retrouver le confort de son lit ! XD

Love contrat Où les histoires vivent. Découvrez maintenant