32. Comment se faire jeter : cours n°1

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Mayce

Le froid pénètre mes vêtements, il mord les endroits où ma peau nue se révèle. Je devrais trouver ça désagréable, me relever d'un bond mais je suis incapable de bouger.
Je ne le peux pas.

Une tête blonde, les cheveux ébouriffés par notre chute, me fixe avec intensité. Penché sur moi, il agrippe toujours mon poignet avec force. L'autre main, posé à côté de ma tête, lui sert d'appui pour ne pas m'écraser de son poids. Notre proximitée fait naître un désir qui me cloue sur place. C'est à peine si j'arrive à respirer.

Ma main libre me démange de le toucher, d'enfouir mes doigts dans ses mèches blondes, de goûter à la douceur de sa peau. Les battements de mon cœur se font désordonnés, pulsant avec force contre mes tympans. Ses yeux d'un bleu aussi profond que l'océan parcourent chaque centimètre de mes lèvres, comme une caresse délicate. Un frisson me parcourt, accentuant sur son passage cette tension qui me rend bien trop consciente de son corps plaqué sur le mien. J'aimerais serrer les jambes pour la faire disparaître, mes cuisses heurtent malencontreusement les siennes dans la manœuvre. Un grognement lui échappe alors que mon geste l'a rapproché involontairement. Son bassin se presse contre mon intimité qui se met à palpiter. Son souffle rapide se mêle au mien, erratique. Je baisse les yeux vers ses lèvres charnues, désirant les sentir recouvrir les miennes.

Il se reprend le premier, lâchant mon poignet comme s'il l'avait brûlé. Il se redresse, fuyant mon regard.
Il se racle la gorge avant de demander d'une voix enrouée :

- Ça va ?

Son malaise me traverse comme une lame glaciale.

Je n'ai pas le temps de répondre qu'il reprend :

- Je devrais m'excuser. Je ne voulais pas que ça se passe comme ça, je sais à quel point tu détestes te retrouver dans une position que tu ne contrôles pas et je ne veux pas te faire fuir mais je...

Il laisse un blanc, cherchant avec peine ses mots. L'esprit toujours embrumé par ces dernières minutes, je me repasse ses paroles avant de comprendre où il veut en venir.
La dernière fois qu'on s'est retrouvé dans une telle position, j'étais terrorisée donc il pense avoir été maladroit, cette fois encore.

Il se trompe sur toute la ligne et je n'ai absolument pas envie de le fuir, il est temps de clarifier les choses.

- Ce n'est pas la peur qui faisait battre mon cœur si vite, Arwan.

Je touche son bras, l'obligeant à pivoter vers moi. Doucement, mon index vient se glisser sous son menton. Ce contact m'envoie une décharge électrique, l'attraction est si forte que lutter devient affreusement douloureux. Je discerne la même folie dans ses iris alors dans un élan de courage, je plaque mes lèvres contre les siennes.

Sous le coup de la surprise, il n'esquise pas le moindre mouvement. Il laisse mes lèvres parcourir impatiemment les siennes avant de m'attirer à lui. J'ai l'impression de respirer pour la première fois alors que je peine à reprendre mon souffle sous ses assauts. Mon corps n'en a jamais assez, il se glisse contre le sien, cherchant à être plus près. Mes mains passent sous son haut, parcourant son dos. Sa peau, délicieusement brûlante, se couvre de frissons.

Il s'écarte, haletant.

- Nous ne devrions pas compliquer les choses, déclare-t-il.

Blessée par ce rejet soudain, en proie aux pires doutes, je l'observe fixer l'horizon. Il se passe une main dans la nuque, le dos raide.
Ai-je fait quelque chose qui lui a déplu ? Peut-être que c'est juste moi qui lui déplaît... Après tout, je suis toujours ce qu'il hait le plus.

Soudain, les blessures se réouvrent. La petite Mayce me souffle qu'on ne sera jamais assez bien pour personne, qu'on sera toujours celle qu'on abandonne.
Je veux qu'il me dise la vérité, qu'il arrête de jouer.

- Tu regrettes d'avoir mélangé ta salive avec celle d'une sorcière, c'est ça ? dis-je d'un ton plus cinglant que je ne l'aurais voulu.

Me regarder lui semble intolérable, mon cœur brûle d'une douleur bien connue. Finalement, sorcières, hybrides, vampires, lycans, ils sont tous pareils.

- Parle ! Arrête de m'ignorer Arwan. Tu me rends un baiser plus que passionné avant de me rejeter. Qu'est ce qu'il y a ? Tu t'es souvenu de qui j'étais après coup ?

La colère de cette injustice me serre le cœur.

- Si tu oublies qui je suis, ça te va n'est-ce pas ?

- Rentrons, ordonne-t-il comme si j'étais à ses ordres.

- Je n'irai nul part avec toi, craché-je avec véhémence.

Je dévale la pente à toutes jambes pendant que les larmes roulent sur mes joues. Aucune main ne vient attraper mon bras, aucune phrase ne me retiens.
J'aimerais qu'il ne me laisse pas partir.

La neige ne tarde pas à traverser mes chaussures, mouillant mes chaussettes au passage. Mes pieds sont gelés maintenant et ma colère ne suffit plus à me protéger du froid. Je décide d'aller m'abriter sous la petite forêt qui se dessine à l'horizon. Je suis certaine que ces sapins n'ont pas laissé passer un seul flocons.

Là-bas, à l'abri, j'aurai tout le temps de réfléchir à la suite.

Un cri horrible déchire l'air. Le sol se met à trembler, À genoux dans la poudreuse, j'en ressens les vibrations. Non mais c'est quoi ça ?

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Le 15/02/2024

Hey !
Beaucoup de changements de température par ici 😏🤭
Ce malentendu va les amener à faire un petit bout de chemin séparé.
Enfin, ils ne seront jamais bien loin l'un de l'autre...

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