35. La torture est un hobby comme un autre...

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Arwan

L'eau glacée s'enfonce dans ma trachée, rejoignant mes poumons. Je suffoque des minutes interminables avant que Yuna ne reprenne l'eau d'un geste de la main. Crachant, à genoux, je cherche l'air qui me manque.

- Où se cache-t-elle ? demande-t-elle.

Ça fait des jours que ça dure, l'épuisement est tel que ma vue se trouble, ma tête tourne au moindre mouvement. J'espère que Mayce aura su trouver une manière de s'en sortir, comme toujours.

- Il ne répondra pas, autant le tuer, suggère la fille couverte de runes.

Elle vient de traverser le passage entre la Terre et cet entremonde en bonne compagnie. Une poignée d'esclaves humains, tous mâles, qu'elle a rapidement délégué à d'autres.
Il ne reste pas un seul millimètre de sa peau visible, les gribouillis se superposent par endroit, empêchant de voir ses traits. De l'encre a été injecté dans ses yeux, les rendant entièrement noirs. Pour avoir besoin d'être ainsi protégé, elle doit être la plus précieuse du Clan.

- Ça gâcherait le plaisir, je ne t'apprends rien.

Un rire guttural franchi ses lèvres noircies.

- Je préléverai son sang pendant que son cœur bat encore, nous saurons bientôt où elle se trouve.

Affaiblit par ces jours de supplices divers et variés, je la regarde approcher ses longs ongles aiguisés comme des couteaux vers mon visage.

- C'est à moi, tonne Yuna.

- Hum, dommage.

Ses ongles se dirigent plus bas, face à mon cou. Un cri d'alerte l'empêche d'aller au bout de son geste, l'agitation se répand dans le village comme une traînée de poudre. Toutes les femmes se précipitent vers la montagne en hurlant des ordres que je ne comprends pas. Un mauvais pressentiment me noue le ventre.

Yuna ne tarde pas à confirmer mes craintes d'un sourire victorieux. Tout ce branle-bas de combat est pour Mayce... Elles l'ont trouvées. Elle est vivante.
Le soulagement et la crainte m'envahissent. Mon cœur palpite d'appréhension alors que le démon exulte.

Ses cuisses viennent frotter mon menton, elle empli mon champ de vision. Ses mains effleurent ses courbes, mises en avant par sa combinaison aussi collante qu'une deuxième peau. Ses yeux brillent d'un éclat malsain.

- Maintenant que le problème est réglé, rattrapons le temps perdu. Qu'en dis-tu ?

Elle n'attend pas de réponse et d'un geste, elle attrape mes liens et me tire à sa suite. Nous nous retrouvons au milieu d'une immenses clairière où la neige a laissé place à des hautes herbes et des fleurs sauvages. Nous avons quitté l'entremonde pour retrouver la Terre.

Elle m'oblige à m'agenouiller avant de s'assoir à mes côtés. Je me visualise l'étrangler avec mes liens. Si seulement j'en avais encore la force.

- Chez les sorcières, la première fois est importante, tu sais pourquoi ? demande-t-elle en se penchant vers moi.

J'aimerais m'éloigner mais mon corps ne répond plus, subitement. Elle utilise sa magie du sang, ça n'augure rien de bon.

- À 200 ans, ce sujet ne te concerne plus. Tu es plus que périmée.

Un éclair fugace traverse ses pupilles. Elle prend le temps de retrouver son calme avant de continuer.

- Quand une sorcière atteint la majorité, le Conseil lui remet une invitation. Cette dernière lui ouvre les portes de la maison des femmes.

Perdue dans ses souvenirs, elle fait une pause avant de reprendre :

- Quand elles la reçoivent, elles y courent toutes à la tombée du jour, fières comme un paon. Qui ne le serait pas, ce bout de papier signifie le passage de fille à femme. Enfin c'est ce qu'elles croient...

Elle revient à moi, me scrutant avec un intérêt malaisant. Il me faut gagner du temps.

- Elles vous apprennent à attirer une victime dans vos filets pour procréer, rien de nouveau. Vous deviez apprécier ce cours particulier digne de vous.

La claque résonne alors qu'elle siffle :

- Les hommes sont ensorcelés, ils ne souffrent pas contrairement à nous.

- Comment ça ? demandé-je, intrigué.

- Dans ce lieu, elles nous volent une partie de nous. Voilà pourquoi je me suis enfouie. Lorsque nous perdons notre virginité avec un homme, notre sang se mêle au sien, nous nous lions d'une certaine façon. Elles veulent à tout prix éviter qu'on ne se lie à un être puissant et qu'on augmente notre force. Elles doivent rester au sommet...

Elle me pousse du bouts des doigts et je tombe sur le dos, inerte alors qu'elle grimpe à califourchon sur mes jambes.

- Moi, j'ai gardé cette partie. Je serai immortelle, ma magie sera inégalée mais toi, tu ne seras qu'un outil. C'est ce que tu as choisi.

La peur me lacére la peau, l'envie de fuir est plus forte que tout alors qu'impuissant, j'assiste à mon déshabillage forcé.

- À la fin, tu seras à moi.

Ses mains se glissent sous mon t-shirt, elle évalue la marchandise alors que la bile remonte dans ma gorge. Sa langue râpeuse vient lécher la ligne de mes abdominaux jusqu'à ma ceinture. Son souffle érratique me révulse.

- Tu peux voler mon corps et ma magie mais jamais je ne serai à toi.

Elle se redresse en se léchant les lèvres. D'un geste, mon sexe se dresse contre ma volonté. Un sourire satisfait aux lèvres, elle ouvre la fermeture éclair de sa combinaison. Ses seins s'en échappent immédiatement, pressés eux aussi d'en finir.

- Ta vie me suffira, affirme-t-elle en soulevant son bassin au dessus du mien.

Fermant les yeux, je refuse de regarder son air suffisant un instant de plus. Sa moiteur imprégne mon gland qu'elle dirige entre ses chairs. Je visualise Mayce, c'est elle qui me chevauche. Ce sont ses cheveux noirs qui viennent effleurer mon torse. C'est sa peau laiteuse qui vient s'écraser contre moi. Hein ?

Ouvrant les yeux, Yuna me regarde fixement, étalée à moitié sur l'herbe. Un trou béant dans sa poitrine. Mes membres réagissent enfin.

Neiya se tient à contre jour, le cœur encore fumant de sa victime entre les doigts mais ce qui me surprend le plus, ce sont ses ailes déployées dans son dos.

- Rahh ! Je l'ai eu sous le nez pendant 9 mois, c'est bien assez, s'exclame-t-elle en agitant son doigt vers mon pantalon ouvert, la tête tournée de l'autre côté.

Un rire s'échappe de mes lèvres, je me tourne en lui demandant de défaire les liens dans mon dos.

- Tu as l'air en forme, Nei.

- Contrairement à toi, me taquine-t-elle.

- C'est Mayce ? demandé-je en sachant pertinemment la réponse.

- Elle a rencontré Neige, j'ai suivi tout leur échange. Elle m'a montré mentalement cette fille étrange qui lui disait de ne pas avoir peur. Tu te rends compte ? m'explique-t-elle, hilare.

- Il n'y a qu'elle pour dire ça à un dragon de plusieurs tonnes, dis-je en riant à mon tour.

- Viens, se reprend-t-elle, elles sont près d'Arkel.

Traître, tu n'as pas jugé bon de me dire tout ça.
Ordre de Mayce, microbe.

Comment ça, ordre de Mayce. Tu es mon dragon, mon protecteur, qu'est-ce que tu racontes ? Ne me dis pas qu'elle t'a embobiné comme un vulgaire petit chaton Arkel !
Peut-être bien...
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07/03/2025

Hey !
Voilà encore un chapitre où les personnages n'ont pas suivi le plan... 🙈
J'aime bien le résultat final mais où vont-ils nous emmener 👀

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