🐺 15. La Promise 🐺

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J'ai froid, pourtant je transpire à grosses gouttes. C'est la fièvre qui me fait trembler. Mon corps est parcouru de spasmes violents au point que je le sens se tendre. J'ai si froid que mes pieds douloureux ne bougent plus, comme une crampe ou comme s'ils étaient pris dans la glace. J'ai beau me débattre, rien ne bouge. Il fait si sombre tout autour de moi. Ce n'est pas la nuit, juste mes yeux qui ne veulent plus s'ouvrir.

« Tu es mienne ! » a annoncé une voix chaude et suave.

Non, je ne suis à personne ! Je ne suis pas un objet. Je ne suis pas soumise. Je suis libre et je prends moi-même mes décisions. Personne ne décidera jamais pour moi ! Il est déjà assez difficile de baisser les yeux et d'être discrète quand je croise des Loups, de détourner le regard lorsque je vois des Raven, de ne pas hurler quand je voix les prix augmenter et que les informations annoncent des guerres et qu'on soupçonne des famines à la frontière, quand je dois assumer que mon avenir dépend de ma condition d'humaine. J'ai la rage quand on me force à obéir. J'en veux à Zander de m'avoir menti, j'en veux à la Cour d'Argent de m'avoir forcé la main pour venir au château, j'en veux à Monsieur de m'avoir invité au bal et déguisée comme une princesse, j'en veux au capitaine de la garde de m'avoir pris mon sang sans mon consentement et j'en veux à ce loup dans la serre de m'avoir mordue en décrétant que j'étais à lui.

Et toute cette colère monte en moi au point de faire pulser mon sang dans mes tempes, de parcourir mes veines comme un courant brûlant, de réchauffer mon corps.

Je suis mienne ! Je suis libre ! Et tout individu devrait l'être aussi !

J'ouvre les yeux. Une lumière rouge m'entoure. Je tends un bras affaibli pour toucher ce halo pourpre. C'est cette même lumière que j'avais vue lorsque l'inconnu au chien avait agressé Jon dans la ruelle (enfin Zander). Je suis au centre de cette aura écarlate. Je crois... qu'elle vient de moi ? C'est moi qui irradie ainsi ?

Je cligne des yeux et le halo décroît doucement. Il rétrécit et fini par s'éteindre et ma colère avec. Lorsque je me redresse, je constate que je suis allongée dans un lit à baldaquin bleu, un feu crépite dans la magnifique cheminée, le soleil se lève à peine sur les jardins royaux que j'aperçois à travers la fenêtre de la chambre. Je suis donc toujours au palais. Ai-je rêvé d'un loup ?

Je me lève, vacillant sur mes jambes de coton et me dirige vers le miroir que j'aperçois sur la petite coiffeuse de bois blanc et m'assieds sur le tabouret associé à ce petit meuble. Je dégage la chemise de nuit de soie fine de mon cou.

Je déglutis. Non, ce n'était pas un rêve. La marque rouge d'une large morsure s'étend de mon cou à l'épaule et je grimace, plus de dégoût que de douleur.

La phrase « Marché conclu » semble retentir dans mon esprit.

- Saleté de loup ! je hurle en tapant du poing sur la coiffeuse, faisant sauter les brosses d'argent qui y sont posées.

- Maudire les Loups au sein de leur propre Cour n'est pas la meilleure idée qui soit !

Je me retourne aussitôt. Zander est assis sur la chaise qui bloque la porte d'entrée. Il s'étire comme s'il se réveillait d'une nuit trop courte. Il porte encore son costume de la veille.

- Toi et tes conseils je m'en passerai ! je grogne.

- T'es grognon dès le matin ? il s'amuse. Content de voir que tu es en forme. Tu dois mourir de faim, je vais te faire monter de quoi déjeu...

- Comment suis-je passée de la fontaine glacée à cette chambre et de ma robe de bal trempée à cette chemise de soie? je le coupe.

- La garde royale a été avertie de mouvement suspect dans la serre interdite, j'ai été dépêché sur les lieux pour t'aider à te sortir de la glace. Une servante est venue aider à te changer.

The Wolves CourtWhere stories live. Discover now