Chapitre 16

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Pourquoi faut-il que ma vie soit toujours tout, sauf simple ?

Je sais qui vient d'intervenir. Et ça ne me plaît pas. Mais alors pas du tout. Car il s'agit...de Loïs, avec qui je viens de rompre...

Raphaël s'est déjà levé. Pour ma part, je reste immobile, les yeux rivés sur mes mains crispées.

Si je n'interviens pas, Raphaël pensera que Loïs dit la vérité. Et il s'en ira. Loïs pensera alors que nous pourrons nous remettre ensemble, ce que je ne souhaite pas. Mais si j'interviens...il faudra que je trouve des explications à donner à Raphaël et que je discute avec Loïs, afin de mettre les choses au clair.

En fait, je dois choisir l'un de ces deux hommes. Et mon choix est rapidement fait.

J'ai besoin d'explications, et Raphaël aussi. Il faut mettre les choses au clair, et nous pourrons ensuite reprendre nos vies, chacun de notre côté, comme si nous ne nous étions jamais recroisés.

Il faut que j'agisse.

Je me lève brusquement du banc en évitant le regard de Raphaël, et me tourne vers Loïs. Je plante mes yeux dans les siens.

- Qu'est-ce que tu fais ici ?

Il croise les bras.

- Tu ne vas pas démentir ce que je viens de dire ? raille-t-il.

Je me crispe. Je commence à entrevoir un nouvel aspect de sa personnalité, qui me dégoûte. Pourquoi s'accroche-t-il tant à la pauvre chose insignifiante que je suis ?

- Je t'ai posé une question, Ophélia.

- Moi aussi, rétorqué-je.

- Je t'ai vue avec cet homme dans la rue, t je vous ai suivis jusqu'ici, soupire-t-il en détaillant Raphaël d'un œil dédaigneux. Et donc ? J'ai répondu à ta question, réponds à la mienne.

- Ophélia n'a pas de comptes à te rendre, intervient soudain Raphaël.

- Tu ne m'a spas vraiment répondu, je fais, à l'intention de Loïs, au même moment.

Mes yeux se tournent involontairement vers Raphaël, mais je serre les poings et dévie mon regard vers Loïs, au prix d'un grand effort.

Loïs fait mine de ne pas m'avoir entendue. Puis il me dit, les yeux rivés sur mon ex-fiancé :

- Alors, c'est ce genre d'hommes qui te convient ? Ceux qui sont riches ?

Son ton est si méprisant que je recule d'un pas, blessée par de tels propos, tandis que Raphaël s'avance pour dominer Loïs de toute sa hauteur.

- Écoute-moi bien, toi. Je ne sais pas qui tu es, mais tu as intérêt à bien tenir ta langue devant Ophélia. Ce n'est pas en lui parlant ainsi que tu la mériteras. Nous avons des choses importantes à gérer pour le moment, donc si tu pouvais laisser ton caprice d'enfant gâté de côté...ça nous arrangerait tous les deux. Et oui, je parle en mon nom et en celui d'Ophélia, car je sais parfaitement ce qu'elle ressent. Je la connais bien mieux que tu ne la connaitras jamais.

Après tout ce temps... Des larmes menacent de s'échapper de mes yeux face à un tel discours. Raphaël m'a toujours défendue depuis que nous nous sommes rencontrés, et il continue de le faire.

Loïs ne lui répond pas, et toise mon premier amour. Je le dévisage. Ai-je vraiment un jour aimé Loïs ? Je devais être désespérée...

- Loïs. Il faut que je te parle. Seule à seul.

Il acquiesce, et adresse un regard suffisant à mon ex-fiancé, qui serre la mâchoire. Loïs s'éloigne de quelques mètres. De là où il se trouve, il ne peut pas nous entendre.

Je pose une main sur le bras de Raphaël.

- Laisse-moi deux minutes, s'il te plaît. Le temps de régler ce malentendu. Ensuite...nous pourrons discuter. D'accord ?

Il pince les lèvres, puis hoche la tête.

- Je t'attends ici. Mais s'il tente quoi que ce soit que tu ne désires pas... Bref. Si tu as besoin d'aide, je me ferai un plaisir de l'expulser de ce parc.

Je lui souris, sans pouvoir me retenir. Difficile de changer cette habitude...

Je me détourne et me dirige vers Loïs.

- Je me doutais que tu me choisirais, se vante-t-il. Allons-y. Laissons-le à sa misérable vie de riche.

Raphaël a plus de cœur que lui...

- Loïs. Je crois que tu vas trop loin. Nous avons rompu.

- Et ça ne me plaît pas.

- C'est donc ça ?

- Quoi ? Tu pensais que j'allais accepter cette situation sans broncher ?

Il rit, renversant la tête en arrière, puis plante à nouveau son regard dans le mien, toute trace d'hilarité envolée.

- Tu n'as vraiment pas de cœur, Ophélia.

Je reste immobile.

- Ma sœur me l'a déjà dit. Vous feriez bien la paire, tous les deux.

Je suis remplie d'amertume. Loïs semble enfin le remarquer, car il change aussitôt d'attitude.

- Ophélia...

Je lève une main entre nous deux.

- Comme je te l'ai dit avant-hier, Loïs, c'est terminé entre nous. J'étais sincère, quand je te disais que je ne voulais pas te faire souffrir.

Il jette un regard derrière mon épaule.

- C'est lui, n'est-ce pas ? Je savais bien que tu me laissais pour un autre...

Ses épaules s'affaissent. Je me mords la lèvre jusqu'au sang, pise de culpabilité.

- Ce n'est pas ce que tu crois. Nous avons une situation à éclaircir. Ensuite...je ne le reverrai plus jamais.

- Donc ce n'est pas un problème ! s'exclame-t-il en tapant dans ses mains, l'air joyeux.

- Quoi donc ?

- Nous pouvons nous remettre ensemble !

J'en reste bouche-bée. Il est sourd, ou je me suis mal exprimée ?

- Loïs...

Ses yeux se posent finalement sur mon visage. Je ne sais quelle émotion il lit sur celui-ci, mais il recule de quelques pas.

- Je vois, prononce-t-il simplement, après quelques minutes de silence, entrecoupé de nos seules respirations. Tu l'aimes encore...

Un silence plane entre nous.

- A jamais, articulé-je. Donc...c'est impossible.

Il acquiesce, lentement. Puis il dépose un baiser sur ma joue.

- Merci, Ophélia, de m'avoir fait rêver. Même pendant ces quelques jours...

Il se détourne brusquement, et s'éloigne. Soudain, je ne le vois plus du tout.


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