*30*

1 0 0
                                    

Je tente de m'approcher des escaliers, mais il y a tellement de monde que je suis obligée de jouer des coudes pour me créer un passage. Alors que je parviens à mon objectif, je sens un liquide froid se reprendre sur ma robe. Je pousse un petit cri de surprise et recule. Dans mon mouvement, je bouscule une personne et c'est à ce moment que mes pieds choisissent de s'emmêler. Je me sens tomber en arrière, mais alors que je me résigne à finir les fesses au sol, une main attrape mon poignet et me tire en avant. J'atterris alors sur un torse plutôt musclé. Je relève alors la tête et aperçois mon frère jumeau. Ces yeux bleus plongent dans les miens et je réalise que sans son intervention, je serai assise par terre sous le regard de toutes les personnes présentes ici. Il s'excuse pour le verre qu'il a renversé sur moi, mais je ne l'écoute déjà plus. La blonde est toujours à l'étage et qui s'est ce qu'elle pourrait y découvrir. Si elle tombe sur les plans de nos braquages ou sur des documents compromettants pour mes parents ou sur mes frères, elle pourrait nous faire chanter avec ou pire nous dénoncer à la police. Je laisse alors mon jumeau au milieu de la salle et monte les marches quatre à quatre. J'arrive dans le couloir et ne la vois nulle part.

Mais où est-elle passée ?

Je m'avance dans le couloir les sens en alerte. Je sais qu'elle est là, il ne reste plus qu'à la trouver. J'ouvre les portes une par une dans le couloir, mais elle ne s'y trouve pas. Je finis par arriver devant la porte de ma chambre. Je l'ouvre et y rentre évidemment, la blonde n'y est pas. Je pousse un soupir de soulagement. J'ai peut-être imaginé cette femme. Qui sait, peut-être que l'angoisse de la soirée m'a fait imaginer cette blonde pour que je puisse y échapper ? Ou simplement, l'air étouffant du salon m'a fait halluciner ? Serais-je en train de devenir folle ?

Alors que je m'apprête à sortir de ma chambre pour rejoindre la soirée, j'entends un bruit provenant de la chambre d'à côté, la chambre de Chayse. Je réalise alors que je n'ai pas été vérifier dans la pièce si la blonde n'y était pas. Je prends alors mon courage à deux mains et sors de ma chambre. Je fais les quelques pas qui me séparent de la porte et j'attrape la poignée. Mon corps se paralyse alors. Cette chambre... Je déteste y rentrer. Les souvenirs m'envahissent. Mes cris de désespoir alors que je savais que personne ne pouvait m'entendre et me venir en aide. La douleur d'avoir perdu cette partie si pure de moi sur ce lit. La colère de m'être laissé faire et marcher dessus. Cette chambre représente ce passé que je tente par tous les moyens d'enterrer au plus profond de mon être. Ce passé qui me fait mal, qui m'a fait si mal et qui aujourd'hui encore me fait souffrir. Je tente d'ordonner à ma main de baisser la poignée, mais c'est comme si mon corps se refusait à retourner dans cette pièce où il a tant souffert. C'est comme si mon corps était passé en mode survie et qu'il refusait d'obéir à mon cerveau. Cet instinct de survie qui m'a fait défaut il y a quelques années se manifeste enfin, mais au pire moment. Si cette blonde découvre qui nous sommes, elle peut briser tout ce que nous avons mis tellement de temps à construire !

Je rassemble toutes mes forces et parviens à abaisser la poignée de la chambre. La porte s'ouvre lentement vers l'intérieur. L'angoisse me prend à la gorge et je sens mon cœur s'accélérer. Ma respiration devient erratique et mes mains se mettent à trembler.

Courage Skylar ! Tu peux y arriver ! Sois forte !

Je respire un grand coup puis me tente à regarder à l'intérieur. Il fait sombre là-dedans ! Seule la Lune éclaire la chambre. Je plisse les yeux afin de tenter d'y voir quelque chose. C'est alors que j'entends de petits gémissements. Je regarde en direction du lit et ce que j'y vois me glace le sang. Éclairé par un faible rayon de Lune, Chayse est au-dessous d'une blonde, à moitié dévêtue, en train de lui dévorer la bouche. Mon cœur, qui quelques secondes auparavant s'emballait, semble tout à coup se rompre en mille morceaux. La chute est rude et pourtant je ne peux détacher mes yeux de la scène qui se déroule sous mes yeux. L'homme, qui se trouve devant moi, ne peut pas être le même que celui qui m'a embrassé dans mon atelier. Il ne peut pas être celui qui tente de m'aider depuis que nous avons cessé notre petite guerre. Ça ne peut pas être lui ! Je ne veux pas croire ce que je vois. Pourtant quand la blonde se tourne vers moi pendant que Chayse s'attaque à son cou, je sais que je ne rêve pas et son sourire malicieux vient m'achever. Cela me crée un électrochoc et mon corps se met à nouveau en marche. Je ferme la porte comme si le diable se trouvait à l'intérieur et tente de calmer ma respiration qui s'accélère de nouveau.

Inspirer, expirer, inspirer, expirer... Reprends-toi Sky !

Chayse ne m'a jamais rien promis. Ce baiser qu'on a échangé était sans conséquences. Alors pourquoi ai-je envie de pleurer toutes les larmes de mon corps ? Pourquoi ai-je envie de disparaître sous ma couette et ne jamais en ressortir ? Pourquoi ai-je l'impression que mon cœur vient de se détacher de mon corps pour atterrir sur le sol ? Pourquoi ai-je si mal ?

Je passe mes mains dans mes cheveux et tente une nouvelle fois de calmer ma respiration. Mon cœur continue à battre la chamade comme s'il pouvait sortir de ma cage thoracique. Je me tourne et commence à avancer dans le couloir. Je chancelle, mais je dois m'éloigner le plus possible de cette chambre comme si m'éloigner aller atténuer la douleur, comme si fuir était la solution. Je parviens à atteindre les escaliers et à les descendre. Je me dirige vers la cuisine tel un automate. J'entends vaguement mon nom prononcé au loin, mais je ne sais pas si c'est l'effet de la musique ou juste mon imagination. Je préfère donc l'ignorer et avancer. Je trouve alors une bouteille de vodka et m'en sers un verre que j'avale automatiquement. Je m'en sers un nouveau qui suit le même trajet que le précédent et alors que j'allais en rajouter un troisième, la bouteille disparaît de mes mains. Jace me regarde sévèrement puis c'est alors que sous son regard réprobateur, je fonds en larmes. Mon frère ne semble pas comprendre ce qui m'arrive, mais il me prend dans ses bras et caresse lentement des cheveux.

Calme-toi, me chuchote-t-il. Ça va aller, je suis là. On va aller se coucher, OK ?

Je hoche simplement la tête et mon frère me porte telle une princesse pour monter à nouveau les escaliers. Il me dépose devant ma chambre et je l'ouvre. Je ne prends pas la peine d'allumer et vais directement dans mon placard prendre un pull que j'ai volé à Cooper. Je me change dans la salle de bain et m'enfonce sous ma couette afin que seuls mes yeux dépassent. Jace s'assoit sur le bord du lit et me demande ce qui ne va pas. 

Faux airWhere stories live. Discover now