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Skylar

Je sais que je ne devrais pas être aussi sec. Je sais que ce comportement est toxique pour moi mais également pour les autres. Je sais que sans Valentin, je n'aurais jamais eu ce genre de comportement. C'est lui qui m'a rendu froide et cassante, lui qui m'a prit mon innocence. La jeune fille que j'étais me manque. Je ne dis pas que j'étais toujours heureuse mais j'arrivais à gérer, à me contrôler et à être souriante et profiter de la vie. Maintenant, j'ai l'impression de n'être que l'ombre de celle que j'étais, que toute la lumière que j'avais à été absorbée par la noirceur de Valentin. Je déteste la femme que je suis devenue à cause de lui. Je déteste la vulnérabilité que je ressens à chaque fois que je me trouve dans une situation inconfortable. Je déteste ce comportement que j'ai auto-saboter tout ce qui m'arrive de bien. Certes ma relation avec Chayse n'a pas bien commencé mais cela s'est amélioré. J'ai même cru qu'on partageait un lien spécial entre lui et moi, mais encore une fois, je me suis faite des idées et je me suis précipitée. Pourquoi je m'attache autant aux gens? Pourquoi faut-il toujours que je sois moi? Je voudrais tellement pouvoir éteindre mes sentiments de temps en temps et ne rien ressentir, à part du vide.

Après avoir craché mon venin, je sors de la chambre et rejoins le reste de ma famille en bas. Nous nous installons autour de la table et le repas peut commencer. Je tente de suivre les conversations qui ont lieu autour de moi mais je n'y parviens pas. Pendant un moment, je me perds à nouveau dans mes pensées. Je revois ma vie défiler, les moments que j'aurais aimé changer. Si seulement... Si seulement, je pouvais revenir en arrière, je changerai tellement de choses. Je deviendrais la femme que j'ai toujours voulu être. Je pourrais dire non à Valentin le moment venu. Je pourrai me battre pour préserver ce qui m'a été volé. Je pourrai faire de la peinture pour le plaisir et pas pour voler des œuvres dans les musées. Je pourrai avoir des amis sans avoir à leur mentir. Je pourrai avoir un petit copain qui m'aimerai pour qui je suis. Je pourrai être heureuse tout simplement. C'est alors que c'est comme si une lumière s'allumait dans ma tête. Depuis que Valentin m'a violée, je ne vis plus, je survis. Je ne veux plus survivre. Je dois vivre et pour ça, je dois guérir. J'attrape mon téléphone et tape à toute vitesse dans le moteur de recherche. Lorsque je trouve le spécialiste nécessaire, je prends rendez-vous le plus rapidement possible. J'ai tenté de m'en sortir seule, d'oublier tout ce qu'il s'est passé, d'enfouir mes sentiments, mais je n'y arrive plus. J'ai besoin qu'on m'aide à aller mieux. J'ai besoin que je guérisse et seulement après ça, je pourrais envisager de m'engager auprès de quelqu'un. Ça m'a prit des années pour réaliser que je ne pouvais pas m'en sortir seule et il a fallu qu'un brun arrogant et tueur à gage se pointe chez moi pour que j'ai le déclic. Pire que tout, il a fallu qu'il m'embrasse et couche avec une autre pour que je réalise que je suis jalouse sans que je puisse me contrôler. Il ne me doit rien. Nous ne nous sommes rien promis et pourtant, le voir avec une autre m'a mise hors de moi. Je sais pourtant que je ne pourrais probablement pas lui offrir ce que cette blonde lui a donné cette nuit-là. Valentin m'a volé ma virginité et avec ça, le plaisir que peut apporter l'acte. Du moins, je le pense. Je n'ai jamais ressenti le besoin d'avoir des relations sexuelles avec qui que ce soit. Je n'ai jamais eu de petit ami donc la question ne s'est jamais posée. A présent, je commence à me poser des questions.

Je suis interrompu de mes pensées quand je sens un pied se frotter contre le mien. Je relève la tête et me tourne vers la source de ce geste. Chayse. Il me regarde sur le côté. Pourquoi cette andouille s'est mis à côté de moi? Il ne pouvait pas aller manger ailleurs! Je repousse son pied et lui donnant un coup dans la cheville. Le tueur à gage laisse échapper un petit cri de douleur avant de tousser pour tenter de le camoufler. Je souris discrètement fière de mon coup! Il me fusille du regard. Il va se venger à n'en pas douter. Cela me rappelle quand il est arrivé et qu'on se battait tous les deux seulement par fierté.

Ma mère le questionne sur sa soudaine toux mais Chayse parvient à sortir une excuse à peine crédible. Il se penche ensuite vers moi et me souffle à l'oreille qu'il voudrait qu'on parle. Je sais que nous devons avoir une discussion. C'est nécessaire. Il est temps qu'on mette les choses au clair, que nous soyons pour une fois mature et lui et moi. Je lui réponds de me rejoindre dans ma chambre après le repas. Il m'attrape discrètement la main sous la table et la sert.

Le repas se finit sans encombre. Hailey est raccompagnée chez elle par Jace. De ce que j'ai pu voir, le courant à l'air de bien passer entre ces deux là. Je me promets que quand ma vie sera moins chaotique je me pencherai sérieusement sur la question. En attendant, je dois avoir une conversation sérieuse avec Chayse. J'angoisse me prend aux tripes. Je ne sais pas quelle va être la nature de cette conversation mais elle me terrorise. Des dizaines de "et si" se bousculent dans mes pensées. Je monte dans ma chambre et en profite pour retirer mon jogging. Mon pull est assez grand pour couvrir mes fesses. Je m'assois sur ma banquette et prends un oreiller entre mes bras. La porte de ma chambre s'ouvre et Chayse rentre. Il s'avance jusqu'à moi. Je le regarde s'installer en face de moi. Nous nous regardons dans les yeux pendant un moment. Aucun de nous n'ose parler. Il finit par ouvrir la bouche et me dire qu'il est désolé. Je hausse un sourcil pour le questionner. Il m'éclaire en me parlant de la blonde.

J'aurai pas dû... J'avais bu et tes frères m'ont provoqué. Je sais que cela n'excuse rien à ce que j'ai fait, mais je voulais que tu le saches. Je t'ai embrassé et après j'ai retourné ma veste.


Ces mots me touchent plus que je ne l'aurai cru. Quelle femme ne rêverait pas de les entendre! Pourtant je sais que c'est trop tôt. Sa main passe sur ma joue et retire une larme qui s'est échappée.

J'ai pas le droit de t'en vouloir pour ça, soufflais-je. Pourtant ça m'a fait mal et ça me fait encore mal.

Si tu en as le droit...

Non, coupais-je. On n'est pas ensemble et ce baiser a été échangé dans le feu de l'action.

Donc ça voulait rien dire pour toi?

Non, ça veut dire que je suis trop brisée pour l'instant et que je n'ai pas entièrement guéri. Tant que je ne l'aurai pas fait, ça ne sera pas sain pour nous. Mon insécurité va resurgir en permanence et ma jalousie aussi. Je vais finir par t'étouffer et tu vas partir. Laisse moi juste me réparer.


Chayse semble encaisser le coup. Il hoche la tête sans pour autant retirer sa main de ma joue. Sa caresse me rassure. Je me sens en sécurité quand il est à mes côtés. Pourtant je sais que c'est la meilleure décision pour la suite. Il m'ordonne alors d'aller me coucher. Je hoche la tête alors qu'il m'embrasse sur le sommet du crâne avant de quitter ma chambre. 

Faux airWhere stories live. Discover now