CHAPITRE 1

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With love

Le tintement des flûtes de champagne, cette odeur caractéristique du luxe et de vêtements chers, les serveurs qui sont sollicités de tous les côtés, tout ramène à l'argent dans cette pièce. L'ambiance lourde et oppressante du lieu est masquée par des conversations rythmées par la politique, les affaires et d'autres actualités.

Les sentiments n'existent pas ici, si vous êtes trop humains pour eux, ils risquent de vous marcher sur les pieds. C'est dans cet univers malsain, baignée dans l'opulence que j'ai malencontreusement grandi.

Je ne suis pas à plaindre, ceux qui m'envient sont bien nombreux et surtout inconscients. Dès que j'en ai eu l'occasion, je me suis éloignée de ce monde, je ne voulais pas mener ce genre de vie. Les paillettes et l'excès d'argent contribuent certes au bonheur mais ne sont pas indispensables. Je voulais juste une vie tranquille.

Ça fait des heures que je patiente seule dans l'attente que kian, mon fiancé, apparaisse. J'envoie quelques sourires à ceux qui croisent mon regard mais je ne crée aucune conversation. Ça serait bien trop hypocrite et je hais l'hypocrisie.

En à peine quelques minutes, l'attention de tous se retrouve en haut des marches. Un noeud de la taille d'un éléphant se forme dans ma poitrine, mes membres n'arrivent plus à soutenir le poids de mon corps, des larmes apparaissent au coin de mes yeux. Je tente du mieux que je peux, de rester calme face à ce que je vois.

La surface marbrée du meuble sur lequel je suis adossée ne parvient pas à me soutenir. Je tombe mollement au sol étalant le peu de dignité et de confiance en moi qu'il me reste.

Ils passent fièrement à mes côtés, me narguant avec leurs sourires éclatants. Ils ne voient pas, ils sont trop concentrés sur leur bonheur pour cela. J'aurai dû m'y attendre, c'était tellement prévisible. J'ai préféré compter sur ma propre famille qui ne m'avait jamais soutenue en réalité.

Le langage corporel de ma mère la trahit, elle était au courant de ce qui allait se passer. J'ai toujours cru qu'elle était celle qui m'aimait le plus mais je me suis visiblement trompée. Elle n'ose même pas me regarder en face, elle détourne le regard chaque fois que je tente une confrontation visuelle.

Je n'arrive même pas à pleurer, je me sens si vide. Je me lève avec le peu de force qu'il me reste et vide d'une traite le peu de champagne qu'il reste dans ma flûte.

D'innombrables paires d'yeux sont désormais braquées sur moi, occultant même le couple de la soirée. Certains sont compatissants, d'autres moqueurs, d'autres attendent une réaction de ma part pour me juger et d'autres ont pitié de moi. Ils s'attendent à ce que je crie, réagissent d'une quelconque manière mais cette femme appartient au passé.

Stoïque, je prends une autre coupe de champagne sur mon passage en avançant jusqu'à eux. Ils sont assis côte à côte à la table principale, table sur laquelle mon nom ne figure même pas. En me pliant aux supplications de ma mère, je ne savais pas que je perdrais tout ce qu'il me restait.

Je me penche vers ma petite soeur et pose gentiment mes lèvres sur sa joue en lui offrant mon sourire le plus faux. Elle est si belle ma petite Naya, elle a bien grandi, ses yeux en amande emplis de culpabilité me fixent. Je n'arrive pas à leur en vouloir, ils sont beau ensemble. Tout le monde a toujours pensé qu'ils seraient mieux ensemble.

Elle semble vouloir mourir de gêne et secoue négativement la tête, l'air de vouloir s'expliquer mais je ne lui en laisse pas l'occasion. Je ne veux pas savoir ce qui peut justifier ce qui est en train de se passer.

- Mes félicitations Naya, finalement tu vas te marier plus tôt que tu le pensais. N'était-ce pas ton rêve ?

Elle semble enfin réaliser la situation, le bonheur qui irradiait de toutes ses potes s'est évaporé en un claquement de doigts.

FEVER OF SUMMER Where stories live. Discover now