CHAPITRE 2

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With love

Cette soirée avait juste l'air d'être un mauvais rêve. Lorsque j'ai ouvert les yeux, j'ai prié fort les cieux pour que s'en soit un. Mais je me suis vite retrouvée confrontée à ma triste existence.

Comment avancer lorsqu'on perd tout ? Lorsque tout semble nous tourner le dos. Après autant d'années de vies communes, je me retrouve à devoir tout recommencer à zéro.

Vêtue d'une courte robe fleurie, je fais les cent pas devant la porte de la salle à manger. Ma raison m'intime d'entrer mais mon cœur ne le supporterait probablement pas.

Les portes s'ouvrent en grand, m'obligeant ainsi à leur faire face. Je garde la tête haute lorsque j'avance jusqu'à eux, dire qu'il y'a à peine vingt-quatre heures, j'occupais la place où Naya est actuellement assise. Je m'installe juste en face d'elle et je déplie ma serviette dans le plus grand des calmes.

— Bonjour, saluais-je poliment

— Nadi…, tente Naya

— Oui ?

Elle hésite pendant plusieurs secondes avant de secouer négativement la tête et se concentrer sur sa nourriture. Kian lui tient doucement la main pour la rassurer, ils remarquent mon regard insistant et finissent par baisser leurs mains, honteux.

Mes géniteurs aussi n'osent pas ouvrir leurs bouches, je dirais même qu'ils sont plus honteux que le nouveau couple. Le petit-déjeuner se passe donc dans un calme digne d'un cimetière. Seul le bruit de nos couverts rendait le silence moins accablant.
Mon père est le premier à sortir de table, suivi de très près par les deux amants. Étant donné ma lenteur lorsque je mange, je me retrouve seule avec ma mère. Elle avait déjà fini son repas mais attendait visiblement que tout le monde disparaisse pour me parler en privé.

— Peux-tu arrêter de faire comme si tout allait bien ? M'interroge abruptement ma mère

Je pose mon verre de jus d'orange et me tourne vers elle.

— Et qu'est-ce qui ne va pas selon toi ?

— Écoute, moi et ton père n'étions pas au courant, on l'a appris à peine une trentaine de minutes avant qu'ils n'arrivent.

— Pitié, je ne veux plus entendre parler de cette soirée

— Il le faut pourtant, il faut que tu te libères de ce que tu ressens.

— Je n'ai plus faim, coupais-je en me levant

— Prend la peine de discuter avec ta sœur. Naya est fragile, elle pourrait faire une bêtise par culpabilité.

Mais bien sûr, elle ne se sentait sûrement pas coupable lorsqu'elle couchait avec mon mec dans mon dos. C'est définitivement l'hôpital qui se fout royalement de la charité.

— Si c'est tout, je vais m'en aller

— Discute avec elle

Je lève fort les yeux au ciel et je claque la porte en sortant. Je me réfugie dans le jardin. Je retrouve un semblant de paix en humant les parfums de toutes les variétés de roses que j'ai plantées moi-même. J'ai, disons, une addiction aux fleurs. C'est un peu ma marque de fabrique.

Après une bonne heure passée à entretenir mes fleurs, je retourne à l'intérieur. Mes ongles, ma robe et certaines parties de mon corps sont recouverts de terre humide. Dites-moi que ma robe n'est pas foutue s'il vous plaît.

FEVER OF SUMMER Where stories live. Discover now