CHAPITRE 6

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With love

« N'oublie pas de toucher la petite étoile pour me soutenir »


[ ELION ]





Je fais tournoyer le liquide ambré que contient mon verre en un mouvement de poignet pour que la glace puisse fondre légèrement.

Redoutant les embouteillages, j'ai préféré quitter le boulot plus tôt. Actuellement installé dans mon canapé, je cherche une solution pour m'en sortir ce soir. Si je ne tenais pas autant à ma mère, je n'y aurais jamais mis les pieds.

Je vide mon verre d'un seul coup puis j'enfile ma chemise. L'accumulation de nuits blanches et la pression constante qui reposent sur moi me donnent la migraine. En temps normal, je serais au travail à cette heure, il est rare que j'en sorte avant vingt-deux heures. C'est ce qu'il faut pour maintenir mon statut et le prestige qui accompagne mon nom de famille.

Je finis de me préparer dans le silence réconfortant de ma maison en traînant volontairement les pas, puis je décide qu'il est assez tard pour que être encore ici. Avec la migraine qui ne cesse d'accroître, je pense que conduire est la pire idée possible.

Il n'y a qu'un seul problème : mon chauffeur est en congés de paternité. Si je meurs, serait-ce considéré comme du suicide ou la conséquence de mon inconscience ? Le point positif c'est que je pourrais enfin me reposer si Dieu m'accepte dans son paradis.

Heureusement pour moi, il n'y a quasiment pas d'embouteillage sur mon chemin. À vrai dire c'est plutôt calme pour un samedi soir. Je ne donne pas chair de moi sur le chemin retour, la majorité des jeunes seront de sortie.

Derrière les vitres teintées de ma voiture personne ne pouvait me voir, ça me procurait un certain sentiment de supériorité. L'utilisation des vitres teintées n'est pas réglementées mais que voulez-vous ? L'argent achète absolument tout.

Je stationne dans la cour du fiancé de ma mère puis j'envoie un message à Kader pour connaître sa position. Lorsque j'ai la confirmation qu'il est présent, je range mon téléphone dans la poche interne de ma veste avant de sortir du véhicule.

Je rejoins Kader à l'étage, je réponds à son check avant de récupérer la bière qu'il me tend. Posé comme deux maîtres corbeaux en train de surveiller leurs proies, nous toisons tous ceux qui sont présents dans l'immense espace qui constitue le jardin de monsieur Touré.

Tu as une tête horrible, Elion, il t'arrive de dormir au moins ?

Entre deux réunions

Comment veux-tu profiter de ton argent si tu passes ta vie à travailler pour en obtenir plus ?

Ce n'est pas bête, que pourrais-je faire de mon argent à part le partager avec ceux qui en ont réellement besoin ? Ni femme, ni enfant et ma vie sociale, si on ne compte pas les connaissances liées au travail, est inexistante. Je pousse un soupir puis je porte la bouteille à mes lèvres, j'en avale quelques gorgées avant de me concentrer sur Kader qui continue de parler.

Tu pourrais essayer de te trouver une nana. Avec toutes les femmes qu'il y'a dans pays là, tu es célibataire !

— Il ne t'est jamais venu à l'esprit que je sois en couple et que je n'ai juste pas envie de le dire ?

FEVER OF SUMMER Where stories live. Discover now