Argent et sang [Bucky Barnes]

5

«Met you in a bar, all eyes on me, your illusionist, all eyes on us, I make all your gray days clear»
So It Goes
Taylor Swift

La tête dans les nuages, Neel ôta ses talons aiguilles, qu'elle n'eut même pas la force de ranger dans la boite qui leur était destinée, puis elle posa son sac à main. Chamboulée, elle voulait juste s'installer sur son canapé, pour se laisser le temps de penser. Elle n'avait envie de parler à personne, alors elle se pressa pour aller sous sa douche. Sous l'eau, elle réalisa l'ampleur de ce qu'il s'était passé cet après midi, et comprit à quel point elle était dans la mouise.

En sortant de la douche, une terrible pensée l'assaillit. Elle en avait plus envie qu'elle en avait peur. Ce qu'elle prenait uniquement pour le désir l'empêchait de songer à autre chose que lui. Elle n'avait pas remarqué auparavant à quel point il était attirant, et à y penser encore davantage, elle se surprenait à le trouver vraiment plaisant.

Habillée de son pyjama favori, le rose bonbon, dont le haut était un chemisier, et le bas un pantalon large, elle retourna dans la salle à manger, qui était reliée à la cuisine. Dans cette dernière, sa mère préparait le repas, alors que sur le canapé, Mia, Al et Max flânaient.

"De vrais enfants", se moqua Neel. "J'ai l'impression d'avoir trois ados à la maison, t'en penses quoi maman ?"
"Tu as raison, plus le temps plus je me dis que je devrais les mettre dehors", appuya Catherine
"J'entends tout", s'exclama Max d'un ton râleur 
"Dieu merci, c'est à ça que servent tes oreilles", répliqua Neel en se plaçant derrière son frère en lui tirant ses deux oreilles

Mia explosa de rire, suivie d'Al.

"Tu veux de l'aide, maman ?" s'enquit la leader Smith
"Oui, s'il te plaît. Tu peux couper ça, et ceci ?"

En coupant des champignons, pourtant, Barnes ne quittait pas son esprit, et elle se sentait fort étrange.

Le repas entamé, ils rirent ensemble, partagèrent des anecdotes sur leurs journées, et Neel raconta l'alarme incendie de l'entreprise, en omettant le détail important qu'était Bucky.

"Et tu ne sais pas qui a pu fumer dans les toilettes ?" s'enquit Catherine
"Non, du tout"
"Tu n'as pas regardé la caméra de surveillance ?" poursuivit Al
"Non, honnêtement je m'en fiche. Qui que ce soit tant que cette personne va bien, c'est ce qui compte"

Mia fit une moue.

"C'est quand même important, non?" insista t elle
"Non, du tout, ce n'est pas important du tout"
"Tu gères, ma fille, c'est toi qui voit", sourit sa mère

La famille continua de parler, puis tous débarrassèrent la table.

"Je comprends pas pourquoi on emploie pas une femme de ménage !" se plaignit Mia
"C'est notre maison", répondit Catherine,"Personne d'autre ne doit donc la laver, nous nourrir. C'est notre rôle"
"Peut être, mais on est une des familles les plus riches du pays. On ne devrait pas s'infliger cela", poursuivit Al
"C'est clair", insista Max

Neel roula des yeux, en continuant de faire la vaisselle, et se tourna ensuite vers son téléphone. Elle envoya alors un message à Barnes, lui proposant de se revoir dans deux jours, avec Sam. La seule réponse de ce dernier fut que Wilson ne viendrait pas, et qu'ils seraient donc seuls. Le sous-entendu fut donc clair, et la femme trouva vraiment cela agréable.  

Quand le soleil se leva le lendemain, elle avait hâte de vivre cette journée, pour qu'elle se finisse tôt. Elle se concentra d'abord sur son premier rendez vous qu'elle avait : c'était en réalité un compte rendu de l'avancée de la partie science de son entreprise. En effet, Smith Incorporation se divisait entre Smith Innovation, Smith Law, Smith Living et Smith BTP. Chaque semaine, chaque chef de chaque branche de l'entreprise venait lui donner un bilan, des chiffres, des innovations.

Après ce rendez vous, Neel se lança dans un long appel avec l'équipe de comptable et avec eux, estima qu'acheter de nouveaux terrains pour construire finalement un centre commercial serait intéressant.  Elle se lança dans la construction d'un dossier pour la municipalité, puis l'heure de partir sonna.

Elle n'avait vécu cette journée que dans l'espoir de la suivante, alors lorsqu'elle se réveilla le lendemain, Neel avait déjà choisi sa robe qui lui allait le mieux, des chaussures, et des bijoux argentés. La femme, habillée, se faufila dans son bureau, après une longue route, dans lequel Barnes rentra quelques heures après.

"Barnes"
"Smith"

Elle quitta son bureau pour l'accompagner sur le canapé, sur lequel tout deux se posèrent.

"Tiens, le nouveau dossier"

Il caressa son pouce en prenant en main le dit dossier, qu'il feuilleta, l'air de dire. Profitant qu'il ne lui prêtait pas toute son attention, Neel examina l'homme, et se questionna : qu'allait il se passer, après ?

"Neel ?"

Comme pour lui dire de continuer sa phrase, celle ci leva un sourcil.

"Je peux vous inviter à un rendez vous ?"

Ce qui la convainquit de dire oui fut cet air incertain, gêné, qu'elle devinait, et qui la toucha.

"Oui"
"Maintenant ?"

Rien d'urgent n'était prévu cet après midi, alors d'un hochement de la tête, elle acquiesça. La femme d'affaire n'en fut plus tout à fait une lorsqu'elle se retrouva dans l'ascenseur, avec cet homme qui lui plaisait tant, et depuis à peine la veille. Il y a encore quelques semaines, Barnes rimait avec danger. En réalité, c'était encore le cas, mais un danger plus tentant.

En attrapant son téléphone, Neel passa un appel à son homme de main, pour qu'il les conduise dans un restaurant pour ce midi.

"Tu as une envie de restaurant ?", s'intéressa la femme
"Non"

Son regard parlait de lui même, ce qu'il mangerait ne comptait pas, ce qui importait était elle autour de cette table.

Une fois en voiture, ils se parlèrent du choix de musique d'André, l'homme de main, qui eut un simple rictus en coin. En face du restaurant, la voiture s'arrêta, et le duo en sortit, en échangeant un regard.

Bucky lui ouvrit la porte, la laissa passer et demanda une table pour deux, ce que le serveur, habillé d'une chemise blanche, leur indiqua. Installés sur une table avec un joli placement, près d'une lumière douce orangée, et d'un aquarium, où les poissons nageaient sans s'arrêter. Neel les observait lorsque son partenaire prononça, dans un soupir :

"Je ne sais pas si c'est une bonne idée pour nous d'être là"

Elle lui lança un regard perçant, l'invitant à poursuivre :

"Nous sommes collaborateurs, je ne suis pas..."

Sans lui laisser le temps d'acheter sa bêtise, elle plaça ses lèvres sur les siennes, et il ne la repoussa pas, tentant au contraire de fusionner sa main avec la joue de Smith. Lorsque celle ci se recula, elle retrouva le fond de son dossier, croisa les jambes puis ricana :

"Vas y, tu voulais dire quoi ?"

Bucky joua avec son verre d'alcool, puis sourit :

"Rien, nous pouvons continuer"
"Je m'en doutais", ricana t elle. Neel le détailla, puis se leva, poussant sa chaise pour que cette dernière soit à coté de celle de Bucky.

Comme pour la remercier de s'être rapprochée de lui, il l'embrassa à nouveau, avec une retenue tendre.

La femme attrapa son verre de champagne, le leva, puis trinqua avec le super soldat. Dès ce premier verre, ils commencèrent à parler, de choses sans grand intérêt. Pourtant, malgré les années qui les séparaient, ils se comprenaient.