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«I'm either tryna forget or just tryna get closure
I can't get you out of my head, so I never go to bed sober»
Go To Bed Sober
Ryan Hurd, Sasha Alex Sloan

Lorsque Bucky et Sam rentrèrent dans le bureau de Neel, il y avait une tension étrange. La femme ne leva pas les yeux vers eux : elle les ignorait totalement, continuant de travailler alors qu'ils s'installaient sur les chaises en face de son bureau.

"Vous êtes guéri de votre maladie ?", s'enquit elle
"Oui, j'ai été pris d'un méchant rhume", expliqua Wilson

Elle mima un semblant d'intérêt, puis lui tendit trois dossier.

"Voilà le restant des dossiers"

Neel se redressa, quitta la chaise de bon bureau puis se servit un verre de rhum.

"Vous pouvez quitter mon bureau"

Les deux hommes se consultèrent du regard, perplexes.

"Tout va bien ?", s'interrogea Bucky

Elle ne prit même pas la peine de répondre, se tournant vers la fenêtre pour finir son liquide brun.

"Partez", ordonna la femme d'un ton autoritaire, qui fit faire à Sam un geste de la tête pour signaler à Bucky qu'il s'en allait, mais le super soldat resta, quittant cependant sa place.

"Neel, tu vas bien ? Tu peux me parler, tu sais ?"
"Je n'ai aucune envie de le faire, Barnes", cracha t elle

Elle vit dans ses pupilles que ses mots l'avaient heurté, mais, pour autant, il ne bougea pas. Il resta ancré dans ses chaussures, ses bras se serrant cependant sur son torse.

"Pourquoi tu es comme ça ? Je t'ai fais quelque chose ? Si c'est le cas je m'excuse, je voulais pas te blesser."

Tu es très agaçant, songea Neel, tu ne veux donc pas partir ? Elle souffla. Il faut bien trouver quelque chose pour le faire fuir.

"Tu n'as rien fait. Simplement je me suis rendue compte que je n'avais aucune envie de sortir avec un tueur."

Cette fois ci, Smith ne vit pas une quelconque douleur dans ses yeux, mais l'horreur, la trahison, et celle ci fut si immense que Bucky se recula, les pieds hésitants.

"Tu n'étais pas obligée de le formuler comme ça", remarqua t il, la gorge serrée "Alan n'avait peut pas si tort que ça, t'es sûrement sociopathe"

Sur ces mots, elle se retrouva seule dans son bureau, et ses genoux la lâchèrent. Sur le sol, elle se vit presque pleurante, tremblante de rage, en maudissant la personne qui avait passé l'appel, il y a quelques jours.

En effet, le lendemain du rendez vous avec Bucky, encore toute émue par ce moment, son téléphone avait sonné.

Lorsqu'elle l'avait saisi, c'était en se rendant compte que ce numéro, elle ne le connaissait pas. Cependant, elle avait tout de même décroché, avec un "allô", enchanté.

"Mademoiselle Smith", avait salué une voix transformée à l'autre bout du fil, qu'elle n'avait pas reconnu

Neel avait pâli, et avait longuement hésité avant de répondre.

"Qui êtes vous ?"
"Je ne vous répondrai pas, et vous le savez très bien. Ah, mademoiselle Smith. Vous savez, j'ai eu la bonté de laisser passer votre accord avec monsieur Wilson et monsieur Barnes."

Ce n'était pas exactement ce qu'elle aurait appelé la "bonté", mais elle ne commenta pas.

"Mais si vous croyez que je vais vous laisser batifoler avec ce soldat de l'hiver, vous vous trompez"
"Ce n'est plus le soldat de l'hiver", corrigea Neel à voix basse.
"Je me fiche de ce qu'il est et de ce qu'il n'est plus !", hurla la voix
"Excusez moi. Que voulez vous de moi ? Je peux vous offrir beaucoup d'argent", promit elle
"L'argent ne m'intéresse pas. Je veux que vous rompiez avec Bucky Barnes."

Le sang cessa de couler dans ses veines, alors qu'elle se rongeait l'ongle de son pouce, un vieil automatisme.

"Notre relation ne mérite pas que vous me menaciez ainsi", répliqua Neel, "Laissez nous tranquille, nous ne représentons aucun danger, lui et moi"

Son interlocuteur mit quelques secondes à répondre, et Smith le devina en train de penser.

"Vous devez rompre avec lui."

Le cœur de la femme battait à tout rompre.

"Sinon, la vérité de ce qu'il s'est passé il y a huit ans sera révélée"

Sans plus de mots prononcés, il raccrocha, et la femme d'affaire se laissa tomber sur le fauteuil de son bureau.

"Putain", jura t elle.

Lorsqu'elle quitta le bureau, maussade, elle demanda à son homme de main de la conduire à son bar habituel. Il jeta sur un regard inquiet, puis l'accompagna à l'intérieur, l'observant boire. Verre après verre, ses joues se teintèrent, mais aucune confession ne sortit de ses lèvres, aucune larme de coula. Débile, et stupide, voilà ce que je suis, débile et stupide, pensait elle en fronçant les sourcils.

"Mademoiselle Neel, vous devriez arrêter de boire", lui conseilla André avec douceur, en attrapant son verre.
"Vous avez raison. Raccompagnez moi"

Argent et sang [Bucky Barnes]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora