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«Je n'avais pas vu que tu portais des chaînes, à trop vouloir te regarder, j'en oubliais les miennes»
L'encre de tes yeux
Francis Cabrel

Dès le lendemain, pressés de tout analyser, les deux hommes furent présents à la première heure.

"Entrez, installez vous", les invita t elle en fermant la porte derrière eux. Ils s'assirent sur la table installée au milieu de la pièce, où trois ordinateurs les attendaient.

Neel alluma les leurs, puis retourna à sa place, dans une effluve de parfum fleuri qui fit rêvasser Bucky. Elle leur tendit à chacun une clé USB, puis, brancha la sienne sur son ordinateur portable.

"Allez dans le dossier intitulé "vacances", à vous de voir sur quoi vous bosserez en premier"

Les deux hommes se lancèrent dans l'écoute, alors que Neel débuta le visionnage de la caméra cachée. Au tout début, elle entendit des brides de conversation entre eux, notamment une où Sam taquinait Bucky sur le trouble qu'elle faisait naître en lui. Perturbée, Smith leva les yeux vers l'objet de ses délires passionnés, qui écoutait avec attention les conversations des hommes politiques. Puis, elle se décida de couper le son de la vidéo, et observa tout : du moindre rire, au regard le moins important, les tenues, la gestuelle.

Tout d'abord, ce qui la perturba le plus fut cette femme, qu'elle identifia comme Danielle Lenkin, après quelques recherches : le regard en biche, la trentaine, châtaine, les bras croisés sur son front, elle avait l'air très mal à l'aise. Son mari, Michael Lenkin, -la soixantaine, brun poivré, petit, député-, restait souvent en face d'elle, portant sur une attention, non pas romantique, mais possessive. Il la surveillait, la traquait avec ses pupilles, voulant l'empêcher de courir. Neel n'aurait probablement rien fait, rien dit, si elle n'avait pas remarqué un bleu large s'étendant de son épaule, jusqu'à son coude.

"J'ai un truc", annonça la femme, et les deux hommes rappliquèrent à ses côtés. Elle leur expliqua tout cela, faisant froncer les sourcils à Sam.
"C'est pas vraiment une preuve, Neel"
"Oh, crois moi, si. Ça se voit. Elle est pas bien. Je vais essayer de la voir, on parlera, et..."
"Ne la brusque pas", intervint Bucky, "si elle vit vraiment tout ça..."
"Fais moi confiance, Bucky. Tu veux bien ?"
"Je te fais déjà confiance"

Ils échangèrent un sourire, un de ceux qui voulaient tout dire, qui criait l'amour, qui s'efforçait de ne pas se reproduire, par peur de ne jamais être aussi beau.

"Et vous ? Vous avez trouvé quoi ?"

Les deux hommes donnèrent tour ce qu'ils avaient pu entendre, mais globalement, il s'agissait du plus gros projet immobilier jamais pensé, que Dougty voulait mettre en place : et pour cela, il avait besoin d'argent, beaucoup d'argent, et que les politiques valident son projet.

"Un pot au vin, donc...", marmonna Neel en se rasseyant
"Apparemment"
"Hm. Et quoi d'autre ?"
"Dougty a apparemment des contacts un peu partout, et les enfants de plusieurs députés seront pris dans l'école de leur choix plus tard si le projet se fait"
"Enregistrez tout, sous plusieurs dossiers, dans plusieurs clé USB. Faut rien perdre. C'est bien, vous avez bien bossé"
"Que comptes tu faire de tout ça ?"

La femme sourit.

"D'abord, j'irai parler à Danielle, et je verrai ensuite selon ce qu'elle me répond"
"Je vois. On se reverra quand tu l'auras rencontré ?", proposa Sam
"Bien sûr. Vous partez ?"

Captain America croisa le regard de Bucky, et répondit de manière hésitante.

"Eh bien, j'ai un rendez vous, mais vous pouvez fêter ensemble nos découvertes", déclara Wilson en s'éclipsant, les laissant seuls.

Alors que le silence les submergeait, Neel leva les yeux vers l'homme, qui fuit son regard, en se tournant vers la sortie.

"Tu veux partir ?", s'enquit la leader de la famille Smith, avec douceur
"Je sais pas", exprima t il dans un bref souffle
"Bucky, j'ai envie que tu restes. Mais je ne te forcerai pas"
"J'ai envie de rester aussi", confessa t il

Nerveuse, elle toucha ses cheveux, ondulés le matin même, et eut un sourire tendre.

"Tu veux boire quelque chose ?"
"Explique moi d'abord, pourquoi tu as voulu rompre ?"
"C'est une longue histoire", soupira t elle en se remplissant une tasse de café, avant d'en proposer d'un geste de la tête à l'homme, qui accepta poliment.

Elle s'appuya sur le bureau en bois, gardant une distance nécessaire entre elle et le super soldat.

Une fois que ses lèvres avaient gouté le liquide chaud, Neel soupira, puis jeta un regard à Bucky.

"Après qu'on se soit vu dans le bar, l'autre jour, j'ai reçu un appel, me menaçant, pour que je rompe avec toi"

En fronçant les sourcils, il posa sa tasse.

"Il te menaçait de quoi ?"
"Je peux pas t'en parler"
"Pourquoi ?"

Smith porta son regard au loin, croisa les bras.

"Tu veux pas me le dire ?"
"Je peux pas, Bucky. Crois moi. C'était assez important, je pouvais pas faire comme si j'avais rien entendu."
"Et...tu veux..."
"Qu'on recommence. Je me fiche de ses menaces, il n'a aucune preuve, et même s'il en a, je m'assurerai qu'il ne puisse pas ouvrir sa grande gueule"

Ces mots firent sourire Bucky, il aimait tant la voir sur les nerfs.

"Tu veux bien tenter à nouveau ?", s'enquit elle avec un air inquiet

Pour toute réponse, il quitta le fauteuil, s'approchant d'elle avec une aura magnétique, pour fondre sur ses lèvres, et tout deux s'offrirent la joie de s'enlacer.

Les touchers devinrent de plus en plus passionnés, démesurés, mais Neel se recula, avec un rictus.

"Aller plus loin me plairait bien, Bucky, mais pas dans mon bureau"
"Ce serait mieux", confirma l'homme, ses lèvres formant un rictus en coin
"Enfin...on peut reprendre, mais je préférerais rester cachés. Si tu le veux."
"Pour notre collaboration, ce serait mieux, aussi"

Elle s'installa sur le pouf qu'occupait Bucky quelques secondes avant, et il leva les sourcils en l'air.

"Je te dérange ?"
"Il y a de la place ailleurs", ricana t elle. Il roula des yeux, saisissait l'autre fauteuil pour s'asseoir près d'elle.
"T'as une idée de qui peut être la personne qui te menace ?"
"Pas du tout. André et moi travaillons dessus, mais honnêtement, comme je lui ai déjà dit, la personne a appelé d'une cabine téléphonique, située dans un endroit sans caméra, ni témoin. Il n'y a rien."
"Donc c'est quelqu'un qui s'y connait, qui a les moyens de se renseigner. Elle n'avait pas d'accent ?"
"Non, la voix était masculine, sans accent, et transformée. Je n'ai reconnu aucune intonation"
"C'est quelqu'un qui te connait, avec qui tu parles souvent. Il a peut être payé quelqu'un pour te répondre, alors"

Neel se pencha en avant, en se rongeant l'ongle, et Bucky l'observa :

"Je peux me greffer sur votre enquête, avec ce André ?", s'intéressa l'homme en appuyant fortement sur ce dernier prénom
"Déjà jaloux ?", se moqua t elle en passant ses bras autour de son cou. Pour toute réponse, il baisa ses lèvres. "Oui, évidemment tu peux enquêter avec nous"
"Je l'aurais fais de toute manière", rétorqua t il goguenard

Argent et sang [Bucky Barnes]Where stories live. Discover now