Flashback : Rafael

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La soirée bat son plein. Tous mes invités dansent, s'embrassent, couchent ensemble et font un tas de trucs illégaux. Nous sommes au moment du réveillon de Noël, et j'ai seize ans. 

Techniquement, cela fait trois ans que je suis en couple avec Eden, mais il n'en est rien. Tous les jours, elle m'envoie des messages, ou tente de m'appeler, mais moi, je lui réponds au maximum une fois par mois. Et nous nous voyons peut-être trois fois par an, lors des événements importants.

Après tout, ce n'est pas ma faute si je suis occupé. 

Quand elle a appris que j'organisais une fête pour Noël, elle a insisté pour que je l'invite parce que "ma famille ça craint, je peux plus traîner avec elle". Tu parles.

Donc la voilà, dans la pièce, vêtue beaucoup trop sévèrement pour une soirée d'adolescents marginaux. Elle a mis une robe trop ample pour ses maigres jambes, et un gilet en tricot un peu laid. Elle a beau avoir seize ans, je lui en donnerai douze.

Elle est entourée de tout mon groupe d'amis que j'ai forgé au fil des ans, lors de mes nombreux déplacements avec James, le père d'Eden. Certains sont des dealers, d'autres ne connaissent rien au milieu, bien que je les fasse peu à peu sombrer dans cet univers.

Une fille, Samia, qui s'est révélée devenir une de mes meilleures amies, danse avec moi. Ses yeux, affinés grâce à un crayon brun, lui donnent l'air d'une sirène. Elle me plaît, beaucoup.

À vrai dire, ce n'est pas la première fois qu'il y a cette tension entre nous. Depuis plusieurs mois, déjà, lorsque nous nous voyons entre deux voyages, nous jouons à un dangereux jeu de séduction. Samia n'est pas en couple, mais elle sait que je le suis. Et peu lui importe, tant que je lui accorde ce qu'elle souhaite, c'est à dire du sexe, de la drogue, et de l'euphorie.

Vêtue d'une robe sombre et moulante, elle calque ses mouvements aux miens. C'est moi qui mène la danse, et pourtant, on dirait qu'elle maitrise cette dernière depuis des années. Ses mouvements se font parfois sensuels, parfois léger, mais ils sont toujours parfaitement réalisés.

Eden, qui se tient non loin de moi, assise sur l'accoudoir d'un canapé, l'observe avec une sorte de haine, mêlée à de la jalousie,  tout en buvant sa briquette de jus d'orange.

Qu'est-ce qu'elle est coincée.

De toute façon, son humeur m'importe peu. J'ai décidé il y a deux semaines que je romprais avec elle, qu'importe ce qu'il se passerait pendant cette soirée. Notre relation ne nous apporte pas grand chose, du moins, de mon point de vue, et elle m'empêche de profiter pleinement de ce que les filles comme Samia ont à m'offrir. En plus, je l'ai déjà trompée, avec deux autres filles, donc plus besoin de jouer le jeu du petit ami exemplaire devant elle.

Et puis, pourquoi s'enchaîner dans quelque chose de si sérieux à l'age de seize ans merde ? J'aurais bien le temps de jouer au mec exemplaire quand je serai plus vieux.

Quand on parle du loup, la voilà. Je m'écarte quelque peu du corps de Samia, qui continue sa danse langoureuse, et suis du regard Eden jusqu'à ce qu'elle arrive à ma hauteur.

Notre différence de taille est flagrante. Je mesure un peu plus d'un mètre quatre-vingt, tandis qu'elle parvient avec difficulté à atteindre le mètre soixante. Si elle se collait à moi, son visage serait plaqué contre mon torse.

-Qu'est ce que tu veux, Eden ? Je lance, le ton froid, les mains fourrées dans mes poches de pantalon.

-On pourrait se parler ?

-Qu'est-ce que tu crois qu'on est en train de faire là ? Je réplique d'un ton narquois.

Elle lève les yeux au ciel, et croise les bras contre sa poitrine, le visage crispé

-Sérieusement Raf, en privé.

Raf. La seule marque d'affection qu'elle me porte qui me plait. Je n'ai pas vraiment de surnom pour elle, bien que je l'appelle mon coeur de temps en temps. Mais elle, quand elle prononce ces syllabes, il en découle une affection profonde. Même quand elle est énervée contre moi. Comme ce soir, par exemple.

La musique assourdit nos paroles, alors je m'éloigne sans même vérifier qu'elle me suit. 

Ce qu'elle fait, évidemment. Tout en me talonnant, elle jette des regards de travers à toutes les filles qui osent poser les yeux sur moi.

-Arrête ça, je lâche, tandis que nous arrivons dans le jardin.

-Ça quoi ? 

-De jeter des regards noirs à toutes ces filles. Je ne t'appartiens pas.

-Elles n'ont pas le droit de parler comme ça de toi, de te déshabiller du regard, je suis ta petite amie.

-Justement, on doit parler de ça, de notre... couple.

Les yeux de ma petite amie s'écarquillent, et elle semble prendre conscience de ce que je souhaite lui annoncer.

-Rafael, tu veux rompre ?

Elle bute sur le dernier mot, tandis que ses épaules s'affaissent. À ce moment là, je la vois telle qu'elle est réellement, déçue, vulnérable, brisée.

-Oui, Eden, ça sert à rien, notre relation, j'ai, pas vraiment de sentiments pour toi, désolé.

-Désolé ? Mais tu te fous de ma gueule ? Notre relation ne sert à rien, tu oses me dire ça alors que je serai prête à tout pour toi ? C'est moi qui ne reçoit rien, dans l'histoire ! J'ai toujours été là pour toi mais tu m'as jamais rendu la pareille ! As tu lu un seul de mes messages, dans lesquels je te confiais mon mal-être ? Tu n'as fait que répondre aux questions qui te concernaient ! Tu ne peux pas m'infliger ça...

Sa voix se brise, et ne devient plus qu'un murmure. Les larmes coulent sur son visage creusé par la maigreur, et les cernes.

-C'est comme ça, et on en restera là, je déclare, le visage figé. De toute façon, tu n'es pas faite pour moi. J'aime les foules, les fêtes, le sexe, et toi, tu es... toi.

Dans un sanglot étranglé, elle demande :

-Tu m'as trompée, n'est-ce pas ? Est ce en partie pour ça que tu me quittes ?

-Oui, je t'ai trompée Eden, et c'était absolument fantastique ce que j'ai vécu avec ces filles. Mais je ne veux plus m'encombrer d'un poids, qui me fait ressentir de la culpabilité, alors que je suis heureux.

Elle ne m'a jamais parue aussi mal en point. Ses yeux sont rougies et gonflés par les pleurs, sa peau, en temps normal lisse, est déformée par un rictus affreux. Et elle est totalement repliée sur elle même.

-Mais reste ! Même si tu me trompes, reste ! J'ai... j'ai besoin de toi. Je ne t'en voudrais pas, mais j'ai besoin de toi,  Rafael. Je n'ai plus personne... Je t'aime.

Je hoche négativement la tête, puis, en m'apprêtant à tourner les talons, je déclare :

-Ce n'est pas réciproque.

Et je pars retrouver Samia.

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Hello mes coeurs ! Comment vous allez ? Aujourd'hui petit flashback surprise sur la rupture de Rafael et d'Eden. Je vous l'avoue, moi aussi j'ai réellement envie de tabasser Rafael en ce moment même haha.

Pensez vous que Eden mérite mieux que lui ? Est ce que vous croyez qu'il a changé ? 

N'hésitez pas à voter, et à commenter,

Kiss 💋 

V 🌸

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