Chapitre 30

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Je commence vraiment à m'inquiéter pour moi-même. Depuis que je suis arrivée ici avec Cinq, mes émotions sont de plus en plus dures à canaliser, alors que je réussisais à peu près à les gérer, même quand j'étais enfant. Je suis sûre que mon nouveau corps à un rapport avec ça, mais ça ne peut pas être que ça. Il y a forcément autre chose. J'aimerais beaucoup me pencher sur ce problème, mais j'ai d'autres choses plus importantes à faire avant, comme par exemple empêcher la fin du monde ou recoudre le bras de Cinq.

- Aïe, regarde un peu ce que tu fais, grogne mon frère en serrant les dents.

Je viens de planter l'aiguille sans vraiment faire attention à ce que je fais. Je mets vite de côté mes pensées pour me concentrer entièrement sur ce que je doit réaliser après m'être excusée. Je finis rapidement mon travail avant de reposer l'aiguille dans la trousse de premier secours pendant que Cinq se rhabille. Je le regarde froncer les sourcils en essayant de passer son bras dans la manche de sa chemise. Il faut dire qu'avec sa blessure, ce n'est pas pratique, croyez moi, j'ai expérimenté.

- Attends, je vais t'aider, dis-je en me rapprochant.

Cinq ne dit rien mais je suis sûre qu'il m'est reconnaissant de l'aider. Je prends la manche de sa chemise et passe doucement son bras à l'intérieur. Je fais mon maximum pour enfouir au fond de mon esprit notre proximité et mes sentiments pour lui. Après tout, il vient d'aller chercher Dolorès, pourquoi aurait-il besoin de moi ? Je suis toujours passée après elle...Cette pensée, bien que triste, à au moins l'effet de ne pas me faire rougir quand je m'occupe de fermer les boutons de sa chemise.

- Ana ?

Ça aussi, je ne le comprends pas. Pourquoi utilise-t-il encore ce surnom ? On ne sait même pas où on en ait, tout les deux. Ou du moins, moi je n'en sais rien. Dire que j'adorais entendre ce surnom de sa bouche. Maintenant, il me fait repenser à Londres 1989 avec nostalgie et surtout, tristesse. Je pensais avoir enfin accès à mon rêve le plus fou, je suis tombée de haut en réalisant qu'en faite, je n'avais fait que le frôler.

- Oui ? Demandais-je en fermant le dernier bouton.

Les yeux dans les yeux, je jurerais y voir de l'amour au fond de ceux de Cinq. Je sais pertinnenant que c'est mon cœur qui me joue des tours et qui veut continuer à espérer. Pourtant, j'ai parfaitement conscience que je n'ai plus aucune carte à jouer. J'ai perdue la partie, c'est comme ça, bien que ça fasse terriblement mal.

- Il faut qu'on aille monter la garde devant Meritech Prosthetics.

Je fronce les sourcils. On n'y est déjà allés et nous n'avons rien trouvé sur la prothèse. Pourquoi y retourner maintenant ?

- Tu penses que Lance à quelque chose à cacher ?

J'ai inconsciemment approché mon visage du sien. Me rendant compte de cela, je suis tentée de me reculer, mais je n'en ai pas envie. Une boule de forme dans mon ventre, une boule que j'aurais mille fois préférée éclater que la laisser se développer. L'espoir fait vivre...

- Oui. Et puis, c'est notre seule piste...explique sobrement Cinq.

Je le regarde avec empathie. Je sais qu'il est très frustré que notre seul indice soit aussi inutile, mais ce n'est pas sa faute. Le temps presse et nous n'avons rien trouvé, il y a de quoi être stressé.

- Cinq...

Je pose ma main sur sa joue, relevant sa tête. Il me regarde droit dans les yeux, sans rétissance et sans désir. Le visage inexpressif, il semble attendre la suite de mes propos. Pourtant, si on regarde bien, on peut voir une sorte d'attente au fond de ses yeux. Je ne veux pas y penser. Non, c'est juste mon cœur qui me joue des tours, c'est impossible il...il ne m'aime pas...

Je retiens les larmes qui veulent s'échapper mais Cinq a dû le remarquer et me prend par les épaules, me rapprochant encore plus de lui sans le vouloir. Il est inquiet, ça se voit à son regard.

- Hé, tu vas bien ? Qu'est ce qu'il y a ?

Nos visages ne sont plus qu'à quelques centimètres et je sens sa respiration sur ma peau. Non...Ça me déchire le cœur d'avoir autant envie de l'embrasser mais de me dire que, lui, n'en a absolument pas envie.

- Je...c'est juste que...A...avec tout ce qui ce passe, je n'arrive plus à contrôler mes émotions, et ça altère mes pouvoirs comme tout à l'heure avec Klaus...

- C'est normal Ana, on a un nouveau corps, une organisation qui veut nous tuer et une apocalyptique à stoper en une semaine. Tu es tout simplement à cran.

Je lui sourie sincèrement. Je sais qu'il n'ait pas très doué pour réconforter les gens, mais avec moi, il a toujours fait plus d'effort et il y arrive sans mal. À moi de lui rendre l'appareil.

- C'est pareil pour toi, Cinq. Ne te sens pas responsable du fait qu'on n'ai pas encore mis la main sur quoi que se soit, tu as déjà tellement donné pour moi, pour eux. Tu n'es pas seul sur ce coup, tu peux t'appuyer sur moi quoi qu'il arrive et compter sur moi pour t'aider et te suivre n'importe où.

Je soutiens son regard un moment avant de finalement baisser les yeux. Je me sens ridicule. Il faut qu'on y aille, ça ne sert a rien de rester comme ça, Cinq doit trouver l'ambiance insupportable. C'est au prix d'un effort surhumain que je m'éloigne de Cinq et me lève.

- Allons-y.

Cinq reste un instant figé sur place, mais finit par se lever, légèrement gêné à en juger par son langage corporel. Il prend le sac où se trouve Dolorès. Évidemment, je ne devrais pas être surprise, il ne l'a pas récupéré pour rien. Alors que j'allais me diriger vers la porte de sa chambre, Cinq me retient par le poignet. Je fais volte-face.

- Non, pas par là. Je veux pas croiser les autres. On va passer par l'échelle sur le bord de l'immeuble.

Je le regarde, inquiète pour son bras.

- Ça va aller avec ta blessure ?

Il regarde son bras avant de reporter son attention sur moi, un petit sourire sur le visage.

- Aucun problème, j'ai eu les meilleurs soins.

Je lui sourie en retour, bien que je ne sache pas s'il est ironique car je lui ai fait mal tout à l'heure.

Je propose à Cinq de prendre Dolorès pour ne pas qu'il se fatigue, mais il refuse, prétextant que, si je tombais, je ne pourrais pas me rattraper contrairement à lui qui pourrait faire un saut dans le temps. Je n'insiste pas plus sur ce point, mais demande à passer devant pour rattraper Dolorès si elle venait à tomber. Ou plutôt la laisser tomber, mais ça, c'est une autre histoire.

Contre le temps - Umbrella Academy fanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant