Chapitre 64

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Cinq, affligé et surtout profondément triste s'apprête à suivre Luther, mais quand son regard se tourne vers moi, il oublie tout ce qui vient de se passer pour me téléporter à l'appartement avant que je détruise cet endroit.

Je fulmine de rage, j'en tremble et mes falanges sont si blanches qu'on pourrait croire que le sang n'y a jamais circulé. Luther. Espèce de sale petite merde. Je ne lui ai jamais pardonné de nous avoir enfermées, moi et Vanya dans cette prison anti-pouvoirs. Mais avec le temps, j'avais fini par comprendre son point de vue. Mais là, il se fou totalement de notre gueule ! Je suis tellement enragée par ce qu'il vient de faire que je n'ai pas les mots. Autour de moi, les murs tremblent violemment, et j'entends Elliott entrer dans le salon en couinant.

- On nous attaque !

- Tais-toi espèce d'imbécile, s'écrie Cinq qui me tient par les épaules. Ana, regarde moi, respire à fond.

J'essaie de faire ce qu'il me dit, mais n'y arrive pas. Toute la haine, la rancœur que j'ai envers Luther ressort. Il m'a trahi, et il s'apprête à trahir cette fois-ci le monde entier juste pour son petit cul. Je ne peux simplement pas accepter ça. C'est tellement égoïste, tellement dégueulasse...

- Ana !

Sans m'en rendre compte, je viens de briser une vitre, ce qui fait sursauter dans un petit cri Elliott qui me regarde avec un mélange de peur et de fascination. Je ferme les yeux et me concentre sur le positif. Oui, le positif. Cinq est avec moi, je l'ai retrouvé. On va trouver une solution. Cinq. Cinq. Cinq.

Au bout de quelques minutes, je suis entièrement calmée, mais exténuée. Je tombe dans les bras de Cinq qui me porte jusqu'au canapé.

- J'ai encore perdu le contrôle...grognai-je en passant mes mains sur mon visage, épuisée.

- Compréhensible, répond Cinq en ramenant deux tasses de café.

J'observe un instant le plafond avant de dire d'une voix accablée.

- Je crois qu'en fait, il nous en veut. Surtout à toi, désolée de te l'apprendre. Pendant que tu parlais, je sondais son esprit. Il veut juste continuer sa vie, et est persuadé que si la fin du monde nous a suivi jusqu'ici, c'est parce qu'on a voulu emmener Vanya.

Un frison me parcours et Cinq enlève sa veste pour me la poser dessus. Je le remercie avec un sourire triste avant de froncer les sourcils et fouiller dans sa poche pour un sortir une casette.

- Qu'est-ce que...

Mais je n'ai pas le temps d'en dire plus que Cinq m'a déjà pris l'objet des mains, les yeux brillants d'espoir. Je me redresse.

- Qu'est-ce que c'est ?

Cinq jette un coup d'œil à Elliott, occupé à boucher le trou dans la vitre et s'approche de moi pour me chuchoter à l'oreille.

- Avant de mourir, Hazel a dû me mettre ça dans la poche. C'est sans doute un indice pour empêcher la fin du monde.

Un regain d'espoir s'empare de moi et je me tourne vers Elliott en pointant le mur du doigt.

- C'est toi qui a développé ces photos ?

Il relève la tête vers moi, avant de me répondre en reprenant sa tâche.

- Évidemment, le gouvernement a des yeux partout, ça serait trop dangereux sinon. J'ai transformé le placard dans le couloir en chambre noire.

Après avoir barré la date, Cinq lui tend la boîte.

- Tu peux développer ça ?

- Frankel ? Demande-t-il en lisant l'auteur des images, c'est qui, un ami à vous ?

- Un cousin du côté de notre mère androïde, ironise Cinq, tu peux le faire ou pas ?

Elliott acquiesce et je l'interroge sur le temps que ça prendra. On ne peut pas se permettre de perdre une journée entière pour ça. Il commence à se lancer dans un monologue sur les endroits où il pourrait trouver le matériel qui lui manque et je le coupe rapidement, exaspérée.

- Combien de temps ?

- Cinq ou six heures.

Je passe ma main sur mon visage en soupirant. Cinq ou six heures ? C'est beaucoup trop, on perd un temps précieux. J'allais proposer à Cinq de se téléporter pour aller voler le matériel quand la radio se met en marche, attirant notre attention.

- C'est quoi un code 315 ? Demande Cinq en s'approchant.

- Fugitifs en cavale, répond Elliott.

J'augmente le son pour entendre qu'il y a eu une évasion massive d'un hôpital psychiatrique.

- Diego, chuchotai-je d'un ton lugubre.

- C'est qui Diego ?

- Imagine Batman, c'est pareil mais en moins bien.

- Et c'est également notre frère extraterrestre, ajoutai-je pour faire bonne figure. On y va, occupes-toi du film.

J'attrape la main de Cinq et nous disparaisons avant qu'Elliott n'ait pu ouvrir la bouche.

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Nous apparaissons sur la banquette arrière d'une voiture dans laquelle se trouve Diego, accompagné d'une femme à l'air un peu fou qui semble lui faire la morale en lui demandant pourquoi il fait des choses aussi stupides, ce qui m'arrache un petit sourire. Cinq ne tarde pas à manifester notre présence, ce qui fait sursauter les occupants de la voiture.

- Parce que c'est un idiot.

- Bordel vous êtes qui vous ? S'inquiète la femme en nous regardant tous les deux par alternance.

- Salut, on est ces frère et sœur adorés, répondis-je avec ironie.

- Qui m'ont laissé pourrir chez les cinglés, réplique Diego sur un ton de reproche, ce qu'on ne peut pas trop lui en vouloir.

- Pour te protéger de toi-même, explique Cinq.

- C'est gentil ça, fait remarquer la femme.

Voir trois personnes toutes contre lui ne plaît pas à Diego, qui nous dit de sortir tout de suite de la voiture. Mais bien sûr, il en faut plus que ça pour nous mettre dehors. Je m'approche de lui et susurre d'une voix sans appel.

- Arrête tes conneries et viens avec nous, on a des choses à faire.

- Je vais nul part avec vous, me crache-t-il à la figure, ce qui a le don de m'énerver.

D'abord Luther, ensuite lui, je pense que si tout le reste de la famille réagit de la même manière, la fin du monde aura lieu bien avant la date prévue. Je m'apprête à répliquer, mais Cinq est plus rapide que moi et il se penche par la fenêtre ouverte pour appeller un agent, ce qui provoque une réaction immédiate de Diego qui l'attrape par le col.

- Qu'est-ce que tu fous ?!

- Il paraît qu'il y a une belle récompense sur vos têtes, répond-t-il simplement avec un sourire rusé.

- Il bluff, réplique d'une voix un peu hésitante la femme.

Je me tourne vers elle avec le même sourire que Cinq plaqué sur le visage.

- Je n'en serais pas si sûre.

Diego réfléchie, ce qui, il faut bien l'avouer, n'arrive pas souvent et finit par accepter de venir avec nous. Mais c'est sans compter la folle qui souhaite également être du voyage. Je n'ai pas vraiment fait attention à elle jusque là, elle n'est qu'une civile parmi tant d'autres, mais si elle fait partie de la mission, c'est une tout autre histoire. On ne la connaît pas, on ne peut pas lui faire confiance. Mais Diego étant Diego, il impose comme condition qu'on la prenne avec nous.

Mon regard se pose sur la femme, et je tente de rentrer dans son esprit pour le sonder et voir si elle est dangereuse ou non, mais je suis incapable de le faire. Je fronce les sourcils, ne comprenant pas pourquoi mes pouvoirs refusent de fonctionner. Son regard se tourne vers le mien.

- Un problème ?

Je soutiens son regard avant de répondre avec un sourire hypocrite.

- Aucun.

Contre le temps - Umbrella Academy fanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant