Chapitre 88

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- C'est une mauvaise idée, maugréai-je d'une voix fatiguée pour la troisième fois.

Mais évidemment, personne ne m'écoute et ma remarque tombe encore une fois dans l'oubli. Je soupire en regardant Cinq brancher des pinces crocodiles au réseau électrique.

- Joli costume, lance Lila à Cinq, t'es petits genoux blancs vont me manquer. Et toi, ajoute-t-elle en se tournant vers moi, ça passe.

Je lui lance un regard noir, sachant pertinemment qu'elle dit cela pour me faire sortir de mes gongs. Le tailleur de l'hôtel a fait un magnifique costume à Cinq, je ne l'ai jamais vu aussi sexy. Moi, j'ai demandé quelque chose de plus soft, afin de pouvoir me battre plus facilement. J'ai donc un short avec un collant, ainsi qu'un simple t-shirt et une veste.

- On gagnerait tous à être plus pudique ces derniers temps, réplique mon copain.

Un petit sourire vengeur se dessine sur mon visage avant que la conversation ne prenne un tournant plus sérieux. Lila tend les pinces à Cinq pour qu'il puisse les brancher à la malette. Dans ses mains, elle tient de quoi faire varier la tension électrique et, après avoir reçu le feu vert de Cinq, enclanche à fond. Cinq hurle de douleur en faisant de son mieux pour faire marcher la malette, mais autant vous dire que ça ne marche pas. Je grimace devant son supplice et, n'en pouvant plus, je coupe le courant avant de me tourner vers une Lila hilare.

- T'es complètement folle, ça aurait pu le tuer !

Elle ne fait pas attention à moi et sort en rigolant à plein poumon pendant que Cinq essaye d'éteindre l'incendie qui s'est déclanché. Je lui viens en aide et quand tout est fini, je me tourne avec fureur vers Lila. Mais avant que j'ai pu faire ne serait-ce qu'un seul pas, Cinq me retient par le bras pour ne pas que je fasse de bêtise. Au prix d'un effort surhumain, je me contiens.

- Bon maintenant il ne nous reste plus qu'une malette à moitié morte et mes sauts ne sont précis que jusqu'à deux minutes. Donc en conclusion, on est foutus.

- C'est possible, réplique Lila avant de faire un petit sourire qui ne me dit rien qui vaille. Ou pas.

Je pince les lèvres en essayant de me contenir une fois encore.

- Jusqu'ici, les sauts que t'as faits sont nuls à chier. Mais si on le fait tous ensemble...Toi, tu te téléportes, moi je te copie et Diana nous donne son énergie. On réussira à créer une boucle de rétroaction qui produira assez d'énergie pour faire démarrer la malette.

C'est vrai que ça pourrait marcher, mais il faudrait pour cela qu'on se fasse confiance. Or, je n'ai aucune confiance en Lila.

- Lila, tu viens de passer dix jours à essayer de nous tuer et tu m'as torturé, fais-je remarquer avec froideur.

- Ouais, bah ton copain a tué mes parents.

C'est vrai que Cinq m'a expliqué ce petit problème. C'était quand je devais me reposer suite à ma blessure et que Cinq continuait les missions seul.

- Sans parler du fait que vos frères et sœur se sont tournés les pouces pendant que le Suédois mitraillait la femme qui m'a élevée.

- La Directrice aurait fini par te tuer Lila, réplique Cinq d'un ton sans appel. À vrai dire, elle t'a déjà tué une fois. C'est moi qui ai fait un saut dans le passé et laisser l'autre débile accomplir son œuvre. Ah oui, et figure toi que si tu comptes faire payer Diego pour ce qui s'est passé au Texas, tu te plantes de cible. Car on dirait bien que ce crétin est amoureux. La Directrice t'a jamais aimée en revanche.

Je sens que la tension augmente de plus en plus et l'ambiance devient électrique. Ce n'est qu'une question de temps avant que tout dérape, surtout maintenant que Cinq lui a lancé ses quatre vérités au visage. Et vu l'expression de Lila, elle ne va pas laisser passer ça.

- T'en sais rien, réplique-t-elle avec la voix légèrement tremblante, t'as passé ta vie à niquer un mannequin pendant que l'autre cruche attendait depuis le début que tu la sautes.

Nos réactions sont immédiates. Cinq se retourne et s'approche de Lila, l'air menaçant, mais je suis plus rapide et saute sur mes pieds pour l'attraper par le col.

- Répète ça encore une fois et je te tue.

Cinq qui vient d'arriver prend le relais.

- Je t'interdis de parler d'Ana comme ça !

Lila, pas du tout perturbée mais plutôt affligée, hausse le ton pour faire entendre sa voix.

- On se voile la face. On arrivera jamais à se supporter jusqu'à la Comission.

- La confiance c'est une illusion, explique Cinq après m'avoir fait lâcher Lila, mais il y a de l'honnêteté même dans les relations de haine.

Lila réfléchie un instant avant de se diriger en râlant vers la petite pièce en nous traitant de connards. Mais au moins, elle est partante pour recommencer. Je me tourne vers Cinq et lui tends une main qu'il saisit avant que nous ne rentrions à notre tour dans l'espèce de petit placard.

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Tous est en place, et je suis vraiment stressée. Ça va être très dangereux pour nous trois. Je risque de donner trop d'énergie, et Cinq et Lila risque de s'épuiser, même si, pour cette dernière, ça ne me dérangerait pas trop. Les mains posées sur une des deux épaules de mes camarades, je prends une grande inspiration avant de tenter de me connecter à eux. L'opération prend beaucoup de temps, je ne me suis jamais connectée à deux personnes à la fois, c'est assez difficile car tout se mélange dans mon esprit et je dois faire preuve d'encore plus de concentration que d'habitude. J'entends à moitié Lila râler avant que Cinq ne me défende avec vigueur.

- Quand vous voulez...murmurai-je du bout des lèvres, les yeux fermés en tentant de garder un maximum de concentration.

Une douleur fulgurante s'empare de moi et je ne peux retenir un grognement de souffrance. J'ai l'impression d'être écartelée de toute part. Mon énergie se divise en deux pour aller en Lila et Cinq, ce qui fait qu'elle s'amenuit deux fois plus vite que d'habitude. Je les entends s'insulter et, rassemblant un peu de mes forces, je hurle.

- Arrêtez de causer et bougez votre cul avant que j'y reste !

Mes paroles semblent avoir fait mouches car quelques horribles et douloureuses secondes plus tard, nous disparaissons dans un éclair bleu pour apparaître dans de la neige.

Presque à bout d'énergie, je tombe par terre et peine à garder les yeux ouverts. Le froid s'insinue tout de suite en moi et je commence à claquer des dents.

- Ana !

Cinq vient se jeter à mes pieds, le regard terriblement inquiet et m'aide à me relever. Je tiens à peine sur mes jambes et m'appuie sur lui, qui me serre dans ses bras.

- Ça va aller, me chuchote-t-il à l'oreille, même si sa voix m'indique tout le contraire.

Je tente de regarder autour de moi, mais je ne vois que du blanc. Une tempête de neige effroyable s'abat sur cet endroit qui ne ressemble en rien à la Comission. Pendant un instant, je panique et les larmes coulent sur mes joues, ce qui n'aide pas à calmer Cinq.

- Non...Pas encore, sanglotai-je en serrant le costume de Cinq.

- Ferme la et retourne toi, me dit Lila sans état d'âme.

Je ne relève même pas son ton et m'exécute tant bien que mal pour découvrir la Comission sous la neige. Lila part déjà vers celle-ci et j'essuie mes larmes, toujours tremblante.

- Pardon, je...je sais pas ce qui m'a pris...

Cinq pose sa main sur ma joue et en chasse une larme avec douceur avant de poser son front sur le mien.

- C'est rien, c'est parfaitement compréhensible.

Je hoche difficilement la tête. Le peu d'énergie que j'ai ne m'aide pas à garder mon calme. Voyant ma détresse, Cinq me soulève de terre pour me porter dans ses bras. D'abord surprise, je passe mes bras autour de lui et enfouie ma tête dans son cou en lui murmurant "je t'aime". Je me demande pendant un instant s'il m'a entendu, et la pression qu'il exerce sur mon corps pour me rapprocher de lui me confirme qu'il ressent la même chose.

Contre le temps - Umbrella Academy fanfictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant