Le miroir d'un autre monde

Mensonges

Une beauté

Voilà le seul mot qui me venait à l'esprit, quand je voyais de magnifiques cheveux ambrés, entourer ce beau visage fin sans aucune imperfection. Elle me regardait émerveillée, deux beaux émeraude comme sur le tableau observé au château avec mon amie ce matin.

Je lui tendais doucement la main, l'invitant à se relever :

- Vous allez bien ?

Elle accepta mon offre et se mettait debout délicatement. J'observai une robe bleue avec des motifs baroques dorés et un grand col en V bordé de fourrure blanche. Elle lui aillait à la perfection.

- Vous m'avez sauvé... je ne sais pas comment vous remercier, balbutia-t-elle en me fixant.

- Pas besoin de me remercier, c'est normal entre femm... gens bien de ce monde, rectifiai-je soudainement

- Puis-je au moins vous demander votre nom, noble chevalier ?

Chevalier, moi ?

- Oui c'est cela, je suis un Chevalier, je me nomme Pen....Heu non...

Aucune idée ne me venait à l'esprit.

Elle riait.

- Que vous arrive-t-il chevalier ? Avez-vous pris un coup sur la tête pour ne pas vous souvenir de votre nom ?

- C'est exactement cela ! M'exclamai-je. Une chute de cheval, j'ai totalement perdu la mémoire et des voyous en ont profité pour me voler dans mon inconscience.

Et un mensonge, un.

- Cela explique donc votre manque d'équipement et l'absence d'une armure, dit-elle amusée. Je ne peux en aucun cas laisser un homme dans votre état airé sans but, je vous invite à venir au château de Sir Stuart, le tant que votre mémoire vous revienne.

- Mais je ...
- J'insiste vous êtes mon héros, rien ne me ferait plus plaisir, me coupa-t-elle en souriant.

Sur ce, elle m'entraîna rapidement sur le chemin du château. En marchant, Éléonore me raconta qu'elle était née ici et qu'elle avait grandi entouré de sa famille, qu'elle aimait énormément son grand-frère, qui prenait soin d'elle depuis que leurs parents étaient décédés.

Cette invitation est une super opportunité, estimai-je heureuse, cela va permettre de rentrer sans problème dans le château. Ce soir, je retrouverais le miroir et enfin je quitterais cette époque maudite. En plus qu'est-ce qu'il me gratte ce chapeau.

Remarquant que je n'étais pas vraiment attentif, Éléonore me poussa légèrement :

- Nous sommes arrivés, me dit-elle avec complicité.

Je me retrouvais exactement au banquet déguisé que j'avais essayé de fuir, quelques heures auparavant.

Allée Pennie, tu vas-y arriver, m'encourageai-je intérieurement.

La jeune femme m'invita à m'engouffrer dans la foule en effervescence, l'alcool coulait à flots, les femmes et les hommes dansaient ensemble dans une chorégraphie qui m'était inconnue. Les individus me toisaient curieusement, pendant que d'autres m'ignoraient.

J'entendais une femme rondelette qui chuchota :

- Qui est ce jeune homme au bras de Mademoiselle Stuart ?
- Un amant peut-être ? Pouffa une autre

Moi qui voulais la jouer discrète c'est raté.

Eléonore s'éloigna pour chuchoter à l'oreille d'un grand homme blond au fond de la salle.