Sentiments

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A l'heure d'aujourd'hui, je ne pouvais déterminer si Oréna était une alliée précieuse ou un nouveau problème. Elle m'avait gentiment conseillé de ne raconter à personne d'autre mes péripéties et de faire profil bas, pour m'adapter à l'époque. Sinon d'après elle, j'aurais de sérieux problèmes avec l'inquisition, si cela s'ébruitait à leurs oreilles.

J'attendrais donc son signal pour pouvoir rencontrer la grande « prêtresse ».

En ce beau matin ensoleillé, je décidai d'aller à mon premier entrainement, que m'avait proposé Henry la veille. J'étais impatience de passer la matinée avec lui, pour regarder ce bel apollon brandir son épée. J'avais rendez-vous dans la cour extérieur du château, Henry avait déjà commencé, il frappait avec précision son adversaire, fessant flotter au vent sa chemise entrouverte avec ses mouvements.

- Vous êtes bien matinal ? Moi qui pensais que les châtelains faisaient tout le temps la grasse matinée. Dis-je ironiquement en m'approchant des deux hommes.

- Je suis désolé de vous décevoir. Approchez et montrez-moi ce que vous savez faire mon ami, s'exclama-t-il en me lançant une épée d'entrainement.

Je me plaçais en face de lui en tenant maladroitement mon arme.

- Attaquez-moi, dit-il amusé de ma gaucherie.

Je commençai à agiter ma lame dans tous les sens, comme un enfant essayant d'imiter un chevalier. J'avais l'air ridicule à brasser de l'air. J'approchais de mon adversaire doucement, Henry contra ma ridicule attaque avec son épée et me donna un croche patte pour me faire tomber.

- Tu as une très très mauvaise technique, voir aucune technique du tout. Tu te positionnes mal et tu ne tiens pas correctement ton arme.

- Mais tu vas tout m'apprendre, fort comme tu es, le taquinai-je

- Il y aura du travail, mais je suis prêt à relever le défi !

Il se plaça derrière moi, m'entourant de ses bras musclés. La chaleur me montait aux joues.

- Il faut que tu te places comme ça, m'expliqua-t-il en se collant à moi pour me montrer les mouvements, et que tu tiennes ton épée comme ceci.

Je ressentais son souffle sur ma nuque et ses muscles se contracter autour de moi. Mon cœur battait la chamade. Plus rien autour n'avait d'importance.

Je pourrai rester comme ça pendant des heures, il sent tellement bon.

Dans ma rêverie, je ne remarquai pas qu'il était maintenant devant moi à me donner des consignes. Il m'ordonna de l'attaquer encore et encore. Me faisant répéter toujours les mêmes mouvements.

Au bout de deux heures, j'étais épuisée et pleine de sueurs, mon bras était engourdi.

- On va s'arrêter là pour aujourd'hui, s'exclame Henry en souriant.

- Alléluia ! Criai-je soulagée en m'asseyant dans l'herbe.

- Tu as vraiment bien travaillé aujourd'hui. D'ici quelque semaine, tu sauras parfaitement te défendre.

- C'est parce que j'ai un excellent professeur.

Henry s'asseyait doucement à côté de moi. Il fixa en silence l'horizon. Son visage était sans imperfection et ses cheveux dorés s'agitaient au vent. Comme une statue grecque, il était la perfection.

- A quoi penses-tu ?

- Je pense à ma vie, à mon château, à ma famille, à l'avenir ... et à une future femme, avoua-t-il en rigolant.

- C'est vrai que tu n'es pas marié, c'est rare ici, comment cela se fait-il ?

- Je cherche la jeune femme pour laquelle mon cœur battra. Je refuse tous les mariages arrangés depuis la mort de mon père, cela ne m'intéresse pas. Pour l'instant je ne l'ai toujours pas trouvé.

Bon Dieu, pourquoi suis-je déguiser en homme ! Il est parfait vraiment parfait !

- Parfois, elle est plus près qu'on ne le pense, soupirai-je.

- Je l'espère bien, affirme-t-il content.

Mes entrainements devenaient une routine quotidienne. Eléonore venait parfois regarder notre entrainement et elle prenait toujours mon parti. Je progressais nettement, arrivant même au bout de plusieurs semaines, à tenir tête à Henry pendant un combat.

Nous devenions de plus en plus proches, il me confiait ses problèmes, je le conseillais comme je le pouvais. Il aimait mon humour et mon originalité, moi j'appréciai sa gentillesse et sa bienveillance. Une forte amitié se développait entre nous, ce qui ne passait pas inaperçu aux yeux des habitants du château.

J'étais heureuse de mon rapprochement avec Henry, et triste en même temps car je savais au plus profond de mon être, qu'il y aurait toujours une inégalité de sentiments entre nous deux.

Il était si proche et en même temps si inaccessible.

Je me devais de cacher mes sentiments au plus profond de moi, derrière mon masque d'homme.

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Le miroir d'un autre mondeWhere stories live. Discover now