Le Malaise

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Le jour commençait à peine à se lever, les premiers rayons de soleil traversaient les carreaux de la fenêtre, pour se refléter sur mes cheveux, leur donnant une teinte plus ardente.

Allongée sur le lit, je fixais en silence le grand baldaquin en bois.

Seul, je suis totalement seul. Ce maudit miroir ne veut plus fonctionner.
Pourquoi ?

Une multitude de questions se bousculaient dans ma tête. Je pensais à Henry, son visage, sa prestance sa bienveillance, il m'avait conquise en à peine une soirée. Je regrettais de devoir me déguiser en homme, mais c'était trop tard, je ne pouvais plus revenir en arrière.

Il ne peut pas être irréprochable, je suis sûr qu'il a plein de défauts, comme la paresse ou être crasseux, me convainquais-je.

La douleur de mes côtes resurgissait, elle se propageait dans toute ma chair, mon organisme bouillonnait, mes organes explosaient comme si une force dévorante m'habitait.

Je me redressais brusquement de mon lit, simplement vêtus d'une chemise en coton, je me précipitais devant le miroir, levant le tissu pour observer mes côtes.

- Merde alors !

Sur ma peau était tatoué un symbole triangulaire inversé avec un trait à l'extrémité. Voilà donc la cause de mes douleurs, pensai-je en le touchant du doigt

Soudainement, une voix féminine s'échappa de derrière la porte.

- Monsieur, êtes-vous levé ?

Punaise ! Il ne faut surtout pas qu'elle rentre maintenant, sinon je serais démasquée !

Affolée, je courais dans tous les coins cherchant une alternative.

- Mademoiselle Éléonore est venue spécialement en personne pour vous annoncer une nouvelle, continua-t-elle.

Je me précipitais sous les draps en criant :

- Je ne suis pas du tout présentable!

- Je n'en ai que pour quelques minutes, s'exclama Éléonore en rentrant brusquement dans la pièce

Mais qu'est-ce qu'elle me veut celle-là? Il ne connaisse pas l'intimité à cette époque.

J'étais entièrement cachée sous les draps, espérant que la jeune femme ne serait pas suffisamment curieuse pour venir regarder en dessous.

- Oh je vois, dit-elle en gloussant, vous êtes du genre timide.

- Oui on peut dire ça, murmurai-je.

- Soit ! En tout cas je suis très heureuse de vous recevoir, votre présence m'apporte de la nouveauté, ce qui nous manque cruellement en ce moment.

Qu'elle abrège, je suis en train d'étouffer là-dessous.

- Vous m'envoyez fort heureux.

- Mon frère et moi-même, nous vous convions à participer aux tournois d'été. Ce sera l'occasion de mieux apprendre à nous connaitre, pouffa-t-elle timidement. La domestique vous déposera des vêtements propres.

- D'accord, dis-je contrainte.

- Je vous laisse vous préparer. A tout à l'heure pour les festivités.

Le bruit de porte m'indiqua que je pouvais sortir en toute sécurité. Je regardais la petite pile de vêtement posée sur le guéridon. Mon choix se porta sur une tenue composée d'un pourpoint bordeaux et d'un collant gris très très moulant.

Le miroir d'un autre mondeWhere stories live. Discover now