Désobligeante cruauté

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En ce matin ensoleillé, je me sentais plus triste qu'effrayée de quitter le château. Oréna et Eléonore avaient pris soin de tout préparer pour mon départ. Plus d'une semaine d'éloignement seul, je n'avais jamais fait de parcours aussi long de toute ma vie, 10 jours de trajet me paressaient impossible. J'avais reçu des instructions très stricte, je ne devais en aucun cas dévoiler ma vraie nature, ce serait un risque énorme pour toute la communauté.
Oréna était très inquiète, car elle savait que le commandement de l'inquisition était à Londres. Je risquais très gros si je faisais naitre la moindre suspicion. Même si le secret de ma féminité était moins important, je devais faire en sorte que Charles ne me reconnaisse pas, surtout après ce qui s'était passé pendant la soirée.

Par la fenêtre je voyais la cour du château, notre attirail était déjà prêt. Charles sur son étalon, s'énervait auprès d'un palefrenier qui avait eu le malheur d'oublier quelque chose.

Je descendais les marches sans énergie, pour atteindre l'extérieur.

« Dépêche-toi nous partons immédiatement » s'insurgea Charles en m'apercevant.

« Je ne comprends toujours pas pourquoi Henry souhaite que tu m'accompagnes, quelle corvée ! continua-t-il.

- Pour une fois je suis d'accord avec toi sur ce point, soupirais-je en grimpant sur mon cheval.

Mes deux amies à la fenêtre, me regardais.Elles me faisaient signe, Eléonore en larme me fit mal au cœur.

Henry nous rejoignait dans la cour, nous déblatéra un discours de départ que je n'écoutais pas, perdu dans mes pensées. Je distinguais une pointe de tristesse et d'anxiété dans le regard de celui-ci comme s'il nous cachait quelque chose.

Voyant mon compagnon de route partir en direction de la sortie, je me mis à le suivre saluant au passage mes amies. Plus le château diminuait au loin plus mon cœur se serrait, je n'étais pas prête psychologiquement à quitter ma nouvelle famille.

Je suivais Charles de près à une allure acceptable, l'air chaud me fouettait le visage, les odeurs d'herbes fraiches après la rosée du matin me chatouillaient les narines.

Pendant plusieurs heures, nous ne brisions pas le silence qui s'était installé, mon désagréable compagnon était concentré à choisir la route à suivre.

« Il fait beau et chaud aujourd'hui n'est-ce pas ? m'exclamais-je pour briser la glace.

Il ne répondit pas, il le faisait exprès, j'avais parlé suffisamment fort pour qu'il m'entende.

« Combien de...

- Je t'arrête tout de suite, me coupa-t-il soudainement, je n'ai aucunement l'intention de sympathiser avec un cloporte comme toi.

- Abruti, chuchotais-je tout bas en réaction à sa réponse.

Il se retourna brusquement sur son cheval pour me jeter un regard noir. Mais je faisais mine de rien regardant le paysage verdoyant autour de moi.

Le voyage va être très long.

Nous galopions activement entre les villages ruraux, les champs en pleine récolte et les prairies, fleuries, les paysages étaient d'une beauté naturelle impressionnante. Je voyais la différence incroyable avec mon époque, la nature était encore en harmonie avec l'homme.

Cela faisait déjà des heures que nous avancions sans aucune pause, le soleil commençait lui aussi à se coucher.
J'avais faim, j'étais fatiguée, mon corps avais du mal à tenir sur le cheval. Je savais que si je demandais à nous arrêter, il ferait exprès d'accélérer le pas.

Le miroir d'un autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant