Désillusion (Tome 3) ll h.s

18.

XVIII

Je souris à Harry qui termine de me raconter sa journée à l'université. C'était notre premier jour et tout semble bien se dérouler.

-Je passe voir mes grands-parents, je dépose juste mes cours et j'ai quelques affaires là-bas au cas où mais je ne pense pas rester la nuit, tu m'accompagneras à la gare ? M'annonce-t-il

-Bien sûr, dis-je en souriant même si cette annonce soudaine m'a surprise.

Quand nous passons le pas de la porte, l'odeur de dinde farcie m'enivre complètement. Je dépose mes chaussures à l'endroit habituel et fixe la grande valise posée juste à côté des manteaux. Harry grimace en en jurant, il se retourne vers la cuisine et me tire vers lui.

-Mme Styles ! Hurlé-je sur un ton surpris

-Aujourd'hui c'est Thanksgiving ! Vous ne donnez plus de nouvelles, vous rentrez à midi un jour de fête et j'ai dû apprendre votre mariage par ton père Grace ! Harry ! Quand comptais-tu m'en informer ? Je ne savais même pas que vous étiez de nouveau ensemble, vous me faites tourner la tête ! J'ai été obligée de venir jusqu'à Manchester pour avoir de vos nouvelles !

-Tu en as parlé à ton père ? Me murmure Harry

-Il a appelé hier soir, je ne pouvais pas me retenir de rien lui dire, et il semblait si heureux qu'on soit de nouveau ensemble, lui répondis-je rapidement.

Il me lance un regard presque froid et se retourne vers sa mère. Son arrivée

-Maintenant tu le sais, et on voudrait qu'il se passe à la maison

Les yeux de la mère d'Harry se sont soudainement éclairés.

-Je suis vraiment heureuse pour vous ! Envoyez-moi tous les détails, du buffet, aux décorations, aux lilas

-Non, Pas de lilas !

Nous avons hurlés ça tout les deux, les yeux ronds et en se retenant de rire.

-Très bien, pas de...lilas

-On fait simple, un truc soft, sans chichis ni de ballons ni d'assiettes avec nos têtes ou encore des figurines souriantes. Fait simple maman, je t'en prie

Elle acquiesce à contre cœur. Après avoir déposé nos affaires, nous descendons à la voiture. A peine la porte de l'immeuble fermée, je me retourne vers Harry.

-Et Emma ?! Dis-je presque en colère

-Quoi Emma ?

-Elle était censée s'occuper du mariage Harry ! Pas ta mère ! Emma !

-Elles s'arrangeront entre elles...

-Emma va me haïr, soupiré-je

-Peut-être ou peut-être pas, si c'est le cas ça sera le temps de deux jours, vous ne pouvez pas vivre l'une sans l'autre

-Probablement...

Je soupire à l'idée de passer mes journées à parler de fleurs et de dessous de table en tissu avec la mère de Harry, non pas que je la hais, loin de là, mais elle est juste...vous savez ce genre de personne qui veut s'occuper constamment des pleins de trucs sauf de ses affaires, Emma est ce genre de personne, Mme Styles est ce genre de personne et Harry est de temps à autre ce genre de personne, parfois c'est insupportable. J'entre dans la voiture et m'assieds au côté conducteur en respirant un bon coup, mon téléphone vibre, c'est un énième message d'Emma :

« Demain, essayage de robes, je t'expliquerais, ne remercie pas la meilleure des meilleures amies qui soit »

Je lève les yeux au ciel et démarre en me concentrant sur la route, la gare n'est qu'à quelques minutes de l'université et pourtant ces minutes semblent des heures. En nous rendant à la gare, nous passons devant notre ancien immeuble transformé en énorme centre-commercial.

-Pourquoi tu as fais ça ? Ai-je dit à Harry en fixant le lieu au moment du feu rouge

-J'en sais rien, j'étais mal, j'avais besoin de m'occuper, je voulais t'oublier et j'ai détruit ce qui me semblait être la chose qui me rappellerait le plus notre histoire.

-Au point de raser quatre immeubles? Sincèrement, où sont passés les gens qui y étaient ?

-Je les ais logé autre part, le maire avait construit plusieurs immeubles plus au centre de Manchester et on leur a donné un logement, pourquoi toutes ces questions soudainement ?

-Parce que ce que tu as fais de cet endroit est moche et inutile

-A ce moment la je trouvais tout moche et inutile, j'ai sûrement créé quelque chose qui ressemblait à ma vie

-Et maintenant ?

-Ça n'a plus d'importance Grace je vais revendre mes parts et ça n'aura plus aucune importance !

-Ça en a pour moi ! On va se marier, si tu trouves toujours tout si moche et inutile alors ça rime à quoi ?!

-On s'engueule là?

-Peut-être !

Je tourne la tête.

-Grace, je suis heureux maintenant, tu as acceptée de te marier avec moi et j'ai tout ce dont j'ai besoin

-Tu es sûr ? Dis-je les larmes aux yeux.

-Comment ça ?

-Et les enfants ? Tu y as pensé ? Tu en veux ? Parce qu'on va se marier alors il va bien falloir en parler.

-Et toi ?

-Je te parle de toi là !

-Bien sûr que j'en veux ! Mais ce n'est pas le moment, c'est tout...

-Est-ce qu'un jour ça le sera ?

-Quand tu étais avec Aiden, vous en avez parler ?

-Arrêtes de toujours échapper aux question que je te pose ! Mais oui bien sûr qu'on en avait parlé, on est restés marié pendant trois ans, on en a parlé !

-Alors c'était...prévu ? Je veux dire, tu voulais avoir des enfants avec lui ?

-Oui, ça l'était, un couple marié veut forcement un enfant, mais il le voulait plus que moi.

-Et tu n'avais pas de vrai job...marmonne-t-il

-Tu penses donc que quand je tomberais enceinte je devrais arrêter de travailler ?

-Je n'ai pas dis ça ! Et puis il faudrait que tu le veuilles ce gosse.

Nous arrivons enfin devant la gare. Je lance un regard noir à Harry et qui sort de la voiture presque en colère.

-Grace, s'il te plait, on ne peut pas se fâcher alors que je dois partir !

-On en parlera quand tu rentreras !

Je ferme la portière et pars rapidement avant de m'énerver d'avantage. Après m'être garée sur le parking, j'ouvre mon sac à main et en sors rapidement mes clés avant de monter les escaliers et d'entrer dans l'appartement. Harry veut des enfants, ce n'est pas le moment, il pense toujours que je n'en veux pas et il n'a peut-être pas tord mais remettre une nouvelle fois mon histoire avec Aiden sur le tapis, non ! La mère de Harry doit être partie je ne sais où en balade, me laissant seule dans l'appartement. La dinde repose dans le four éteint et attend patiemment d'être mangée. Harry ne sera pas là pour Thanksgiving et rien que cette idée me donne envie de m'enfermer dans ma chambre. Je suis heureuse que Mme Styles ait fait le chemin d'Horsham jusqu'ici pour une fête qu'elle n'est même pas censée fêter mais sa présence se fait vraiment sentir dans l'appartement et je peux à peine le supporter.

Je regarde les quelques lettres déposées sur la table de salle à manger et en ouvre une qui attire mon attention. Au fur et à mesure des lignes, mes yeux s'écarquillent se remplissant peu à peu de larmes. Les mains tremblantes, je repose le bout de papier et m'écroule sur la chaise.