Désillusion (Tome 3) ll h.s

19.

IXX

Je regarde l'horloge dès que la porte d'entrée claque, il est minuit passé. Je tiens toujours la lettre dans ma main, attendant patiemment le retour d'Harry. La lumière s'allume, elle m'éblouit mais je retrouve la vue assez rapidement pour découvrir mon fiancé devant moi, le regard toujours remplit de colère et les cheveux trempés. Je ne me suis pas rendue compte du temps qui est passé depuis que je suis rentrée ni de la météo qui s'est considérablement dégradée.

-Tu m'attendais ? Me demande-t-il d'un ton presque soulagé

Je me lève de la chaise sans le regarder et colle la lettre contre son torse avant de me rendre dans la chambre. Je suis bien trop bouleversée pour : 1) le regarder 2) lui parler 3) affronter ses explications. Alors je m'enferme dans la salle de bain et m'assois sur le carrelage le dos contre la porte en attendant sa réaction. Il frappe à la porte une première fois, doucement et lentement.

-Je peux tout t'expliquer

-Il n'y a rien a expliquer, tu dois y aller alors va-t'en, soupiré-je

Je l'entends soupirer et il toque une deuxième fois, plus désespérément.

-J'ai envoyé ma demande bien avant qu'on se soit retrouvé

-L'idée ne t'est pas venue à l'esprit d'annuler ta demande ?!

-Au bout de deux mois je n'avais plus aucun espoir Grace ! Je me suis dis qu'il avait rejeté mon dossier, que je n'avais pas assez d'expérience ou un truc du genre !

-De toute façon, ça n'a plus aucune importance maintenant...

-Si ça en a, on va se marier

-Ah oui ?

Le silence pèse, je sais que mon intervention l'a profondément blessé.

-Ne dis pas ça, j'ai juste à refuser

-Tu ne peux pas refuser une demande de l'état

-C'est à l'autre bout du pays, je ne peux pas y aller, plus maintenant !

-Tu dois y aller

-Arrête de dire ça bordel !

Je me fige, me lève et ouvre la porte.

-Ne fais pas ça, ne t'en va pas, pas une nouvelle fois

-Ce n'est pas une demande que l'on rencontre deux fois Harry ! Tu vas pouvoir soigner des enfants extrêmement malades, avec des pathologies vraiment rares, c'est une chance, tu vas pouvoir évoluer très vite, tu seras sûrement le seul de ton internat a avoir pu découvrir ce genre de maladies, tous les grands hôpitaux rêvent de médecins qui ont cette expérience !

-Ça sera trop dangereux, je serais dans une zone de guerre

-Justement c'est ce que tu aimes ! Tu aimes te mettre dans la zone de l'action, avoir le cœur palpitant et rencontrer, faire et vivre des choses incroyables, alors crois-moi quand je te dis que tu dois y aller, ça ne me fais pas plaisir, je vais devoir attendre, on sera loin l'un de l'autre mais après tout ce qu'on a vécu, ça, ce n'est rien, on peut survivre à ça.

Un faible sourire naît sur son visage.

-Je dois partir dans deux semaines

-On a le temps de se marier

-Deux semaines c'est trop court, rien ne sera prêt

-Alors on se mariera à ton retour

-Ça pourrait durer des mois

-Comme des semaines

-Justement c'est imprévisible, tu...tu craqueras

-Il y aura Emma et les garçons, je ne risque pas de déraper

-Le jour où je rentre, peu importe l'heure, on se mariera à ce moment-là

-Je préparerais tout en attendant

-Et si je ne reviens jamais, si il m'arrive quelque chose là-bas ?

-Tu n'en sais rien !

-C'est un imprévu qu'on doit prendre en compte

-Moi, j'ai décidé de l'ignorer

Harry soupire et s'assoit sur le lit en me regardant.

-Tu m'obligeras à partir ?

-Je te traînerai dans l'avion si il le faut

-Alors tu n'es pas en colère ?

-Si je le suis, j'aurais voulue que tu n'envoie jamais cette lettre ou que tu annule ta demande mais maintenant tu dois y aller, pour toi, pour ta carrière, et parce que au fond tu en meurs d'envie. Je ne veux pas être celle qui t'empêches de partir et de faire ce que tu rêves, même si c'est dur et que j'ai envie que tu restes à coté de moi, et qu'on se marie dans les mois prochains pas dans cinq ou six mois, mais c'est un imprévu que j'ai décidé de prendre en compte, ce qui se passera là-bas et ce qui se passera après ne tiens qu'à nous, ou je t'attends et on se marie à ton retour, ou on se sépare maintenant. Je peux t'attendre, j'en ai envie, inconsciemment je l'ai fais pendant six ans, alors quelques mois à côté de ça, c'est rien. On s'échangera des lettres, des textos, on s'appellera, on se fera des messages vidéos, il y a tellement de moyens. Rien ne changera Harry, je te le promets.

-Il faut prévenir les parents

Je lui souris.