Chapitre onze

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- Hermione, tu ne penses pas qu'on devrait ... parler ? murmura Drago tandis qu'il marchait en compagnie de la jeune Gryffondor vers le hangar à bateaux.

C'était la première fois depuis trois jours que l'un des deux osait aborder le sujet. Hermione n'avait pas tenté d'éviter le blond mais elle avait limité les conversations. Et Drago avait recherché la solitude.

- Qu'y a t-il à dire ? finit-elle par soupirer.

- Tu sais qui je suis Hermione. Tu m'as cerné mieux que n'importe qui. Tu sais ce que je suis. Tu connais l'opinion de ma famille sur les gens ... comme toi. Je ne sais même pas quelles valeurs je dois défendre, pour quel clan je suis censé prendre parti.

- Peut-être que tu devrais laisser parler ton cœur Drago.

Ce dernier se tourna alors à nouveau vers la sorcière. Il y avait tant de sagesse en une si petite phrase. Il était admiratif pour cela. De son côté, Hermione se doutait bien que cette conversation arriverait un jour, et que la nature de sang deviendrait encore une fois un problème, un obstacle. Drago était-il prêt à le surmonter et à passer outre ? Etait-il seulement amoureux ? Elle s'en savait rien et cela lui rongeait les tripes. Elle n'osait pas poser la question. Pourtant, ce que le blond venait de dire lui ouvrait de nouvelles portes, de nouveaux espoirs. Arriverait-elle à le convaincre que les Nés-Moldus n'étaient pas différents des autres ? Qu'ils valaient tout autant ?

- Que te dit ton cœur ? ajouta la Gryffondor.

Ils étaient arrivés au hangar et Hermione s'installa dans une des barques. Il faisait froid mais ils étaient à l'abri du vent et des oreilles un peu trop curieuses. Drago s'assit en face d'elle. Il ne savait pas mettre des mots sur ce qu'il ressentait. Etait-il amoureux ? Il ne savait pas. C'était peut-être simplement une attirance, parce que c'était la seule fille qu'il côtoyait depuis plusieurs semaines. Pourtant, ce raisonnement sonnait faux. Pourquoi pensait-il à elle avant même de faire ce saut dans le temps ? Il n'arrivait pas à se convaincre de cela. C'était autre chose et la réalité lui faisait peur.

- Quel jour sommes-nous ? répondit-il finalement.

- Nous sommes en mars. Vers la fin du mois. J'ai un peu perdu le fil, moi aussi.

Hermione se doutait qu'il allait éluder la question. Pourtant c'était le contraire. Il allait lui répondre. Il lui fallait juste un peu de temps et de courage. Surtout du courage. Ce n'était pas la qualité requise pour entrer à Serpentard, et Drago n'en avait pas beaucoup. Bien sûr, si l'on regardait le fait qu'il se sacrifie pour sa famille en entrant dans les rangs du Seigneur des Ténèbres ... oui le blond avait du courage mais sous une certaine forme.

- Je ne sais pas ce que me dit mon cœur Hermione. Combien de fois l'as-tu vu se laisser aller, en même temps ? Je ne sais plus qui je suis. Je ne sais plus ce que je dois défendre.

Drago se prit la tête dans les mains. C'était si difficile pour lui. Hermione semblait en prendre conscience, même si elle aussi était encline à devoir respecter une certaine image. Comment Harry et Ron allaient réagir s'ils s'affichaient publiquement ? Si elle leur disait même seulement que Drago lui plaisait et qu'ils s'étaient rapprochés. Elle sentait que Ron avait envie de lui parler de quelque chose depuis quelques jours, et c'était sans aucun doute le Serpentard qui serait au centre de la conversation. Chacun avait une espèce d'image de clan à conserver. Les voir faire alliance ... c'était tout remettre en question et bousculer un certain équilibre. Mais n'était-ce pas cela qu'il fallait faire pour avancer ?

La sorcière regarda le garçon un instant et se leva sur la barque qui tangua pour se mettre à côté de lui. Il n'avait pas relevé la tête mais elle s'appuya contre lui. Et après quelques minutes, finalement, il l'enlaça et Hermione se laissa faire. Ils restèrent un moment ainsi avant que Drago ne se détache, sorte de la barque et s'en aille. Pas un mot, pas un regard. Le blond était plongé dans ses pensées. Il pleuvait lorsqu'il passa la tête à l'extérieur, et rabattit d'avantage la capuche de sa cape. Puis il marcha d'un pas d'avantage pressé pour rejoindre l'intérieur du bâtiment.

The silence of past (DRAMIONE)Where stories live. Discover now