18 - l'oublié

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La mort avait toujours été une chose qui avait terrorisé Kol. Il avait toujours fait de son mieux pour l'éviter et durant un certain temps, il avait bien réussi. Mais il avait fait une erreur. Une erreur tellement grande qu'elle l'avait conduite tout droit de l'autre côté. Il trouvait ce nom un peu trop doux pour d'écrire cet endroit. Pour lui, ça ressemblait plus à l'enfer. Il voyait tout, entendait tout mais il ne pouvait qu'être spectateur. Il avait essayé à maintes reprises d'interagir avec les vivants mais sans succès. Son calvaire avait commencé peu de temps après sa mort, lorsqu'il avait dû observer impuissant Valentina. Il l'avait vu se dresser contre Elena Gilbert avant qu'elle la sorcière Bennett ne la mette KO. Ensuite, il avait observé d'un œil mauvais son frère, Klaus, la réconforter. C'était à ce moment-là qu'il avait tenté pour la première fois d'interagir avec eux, il avait tenté de l'empêcher d'être trop présent pour elle.Il savait depuis de nombreuses années maintenant que son hybride de frère n'était pas indifférent au charme de sa compagne, et il ne pouvait pas vraiment l'en blâmer. Mais il avait osé espérer qu'il aurait assez de respect pour lui pour ne pas tourner autour de Valentina alors qu'il venait à peine de mourir. Bien sûr il n'avait rien tenté ce jour là. Il s'était contenté de la laisser pleurer sur son épaule.Mais le temps passa et leur relation évolua sous ses yeux impuissants.Bien vite, la jeune femme avait quitté Mystic Falls, non sans promettre à la petite Elena une éternité de peur et de souffrance, pour aller s'exiler. Il l'avait patiemment suivie. Ne la quittant que rarement. Il l'avait observé avec fierté suivre ses conseils et se lier d'amitié avec certaines sorcières, n'hésitant pas à leur délivrer quelques secrets qu'il lui avait appris de nombreuses années auparavant.Il ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle gérait bien les choses, ou du moins elle gérait aussi bien qu'on pouvait gérer. Mais il était déjà ravi qu'elle n'ait pas décidé d'éteindre son humanité pour sombrer dans les massacres sanglants comme il l'avait fait au cours de son existence. Elle avait déjà éteint son humanité une fois et il espérait que cette petite expérience lui avait suffit. Il avait naïvement pensé que sa peine s'atténuerait au fil des semaines. Que bientôt il ne serait plus qu'un souvenir casé dans un coin de sa tête. Mais sa tristesse ne faiblissait pas. Alors il l'observait chaque soir pleurer toutes les larmes de son corps, lui brisant un peu plus le cœur à chaque fois.Ensuite, les choses s'étaient gâtées. Klaus, qui jusque là s'était montré relativement distant était revenu à la charge. Ça avait commencé par quelques coups de fil durant lesquels il lui parlait de la situation à la Nouvelle Orléans et d'Hayley, la louve qu'il avait mise enceinte. Ensuite, les conversations s'étaient multipliées et avaient gagnés en longueur. A de nombreuses reprises il l'avait invité à revenir en ville jouant sur la corde sensible qu'était la famille. Si Valentina croyait simplement que Klaus s'inquiétait pour elle, Kol, lui, voyait parfaitement clair dans son jeu. Et ça le mettait hors de lui. Il ne pouvait s'empêcher de se mettre en colère, hurlant aussi fort qu'il le pouvait pour évacuer sa frustration.Il détestait son frère d'une nouvelle façon. Il n'était plus simplement celui qui l'avait poignardé à de nombreuses reprises, il était maintenant, en plus de ça, celui qui tentait de tirer profit de sa mort en voulant séduire la seule femme qu'il n'ait jamais aimé. Alors, il avait décidé de lutter. De profiter de chaque opportunité qui lui était donnée pour tentée de revenir, d'entrer en contact avec Valentina. C'est ainsi qu'il s'était retrouvé à batailler avec Bonnie Bennett pour qu'elle ne baisse pas le voile qui séparait les morts des vivants, en vain.Il se retrouvait alors au même point. Désespérément invisible, incapable de mettre en garde Valentina, incapable de faire payer à son frère cette nouvelle trahison. Cette situation le mettait dans une fureur sans nom. Ses diverses colères des siècles passés lui semblait bien insignifiantes comparées à celle-ci. Il détestait certes son frère encore plus qu'avant mais il ne pouvait s'empêcher d'en vouloir à Valentina. Il n'arrivait pas à croire qu'elle pouvait se laisser berner aussi facilement. La jalousie était en train de le rendre fou.


- Tu ne vois pas ce qu'il est en train de faire ? Hurla-t-il à la jeune femme.


Elle était assise dans le canapé à ses côtés, le téléphone collé contre l'oreille. Inconsciente de l'état dans lequel elle le mettait, elle discutait gaiement avec son frère.


- Il tire profit de ma mort ! Continua-t-il. Il se réjouit que je ne sois plus dans ses pattes. Il essaie de profiter de toi, de ta tristesse.


Il eut beau s'égosiller, rien ne changea. Ou plutôt, les choses se mirent à changer peu à peu. Et ça n'eut pas pour effet de le réjouir. Peu à peu, il commença à voir la jeune femme cesser de chercher un sort pouvant le ramener, elle continua malgré tout à tenter de trouver une sorcière pratiquant la nécromancie, mais elle ne chercha plus avec autant d'ardeur qu'avant. Elle, qui l'avait toujours soutenu, elle qui l'aimait d'un amour infini commençait à perdre espoir et à lâcher prise. Voir sa famille se moquer éperdument de sa mort l'avait blessé mais voir que c'est ce qui arrivait avec Valentina lui brisait littéralement le cœur.


- Tu ne peux pas m'oublier. Murmura-t-il.


Il se rendait compte à quel point il était égoïste. Il était mort, il n'y avait plus d'espoir pour lui tandis qu'elle était toujours bel et bien vivante. Elle avait encore toute l'éternité devant elle. Elle pouvait tourner la page et démarrer une nouvelle vie. Mais il n'avait aucune envie de la voir tirer un trait sur lui. Il voulait qu'elle continue à l'aimer même s'il était mort. Il voulait qu'elle aime un fantôme.


- Je t'interdis de m'oublier ! S'écria-t-il. Je te l'interdis !


Dans un élan de rage, il tenta, d'un revers de la main, de faire tomber le verre de sang posé sur la table basse et à sa grande surprise, il réussi à le renverser, l'épais liquide rouge se répandit sur la table avant de goutter sur la moquette blanche. Valentina, précédemment occupée à lire à livre, délaissa sa lecture pour scruter son verre renversé. Elle fronça les sourcils, ferma son bouquin et le posa sur le canapé avant de se lever. Elle observa attentivement le salon avant de reporter son attention sur son verre.


- C'est moi. Tenta Kol. Je suis là.


L'original esquissa un mouvement dans sa direction et essaya de caressa sa joue, il ne sentit pas la chaleur de sa peau ni sa douceur, il avait l'impression de tenter de toucher un courant d'air. Pourtant, elle tourna la tête dans sa direction et l'espace d'un instant, il crut qu'elle le voyait enfin.


- Je suis là. Murmura-t-il à nouveau.


La jeune femme resta plantée au beau milieu de son salon durant de nombreuses minutes, le regard perdu dans le vide, les sourcils légèrement froncés. Elle semblait tenter de comprendre ce qu'il venait de se passer. Kol se diriger vers une des étagères trônant à droite de la télévision, souffla un bon coup et tenta de se concentrer. Il dut s'y reprendre à plusieurs fois avant d'arriver à ses fins.Un cadre s'écrasa sur le sol, la faisant violemment sursauter. Elle releva brusquement la tête, se dirigea vers l'endroit où venait de tomber l'objet et se pencha lentement pour le ramasser. Lorsqu'elle attrapa la photographie pour la regarder, un cri de stupeur s'échappa d'entre ses lèvres, ses mains se mirent à trembler et elle s'agenouilla sur le sol. Kol accompagna son mouvement et la regarda observer une photographie d'eux, qu'elle avait prise dans leur appartement de Denver. Elle y affichait un sourire des plus éclatant et arborait une expression de profonde quiétude. Le visage de Kol était quant à lui moins expressif mais il arborait également un sourire, un vrai sourire et ses yeux brillaient de joie. Si elle n'avait pas comprit pour le verre de sang, tout était à présent plus clair. Kol lui envoyait un message. Il lui faisait comprendre qu'il était là, qu'il ne l'abandonnait pas.En voyant sa compagne comprendre peu à peu, un sourire naquit sur le visage de l'originel.


- Kol. Murmura-t-elle. 


Loving him was red (Kol Mikaelson)Where stories live. Discover now