Enfin savoir ....

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(LISE)

Alex me prends par la main pour m'entraîner vers la piste de danse. Sa prise est ferme et rassurante, sans être oppressive.

- Donnons-leur ce qu'ils veulent et avec un peu de chance ils nous laisseront tranquille après. Ils trouveront une nouvelle proie à dévorer. En attendant, il faut assumer le cataclysme que tu as déclenché ma belle, me susurre-t-il à l'oreille.

Je doute réellement qu'ils nous lâchent parce qu'on aura dansé.

Alex Miller est un morceau de choix. Du caviar pour la presse à scandale : un requin des affaires à la chance insolente et à la réputation sulfureuse d'hommes à femmes (totalement justifiée d'après ce que j'ai pu observer au bureau).
Jusqu'à ce soir, c'est à dire jusqu'à ma prouesse personnelle dont je ne suis plus si fière, personne ne l'avait jamais vu en compagnie d'une femme « officielle ».

Alors je crains vraiment que ce ne soit que le début de mes emmerdes. Je vais me faire virer c'est sur, et le pire, c'est qu'avec les casseroles que je vais maintenant me trimbaler, ça va être un enfer pour retrouver un poste.

Il garde ma main droite dans la sienne et place la gauche dans mon dos. Il m'approche avec souplesse de lui, me dépose un baiser léger sur les lèvres qui m'électrise et commence à me faire tourner. Sa maitrise du rythme et son aisance avec son corps sont totalement injustes. C'est homme n'a pas le droit en plus d'être un incroyable danseur. Tout en lui à ce moment précis n'est que force et légèreté, domination et sensualité.

Je sens tous les yeux braqués sur nous. Et sur mon dos. Cette robe était vraiment un cadeau empoisonné. Vivement que cette chanson se termine, que je puisse m'enfuir à toutes jambes.

Les dernières notes s'envolent enfin.
Alex me retient encore tout contre de lui, ses yeux m'envoient un message fou, enfin je crois, ils sont tellement brillants en ce moment que j'ai du mal à soutenir son regard.

Heureusement j'entends quelqu'un se racler doucement la gorge et il tourne les yeux vers celui qui ose venir nous déranger dans notre bulle. Je le sens alors se contracter d'un coup. Il me colle littéralement à lui, plaquant discrètement mon visage contre son torse.
De l'extérieur ce geste pourrait passer pour une démonstration d'amour tendre.
Mais vu de l'intérieur, je réalise qu'il est plutôt en train de me cacher quelque chose. Ou quelqu'un plus précisément.

Je me libère de son emprise et me retourne.

C'est Elle.

La femme de l'autre jour.

Celle qui est dans mon téléphone depuis un mois.

Je n'ai jamais regardé cette photo depuis mais je ne pourrais jamais oublier ce regard en revanche. Ces immenses yeux verts sont un cauchemar pour toute fille un peu normale qui se respecte. Le genre de regard qui met les hommes à genoux et leur fait faire ses 4 volontés juste sur un battement de cils.

Elle nous fixe sans dire un mot, passant plusieurs fois du visage d'Alex au mien, s'arrêtant chaque fois sur nos mains qui sont restées emmêlées. Franchement mal à l'aise je tente de retirer la mienne mais il la retient. Son pouce me caresse le dessus de la main pour tenter de m'apaiser.
Ce type est un paradoxe vivant, tantôt dominateur, pervers et joueur, tantôt délicat et tendre, parfait.

Bonsoir Alex ...

- Charlotte ...

Un ange passe.

C'est franchement tendu, oppressant. J'ai l'impression d'avoir été tout à coup projetée dans un mauvais vaudeville.
Le mari, la femme, la maîtresse.
Sauf qu'en l'occurrence je ne sais pas trop qui joue qui.

- Tu ne me présentes pas, Alex ?
- Si .... Charlotte Green, Lise Caminsky

Elle me tend sa joue pour me faire une bise mondaine, sans contact.
Je sens Alex me retenir mais je suis bien élevée, et un éclat ici ne serait sûrement pas le bienvenu. Même si elle, elle s'en fout visiblement.

- Ca fait pas un peu cliché l'assistante qui se tape son patron ?

Mon sang ne fait qu'un tour. J'ai envie de lui arracher les yeux à cette connasse !!!

Ma réponse ne se fait pas attendre

- Moi au moins j'ai attendu d'être majeure pour me faire tringler sur un bureau.

Je sens la main d'Alex se dégager de la mienne et venir se poser sous ma robe, directement sur mes fesses et je comprends le message.

Un gros panneau STOP vient de se lever juste devant moi et mon instinct me dicte de suivre ce conseil. J'analyserai plus tard toutes les infos que je viens de recevoir et je déciderai à tête reposée, loin de la main de mon trop sexy patron caressant mon cul, de ce que je dois en faire.

Les yeux de la poupée devant moi tentent de lire mes réactions mais je suis désormais tellement dépassée par les événements qu'elle ne doit rien y voir de plus que ce qu'on trouve dans les yeux d'une vache regardant passer un train.

Je les laisse plantés là tous les deux. J'ai besoin de prendre l'air. Une pause pipi s'impose. Enfin une pause  « je me planque aux toilettes, en attendant que ça passe et je cherche une fenêtre pour prendre mes jambes à mon cou »

Ce truc est bien trop énorme pour moi.
Il me dépasse.
Quand Zoé me parlait de son plan tout à l'heure, il paraissait drôle, presque enfantin. Une bonne blague potache pour me venger de son comportement dominateur et autoritaire.

Mais là ça n'a plus rien à voir, ça a dérapé. Et ça me fait peur. Il a caressé mes fesses nues, il a quasiment fait l'amour à mon cou, tout ça sous l'œil carnassier des photographes et des journalistes people. Les regards dégoulinants de lubricité de tous ces vieux pervers pleins de fric me glacent le sang et me donnent la nausée.
Mais surtout, j'ai enfin mis un nom sur la pétasse que j'ai surprise le cul à l'air dans le bureau d'Alex.

Jamais je n'aurais dû venir. Je ne suis pas de taille pour ces jeux-là.
Je sens une crise de panique me gagner, et rien qu'à voir la vitesse à laquelle mon cœur s'emballe et la sueur qui perle dans mon dos, elle risque d'être pire que toutes les autres. J'entends qu'on frappe à la porte, enfin qu'on tambourine plus exactement. C'est lui.
Merde il m'a retrouvée. Bon d'un autre côté, y avait pas des masses de planques non plus ...

Ma tête commence à ballotter, elle me paraît tellement lourde que je ne sais même pas comment elle arrive à rester plantée sur mon cou. J'entends une clé dans la serrure et je vois la porte du sas des toilettes s'ouvrir sans ménagement.

Je vois bien qu'il est là, qu'il me parle, mais je ne l'entends plus, ma vue se brouille petit à petit. J'ai tellement chaud d'un coup ...

Non non non Lise, c'est pas le moment de tomber dans les vapes !!! 

Bon bah on dirait bien que si pourtant ...
Cri muet. Chute. Trou noir.

Alex : 1
Lise la chochotte qui n'était pas du tout préparée à cette soirée  apocalyptique : 0

Puissance 1 000 (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant